Un album diffusé par les libraires de France et d'Outremer au profit du Comité national pour la sauvegarde du château de Versailles est daté du 31 mai 1953.
L'album montre l'étoffe à l'ananas retissée pour le salon du conseil.
La table ovale, deux ployants deux paires de doubles rideaux.
Ils sont remplacés aujourd'hui par une table rectangulaire, des portières peut-être taillées dans le reste des rideaux, des rideaux unis, un paravent d'étoffe et le troisième fauteuil Patino/Rédé, et deux ployants actuellement et sûrement provisoirement dans le salon d'Apollon.
Ces retissages avaient fait parti d'une campagne de restitution qui consista en un don par le Comité des Flandres (?) du velours de soie ciselé du salon de l'Abondance (dont j'ai toujours pensé que ce n'était pas une restitution mais un enrichissement décoratif, prodigieux pour l'époque où retisser pour Versailles, avant même la restauration de l'Opéra, relevait du plus pur fantasme).
La commande par un richissisime collectionneur du gros de Tours aux paons de la chambre de la reine avait permis le reconstitution des milliers de cartes perforées permettant le fonctionnement des métiers Jacquard.
Cette étape, de loin la plus coûteuse, financée par et pour une personne privée, permit aux soyeux de Lyon d'offrir le tissage des métrages nécessaires à la garniture de la chambre de la reine, mais sans les bordures qui attendront 20 ans pour être tissées, à l'intérieur de cadres sculptés sur le modèle des grisailles de Boucher du plafond.
Je pense que la première étoffe retisse pour les musées châteaux doit être celle du salon des jeux de la reine à Compiègne.
Donc 1952 doit être la bonne date pour le salon de l'abondance.
A cette époque, on ne drappait pas encore les chaines des lustres, et la tête du "Scipion" n'avait pas encore été rendue par le Louvre (1975), permettant à Versailles d'en faire sculpter la draperie de neuf.
Cela constitua pourtant une avancée spectaculaire à Versailles que l'on n'imagine plus guére. Des donations se firent très nombreuses dont les nmbreux sièges XVIII° qui, bien que très beaux, sont souvent en plus grand nombre que n'exige l'étiquette.
Trop nombreux et mal adaptés aux salles officielles du rez-de-chaussée, ils n'en peuplérent pas moins avec bonheur, il ya 50 ans des appartements souvent déserts, ou auparavant, seulement meublés de banquettes Louis-Philippe et pliants XIX°siècle.
Pourtant, articulés avec des travaux de tapisseries où le velours frappé le disputait au taffetas de soie galonnés et retenus par des embrasses offertes avec beaucoup de générosité, ils ont permis d'avancer vers plus d'authenticité.
C'est pourquoi je ne m'en fais pas trop pour les profusions décoratives de Jacques Garcia. Elles seront reversibles comme les "galonneries" de Van der Kemp. Les velours sont partis comme ils sont venus mais de splendides meubles ont fait leur retour dans un effet boule de neige.
Si de nouvelles présentations sont faites, elles attireront peut-être encore des dons et des dépôts, car elle symbolisent malgé tout le soin apporté par Versailles pour présenter ses trésors. Le goût de la présentation peut changer, les trésors restent...
Comme nous tous, je trouve le lit de de bois peint de Jacob indigne du rang de Mme Adélaïde.
Mais le présenter au public, même enrichi de falbalas n'est-il pas le meilleur moyen de faire prendre conscience de l'indigence de l'ameublement d'une chambre princière à la cour de France.
Ce sera une étape.