Histoire, description et guide du chateau de Versailles |
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| Journées Lully | |
| | Auteur | Message |
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Hermione Invité
Nombre de messages : 383 Age : 65 Localisation : Paris Date d'inscription : 16/05/2008
| Sujet: Journées Lully Lun 13 Oct 2008 - 22:46 | |
| Commencé avec faste cet hiver, les journées Lully du Cmbv, sont un véritable bonheur. Après la reprise du Ballet des Arts à l'Orangerie, le Dimanche à Trianon (ce dimanche 12) fut émerveillement, enchantement. Reconnaissons que le travail de ces passionnés et de tous les ensembles baroques qui y participent donnent de superbes résultats. Mercredi ce sont les 24 violons qui résonneront dans la Galerie des Glaces, cela faisait maintenant près de trois siècles que Versailles ne les avait plus entendu. Et bien sur, c'est archi complet, car les amateurs ont bien compris que cela allait être un moment rare. PS : et oui, il s'agit bien d'une reconstitution | |
| | | Joseph de Falkenstein Comtesse, Comte
Nombre de messages : 582 Age : 45 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/04/2008
| Sujet: Re: Journées Lully Mar 14 Oct 2008 - 9:44 | |
| Article paru le mardi 14 octobre 2008 dans le journal La Croix (avec un très intéressant petit historique sur la composition des cordes dans un orchestre) : L’orchestre de Louis XIV renaît à Versailles Pendant trois soirs, la galerie des Glaces à Versailles retentira des harmonies reconstituées des 24 violons du Roy dans un programme Lully mis en place par Patrick Cohen-Akenine.Voici dix ans que l’idée le taraudait. « Je me suis toujours intéressé aux instruments baroques disparus, raconte Patrick CohenAkenine, violoniste et fondateur des Folies Françoises qu’il dirige depuis 2000. J’ai consulté des luthiers, traîné dans les musées… avec l’envie de faire renaître les instruments à cordes français aux sonorités inouïes depuis des siècles. » Grâce à la participation du Centre de musique baroque de Versailles, au soutien du mécénat et au travail des luthiers Antoine Laulhere et Giovanna Chitto, le rêve est devenu réalité : depuis cet été, les 24 violons du Roy se sont fait entendre (à Orléans et Avignon la semaine dernière), avant une apothéose prestigieuse à Versailles, dès ce soir. Un petit insert pédagogique s’impose ici. Dans l’orchestre que nous connaissons aujourd’hui, les pupitres de cordes sont divisés « à l’italienne » en violons, altos, violoncelles et contrebasses. Au Grand Siècle, il en allait autrement : on trouvait les dessus de violon, les hautes-contre de violon, les tailles de violon, les quintes de violon et, enfin, les basses de violon… mais pas de contrebasses. Chacun de ces instruments possédait son timbre spécifique et sa tessiture personnelle. Le chantier organologique de Patrick Cohen-Akenine a donc consisté à recréer ces cordes oubliées pour rendre pleinement justice à la musique d’alors (Lully, Marais, Campra, Charpentier…), écrite pour cinq parties distinctes. À l’écoute, la sonorité d’ensemble est à la fois plus concentrée, mais aussi plus déliée: «La couleur française est moins ronde que la couleur italienne. En revanche, les contrastes ressortent davantage », souligne le chef. Un effet sonore qui se double d’une sensation visuelle spectaculaire. Alors qu’un alto mesure 42 cm, la haute-contre est un peu plus petite (37,5 cm) mais la quinte affiche ses 52,5 cm ! Comment tenir ce petit géant sur le seul bras gauche ? L’ergonomie est conquise grâce à une courroie de cuir passée au cou du musicien. « Il a fallu que chacun apprivoise son instrument et les luthiers les ont mis au point patiemment avec les artistes. » Patrick Cohen-Akenine se défend de toute nostalgie passéiste : « Notre démarche n’est pas celle d’un musée et nous ne recherchons pas une hypothétique authenticité. Ce que nous voulons, c’est un son capable de séduire nos oreilles du XXIe siècle et je suis heureux que l’orchestre soit essentiellement composé de jeunes musiciens pour une aventure qui ne fait que commencer. » Les 24 violons sont appelés à tourner, sous sa direction ou celle d’autres chefs : Vincent Dumestre pourrait reprendre avec eux sa magnifique production de Cadmus et Hermione de Lully… Et c’est aussi Lully qui sera à l’honneur dès l’an prochain, avec sa pastorale héroïque Acis et Galatée pour huit chanteurs, quatre danseurs… et les désormais bien vivants 24 violons du Roy. EMMANUELLE GIULIANI Concerts ce soir, demain et jeudi à 21 heures, dans le cadre des Grandes Journées Lully, jusqu’au 29 novembre. Rens. : 01.39.20.78.00. Le concert sera retransmis le 10 novembre à 14h30 sur France Musique. Arte s’associe aux Grandes Journées Lully, à retrouver sur le site www.arte.tv/versailles | |
| | | Joseph de Falkenstein Comtesse, Comte
Nombre de messages : 582 Age : 45 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/04/2008
| Sujet: Re: Journées Lully Jeu 16 Oct 2008 - 12:13 | |
| Voici quelques photos de ce concert sur le site de Ganymède : http://720plan.ovh.net/~jardinsd/Divers/Concert/pages/Lully-01.htmL'éclairage me paraît bien mettre en valeur ces espaces tellement sublimes, mais ça ne fait tout de même pas concert aux chandelles ! Je demande aux experts de ce forum quel pouvait être l'ambiance de lumière dans le château un soir de réception, pour les Grands Appartements tout d'abord, mais aussi un soir de grand bal où paraît-il parfois 20000 bougies étaient consummées en une seule soirée (ceux qui répondent à ce sujet peuvent le faire en ouvrant une catégorie adéquate !) ? Par ailleurs, la disposition de l'orchestre me laisse perplexe, et je ne suis pas certain que la disposition d'époque ait été voulue, sinon même recherchée (mais je demande là aussi avis aux experts). Que fait le clavecin dans un coin ? | |
| | | Hermione Invité
Nombre de messages : 383 Age : 65 Localisation : Paris Date d'inscription : 16/05/2008
| Sujet: journée Lully Jeu 16 Oct 2008 - 12:26 | |
| Bonjour, Le clavecin sur le côté y fait ce qu'il a y faire. Le continuo. Ce n'est en aucun cas un instrument à mettre en valeur. D'autant + qu'il est tardif, et qu'au début du règne évidemment (donc sur la période couverte par le concert en grande partie), le luth faisait ce qu'aujourd'hui pour des questions de coût (nombre d'instrumentistes) ont fait faire au clavecin. Qui de toute manière à fini par jouer totalement ce rôle. Par ailleurs, il faut savoir que les musiques interprétées mardi (soir où Ganymède y est allé) ou hier soir (ou nous avions 1 heure de + de concert), sont toutes des musiques de ballet de cour. Ce qui signifie qu'à l'époque, on utilisait des machineries extrêmement bruyantes, créant le merveilleux et animant les décors, et que bien souvent l'on n'entendait pas la musique ou très mal et qu'à part qq mélomanes, nul ne s'en préoccupait. Lully a donc étoffé l'orchestre. Sachant par ailleurs qu'aujourd'hui les ensembles baroques sont à géométrie variable, et que l'emplacement des instruments est déterminé en fonction du programme. Mettre une trompette à côté du clavecin est donc fortement à éviter. On allait donc avant tout au concert pour être vu et les salles étaient fortement éclairées (flambeaux/bougies). - Joseph de Falkenstein a écrit:
- Voici quelques photos de ce concert sur le site de Ganymède :
http://720plan.ovh.net/~jardinsd/Divers/Concert/pages/Lully-01.htm
L'éclairage me paraît bien mettre en valeur ces espaces tellement sublimes, mais ça ne fait tout de même pas concert aux chandelles ! Je demande aux experts de ce forum quel pouvait être l'ambiance de lumière dans le château un soir de réception, pour les Grands Appartements tout d'abord, mais aussi un soir de grand bal où paraît-il parfois 20000 bougies étaient consummées en une seule soirée (ceux qui répondent à ce sujet peuvent le faire en ouvrant une catégorie adéquate !) ? Par ailleurs, la disposition de l'orchestre me laisse perplexe, et je ne suis pas certain que la disposition d'époque ait été voulue, sinon même recherchée (mais je demande là aussi avis aux experts). Que fait le clavecin dans un coin ? | |
| | | Joseph de Falkenstein Comtesse, Comte
Nombre de messages : 582 Age : 45 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/04/2008
| Sujet: Place du clavecin au XVIIIe siècle Ven 17 Oct 2008 - 10:11 | |
| Concernant le clavecin, je me suis posé la question du clavecin sur le côté, sachant bien qu'il assurait le continuo, mais je croyais qu'à l'époque le clavecin avait un rôle beaucoup plus important dans la formation d'un orchestre baroque. Je m'explique, souvent l'orchestre était dirigé par le 1er violon ou par le clavecin, et non par un chef d'orchestre au sens moderne du terme. D'ailleurs, on a vu certains grands chefs modernes diriger les oeuvres depuis un piano, un violon ou autre... Légitimement, j'ai pensé que le clavecin aurait pu être placé devant. Quand on regarde certains tableaux du XVIIIe, il est vrai je n'ai pas de référence française en tête, mais plutôt allemande, par exemple le concert de flûte de Frédéric de Prusse (tableau de Adolph Friedrich Ermann von Menzel), le clavecin est placé devant, et les instruments derrière hormis le soliste. C'est du moins la place des instruments à l'époque pour un concert de salon, mais il est vrai que je me place à l'étranger aux environs de 1750, ce qui n'est pas le cas de notre continuo de la fin du XVIIe. Le concert de flûte de Frederic le Grand à Sans-Souci par Adolph von Menzel Autre précision, les 24 violons du Roi ne comportaient pas de clavecin, mais uniquement des instruments à cordes frottées par un archet (mais je comprends que pour les besoins d'un concert actuel, on ait éprouvé le besoin d'étendre un peu le répertoire). | |
| | | Hermione Invité
Nombre de messages : 383 Age : 65 Localisation : Paris Date d'inscription : 16/05/2008
| Sujet: Re: Journées Lully Ven 17 Oct 2008 - 10:47 | |
| Cher Joseph de Falkenstein, Mais justement, Lully c'est le XVIIe surtout pas le XVIIIe, le clavecin est avant tout un instrument du XVIIIe, même s'il existe déjà au XVIIe. Et justement, Lully va tout changer. En réunissant les 24 violons, à l'ensemble des bandes d'instruments, il va très vite donner à la musique cette ampleur, qui lui permet de créer la Tragédie Lyrique. En fait, une illustration du XVIIIe ne peut en aucun cas faire figure d'illustration pour le XVIIe siècle. Il vaut bcp mieux s'attacher aux illustrations d'Israël Sylvestre pour Alceste par exemple, pour avoir une idée de l'orchestre de Louis XIV. Et vous verrez alors, la forte présence des théorbes par exemple. Sous Louis XIII et au début du Règne de Louis XIV dans tous les ballets, on va trouver des luths et des théorbes en grand nombre, mais aussi effectivement parfois, le clavecin. Louis XIV pouvait s'offrir le luxe d'un tel orchestre. Vous trouvez réuni donc également les hautbois..... bref, Lully c'est même si elle y fut peu donnée la musique de Versailles. Puisque la plupart des ballets royaux furent donnés au Louvre ou à St Germain en Laye. Amicalement | |
| | | jacob pierre Princesse, Prince Etranger
Nombre de messages : 2087 Age : 64 Localisation : belgique Date d'inscription : 11/02/2008
| Sujet: Re: Journées Lully Ven 17 Oct 2008 - 10:55 | |
| les photos de ganyméde sont superbeset je dois avouer que j'aime beaucoup la lune de Koons reflétant la grande galerie éclairée le tableau de menzel date de la fin du XIXe et ne présente peut etre pas la bonne disposition du XVIIIe | |
| | | Hermione Invité
Nombre de messages : 383 Age : 65 Localisation : Paris Date d'inscription : 16/05/2008
| Sujet: 24 violons Ven 17 Oct 2008 - 11:50 | |
| Et donc encore moins du XVIIe ! Par ailleurs, il s'agit d'un orchestre de musique de chambre, ce que le concert de la Galerie des glaces, et donc les musiques des ballets de Lully ne sont pas. Aujourd'hui encore, chaque concert de musique baroque, adopte une disposition des instruments et des interprètes qui varient selon les oeuvres à interpréter. Dans le baroque, tout est à géométrie variable. Les instruments du XVIIIe ne sont plus ceux du XVIIe, la viole de gambe disparaît, tout comme le théorbe et le clavecin prend une importance bien plus grande, tout comme le violon, tel que nous le connaissons aujourd'hui. On est déjà bcp + proche du romantisme en 1750 et le baroque n'est +. les 24 violons pour des romantiques c'est une incongruité. - jacob pierre a écrit:
- les photos de ganyméde sont superbeset je dois avouer que j'aime beaucoup la lune de Koons reflétant la grande galerie éclairée
le tableau de menzel date de la fin du XIXe et ne présente peut etre pas la bonne disposition du XVIIIe | |
| | | Joseph de Falkenstein Comtesse, Comte
Nombre de messages : 582 Age : 45 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/04/2008
| Sujet: Re: Journées Lully Ven 17 Oct 2008 - 14:19 | |
| Merci de ces précisions et de votre précis historique à propos des instruments et de leur évolution. Je pense d'ailleurs que ce genre de discussion est fort utile à notre forum pour progresser dans l'art et la culture des périodes qui nous intéressent concernant Versailles...
J'aime beaucoup votre expression : "dans le baroque, tout est à géométie variable"... Cette vision du baroque me parait tout à fait juste et très signifiante.
Par ailleurs, je n'ai pas très bien compris votre phrase : "On est déjà beaucoup plus proche du romantisme en 1750 et le baroque n'est plus." Je crois en saisir le sens, mais je serai heureux d'avoir des précisions à ce sujet, et surtout à quel moment vous trouvez qu'un changement radical s'effectue, si changement radical il y a, ou si c'est plutôt une transition en douceur, mais radicale parce qu'elle va influencer fortement toute la musique par la suite ? | |
| | | Hermione Invité
Nombre de messages : 383 Age : 65 Localisation : Paris Date d'inscription : 16/05/2008
| Sujet: le baroque Ven 17 Oct 2008 - 14:43 | |
| Cher Joseph de Falkenstein, vous prenez un risque à lancer la conversation sur un tel sujet, car la période baroque (la vraie, pas celle mise à toutes les sauces par de pseudos artistes contemporains) est historiquement datée et en 1750 on considère que le baroque est terminé. Qu'en est-il dans la pratique musicale. Bien que considéré comme de la musique baroque (historiquement parlant), Rameau est-il par exemple encore baroque ? Tout dans sa musique tant à la précision parfaitement et clairement notée du XIXe siècle. Il en est le précurseur, l'annonciateur et pourtant il est par certains aspects (et pas seulement historique), un baroque. Les instruments de musique, les styles musicaux, évoluent avec une grande liberté. A la première époque baroque, de Monteverdi à Lully, on ose tout. Il suffit d'aller par exemple dans certains musées à Paris ou à Vienne pour voir des instruments totalement "déments" aux yeux de nos contemporains. Avez-vous déjà vu certains costumes de ballets de l'époque, l'art contemporain leur doit tout (regarder cette "douairière de Billebahaut : http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CSearchZ.aspx?o=&Total=37&FP=47669833&E=2K1KTSTE2R6M&SID=2K1KTSTE2R6M&New=T&Pic=36&SubE=2C6NU0G3L84A), l'original est une merveille, la photo lui rend peu hommage ou ce Récit de la Musique (http://www.photo.rmn.fr/cf/htm/CSearchZ.aspx?o=&Total=10&FP=47670859&E=2K1KTSTE23PZ&SID=2K1KTSTE23PZ&New=T&Pic=6&SubE=2C6NU0G38GB6). La conception des ballets est complètement "anarchique", sur scène on trouve des grands seigneurs mais aussi des acteurs. Les femmes participent rarement aux spectacles de cour. Je n'ai que peu de temps cet après-midi, car je suis à mon travail. Mais je rechercherais d'autres illustrations. Imaginer un seul instant Louis XIV en Bacchante par exemple. Il n'est devenu le soleil que dans le Ballet de la Nuit. - Joseph de Falkenstein a écrit:
- Merci de ces précisions et de votre précis historique à propos des instruments et de leur évolution. Je pense d'ailleurs que ce genre de discussion est fort utile à notre forum pour progresser dans l'art et la culture des périodes qui nous intéressent concernant Versailles...
J'aime beaucoup votre expression : "dans le baroque, tout est à géométie variable"... Cette vision du baroque me parait tout à fait juste et très signifiante.
Par ailleurs, je n'ai pas très bien compris votre phrase : "On est déjà beaucoup plus proche du romantisme en 1750 et le baroque n'est plus." Je crois en saisir le sens, mais je serai heureux d'avoir des précisions à ce sujet, et surtout à quel moment vous trouvez qu'un changement radical s'effectue, si changement radical il y a, ou si c'est plutôt une transition en douceur, mais radicale parce qu'elle va influencer fortement toute la musique par la suite ? | |
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