Exposition « Trônes en majesté, l'autorité et son symbole »

Le site du château présente une animation de visuels sur les trônes, assez bienvenue, d'autant que le catalogue n'est pas donné (49€) dit Lebrun qui était à l'inauguration. Petit défaut, le tableau de la réception des ambassadeurs du Siam par Napoléon III à Fontainebleau, peint par Gérôme, est sur ce visuel maladroitement présenté à l'envers, et par ailleurs, il n'est pas fait mention du trône de Louis XVIII, qui précisément constitue un point intéressant de cette exposition.
Celle-ci n'est pas organisée par la Conservation et son commissaire est Jacques Charles-Gaffiot, fondateur du Centre d'études et de recherches sur les collections de la Maison de Lorraine et du roi de Pologne. La Lorraine est la région natale de JJ Aillagon, qui parait être l'instigateur de cette intéressante manifestation. Jacques Charles-Gaffiot, s'attache depuis 2001, avec une passion de détective, à retrouver les objets d'art, les tableaux, le mobilier, les tapisseries qui ornaient les palais lorrains aux XVIIe et XVIIIe siècles.

L'un des trônes, mentionné dans les documents annonçant la manifestation avait attiré mon attention, il s'agit du trône de Louis XVIII. J'avais pensé qu'il s'agissait en réalité du trône exécuté pour Napoléon au Coprs légilsatif, c'est bien le cas. En voici la notice :

"Trône de Napoléon Ier en provenance du Corps législatif
Ce trône était destiné à Napoléon Ier pour les séances du Corps législatif, créé par la
Constitution de l’an VIII. L’imposant fauteuil, bordé de deux impressionnantes chimères ailées à tête
de lion en guise d’accoudoirs, est surmonté d’un fronton cintré sur lequel a été sculptée une couronne
de laurier enrubannée. Sur le dossier figurent les symboles de la justice (glaive et main de justice) et,
sur l’assise, une grande rosace à fleurons, avec palmes. Emblème de l’autorité politique, ce siège a subi
d’importantes modifications au cours des changements de régime : sous la Restauration, les deux
aigles impériales sommant les montants ont été remplacées par deux pommes de pin stylisées, de
même le chiffre « N » inscrit au centre de la couronne de laurier sur le fronton a disparu."


Débarassé des emblèmes impériaux c'est donc le dernier trône destiné à être utilisé, en l'état, stricto sensus, par un roi de France.

Merci pour ces illustrations,

Elles montrent bien la difficulté à reconnaitre les modèles de trônes dans les peintures aujourd'hui conservées.
Une rapide recherche sur le site de la RMN ne m'a pas permis de retrouver ce trône reproduit sur les portraits officiels connus de Napoléon Ier et de Louis XVIII.

Pour ce dernier, le chateau conserve deux portraits d'apparat avec des trônes présentant des similitudes sans être identifiable avec le meuble exposé.
Encore des inventions de peintres sans doute.

Ne l'ayant pas encore feuilleté, je ne peux dire ce que vaut le catalogue de l'expositon.
Dans l'exposition à quelques exception près, il aurait été heureux d'élargir le propos en présentant exceptionnellement dans les grands appartements des portraits avec trône conservé en réserves au chateau ou dans d'autres musées pour confronter figuration et oeuvre réelles.

M. de Noisy a écrit:

Encore des inventions de peintres sans doute.

Il est vrai que Louis XVIII se tenant debout et portant le lourd manteau du sacre est déjà en soi une invention de peintres...

Ce troisième trône visible sur ce tableau exposé à l'attique du nord, où Louis XVIII relève la France, est aussi assez loin du trône du Corps Législatif conservé aux Arts décoratifs présentés à Versailles.

Finement analysé cher Vidame

Je pense effectivement que ce tableau ci est plus proche de la vérité historique et de la personnalité de ce roi.

Réflexion intéressante de JJ Aillagon dans son blog sur cette exposition
http://jean-jacques-aillagon.typepad.fr/

concernant ce tableau de Louis XVIII à sat able de travail que j'aime aussi beaucoup, il est effectivement trés précis et Napoléon a lui aussi été représenté dans la même pièce avec une partie du même mobilier si je me souviens bien .
Je ne pense pas que le bureau de simple bois de pin que le Roi a emmené partout durant son émigration ait subsité par contre la pendule existe toujours mais ne ne sais plus où, les 2 chaises ont été récemment acquises par la fondation Napoléon et le fauteuil de bureau ou un modèle très approchant fut vendu il y a une 15aine d'année.
je me demande si une des tables de Robierski ne figure pas sur ce tableau à gauche

Il faut aussi rappeler que cette table était destinée à remplacer un bureau plus imposant qui n'aurait correspondu à la pratique résultant de la mauvaise santé du Roi.

Selon l'heure de la journée, la cabinet particulier du Roi devenait son salon de récecption sans avoir à quitter son fauteuil. On se contentait d'escamoter la table bureau, légère et mobile.

Ce n'est pas seulement l'attachement sentimental du Roi à ce meuble qui en rendit l'usage indispensable aux Tuileries. Le manque de mobilité du roi podagre remonte lui-même aux années d'exil, et la raison d'être de cette table également.

Antoine-Jean-Baptiste THOMAS nous montre le roi recevant dans son cabinet sans avoir quitté son fauteuil, ici complété d'un marchepieds.


Ce roi se fit représenter comme il a été remarqué plus haut, dans un costume de couronnement et de sacre qu'il n'a jamais pu revêtir, avec différents trônes non exempts de fantaisie.

Que faut-il imaginer dans le souci de faire représenter une table bureau ramenée d'exil. Est-ce pour montrer la continuité avec les années où, déjà Roi, il se sentait déjà en charge de la France était gouvernée par un simple général?

Pourtant le souci de vérité historique n'était pas son fort, à voir les léçons d'Historie infligées au jeune duc de Bordeaux où Bonaparte était au service du Roi.

Ganymède nous propose un joli reportage de cette exposition :
http://www.flickr.com/photos/ganymede2009/sets/72157623353202651/with/5491722634/


Cordialement

Monsieur, frère du roi

http://www.louvrepourtous.fr/Versailles-hall-pour-bric-a-brac,646.html

Critique de l'exposition et règlements de comptes...

Je signale qu'il y dans le catalogue des trônes en majesté et dans le supplément de la revue Beaux-Arts un dessin aquarellé, provenant d'une collection privée, d'un trône de Louis XVIII polychrome, conçu sur le modèle massif des trônes de Napoléon pour le Corps législatif et le Sénat conservateur.

Toujours rien qui puisse s'assortir avec les fauteuils de représentation, l'écran du Mobilier national et les bouts de pieds de Trianon.

L'actualité vient de remettre en lumière le trône du souverain chérifien Mohamed VI.
D'après mes sources ce fauteuil de trône est d'origine génoise, et fut acheté à l'instigation du maréchal Lyautey pendant le Protectorat.

Bonjour,

Quatre photos de la Sedia gestatoria du pape Pie VII.









Cordialement,

Alain ROGER-RAVILY a écrit:

Je signale qu'il y dans le catalogue des trônes en majesté et dans le supplément de la revue Beaux-Arts un dessin aquarellé,
provenant d'une collection privée, d'un trône de Louis XVIII polychrome,
conçu sur le modèle massif des trônes de Napoléon pour le Corps législatif
et le Sénat conservateur.

Toujours rien qui puisse s'assortir avec les fauteuils de représentation,
l'écran du Mobilier national et les bouts de pieds de Trianon.

Illustration que je me permets de reproduire, cher Alain :



Aquarelle de J. Hitorff, 1832.

Pour compléter le tour du monde en 80 trônes, je vous propose celui de la reine Marie-Christine au palais des Capitaines Généraux de La Havane à Cuba.
Fauteuil en acajou de facture néo-classique symbolisant le pouvoir espagnol dans la salle du trône du palais du gouvernement.
La ressemblance avec les fauteuils de la chambre de la reine à Fontainebleau est frappante.
Ces derniers sont attribués à Jacob frères.
Il y aurait lieu de s'interroger sur la paternité du fauteuil cubain et sur les sources qui ont présidé à sa réalisation.

Pour compléter les vues du trône de Louis XVI, voici une gravure trouvée sur le site des archives nationales... assez proche d'une gravure postée au début de de ce sujet.


[i]Cote AE/II/3015
Analyse Gravure en couleur de Claude Niquet d'après Veny et Girardet représentant l'Assemblée des Notables, réunie par le roi à compter du 22 février 1787.

Vue agrandie du trône

On aura vu un peu de tout dans cette exposition. Voici celui d'Elisabeth Taylor dans Cléopâtre, à l'occasion d'une vente à New-York d'une collection de costumes et d'accesoires de scènes.

Je penche aussi pour cette solution, cher Alain, cette photo représentant la tribune impériale et des souverains pour l'Exposition Universelle de 1867, montre une couronne de modèle et de taille proches :

Je peux vous confirmer que la couronne impériale provient bien du dais de l'Exposition universelle de 1867 et non pas, idée absurde, des Tuileries.

Cette photographie tiré du site de la Parisienne de Photographie montre de fait l'absence d'une couronne impériale sur le dais du trône des Tuileries

Ce tour du monde serait incomplet sans la salle du trône du palais royal de Barcelone:


(c) Moi-même

Là aussi, l'art contemporain sévit.
Il faut dire que cette salle ne sert pratiquement jamais, elle illustre la présence du souverain dans cette province.

J'ajoute à cette liste deux salles d'audience de la Residenz de Munich :

La photo en NB postée plus haut représentait la salle des Etats du Louvre transformée en salle du trône :



Cette aquarelle de Jean-louis David, datée de 1863, 40 x 57 cm. , récemment passée en vente, représente une vue animée de la même salle.
L'événement décrit est la remise par Napoléon III de récompenses aux lauréats de l'Exposition Universelle de Londres de 1862 :




Détail :

Merci cher Lebrun pour la communication de cette aquarelle .

Je profite de la réactivation de ce sujet pour poster un trône : celui de l'empreur Alexandre III conservé depuis 1881 au palais impérial de Gatchina , dans les appartements privés du 2ème étage d'attique de ce souverain et de sa famille , restaurés depuis 2007 .

Ce trône avait été évacué avec le reste du mobilier et des objets d'art dès 1941 mais a depuis peu retrouvé ces lieux où il fut installé à l'avènement de Nicolas II comme signe de piété filial .
Il a conservé sa soierie jaune brodé d'or et d'argent aux armes de l'Empire et aux chiffres d'Alexandre III : AIII entrelacés sur fond bleu clair , entouré du collier de Grand-Maître de l'Ordre de Saint-André-le-Premier-Appelé sur le dossier et surmonté de la couronne impériale .


©Musée d'Etat de Gatchina

Je viens de trouver sur Ebay une petite relique qu'il faut toujours accueillir avec la plus grande circonspection. Elle provient du château de Boussenois en Bourgogne. Le faible impact que pourrait avoir une telle relique sur le marché de l'antiquité,
et sans doute, l'absence de piété monarchique liée aux Orléans, comparée à celle qui anime toujours Louis XVI ou Marie-Antoinette, peut laisser penser que c'est tout simplement vrai, sinon possible.

Le trône des Tuileries, détruit en 1848, devait, comme nous l'avons vu à l'occasion de l'exposition "Trônes en majesté, l'autorité et son symbole", objet de ce topic, était sans doute celui de Louis XVIII et Charles X recouvert du brocard fond rouge
à résille et motif d'or.

Rappel de ce qui subsiste de cette salle du trône, où l'étoffe est visible.


Pour ma part, je pense que c'est la peinture de Robert Lefevre proposée par M de Noisy qui présente un trône pour Louis XVII correspondant le mieux au reste du mobilier.


Le petit débris conservé pieusement pourrait correspondre à ce trône.


Soyons indulgent pour la découverte de ce débris de relique du vrai trône de Louis-Philippe (le commerce des fausses reliques religieuses a été prodigieusement étendu autrefois).