Exposition Vigée-Lebrun Grand-Palais 2015-2016

Pourtant ne dit-on pas que nul n'est prophète en son pays? Ce n'est pas limitatif.

Pour sourire, trouvé sur le net :

"A leur décharge, il faut bien admettre que l’art contemporain est parfois un peu trop conceptuel. Au Museion de Bolzano en Italie, une installation a fini à la poubelle après le passage des femmes de ménage, rapporte La Reppublica.
Les cadavres de bouteilles, les verres vidés et les cotillons éparpillés sur le sol avaient tout des restes d’une fête bien arrosée. C’est d’ailleurs ce qu’ont pensé les femmes de ménage de l’établissement, qui d’un coup de balai magique, ont rendu à l’endroit la propreté qui lui faisait apparemment défaut."

Dire que les critiques (que questionne justement M. de Dorset) de cette émission de radio sont assez idiotes, c'est enfoncer des portes ouvertes...
Qu'attendre de plus d'une exposition de la peintre Vigée-Lebrun, sinon des portraits de gens de cour puisqu'elle était une peintre de cour... C'est aussi bête que de s'étonner que la Callas ne chanta pas du jazz dans les années 50... on sait quand même à l'avance qui on va voir et donc à quoi on s'attend non?...  Mme Vigée-Lebrun n'était pas une peintre politique.

Vigée-Lebrun fit partie des émigrés, comme la majorité de l'élite de son époque, elle fuit plutôt que de perdre sa tête (on pourrait mettre en contraste l'imprudente et inconsciente Mme du Barry qui en pleine terreur portait plainte contre le volde ses bijoux et multipliait ses aller-retour Paris-Londres en contact avec les émigrés. On sait comment elle finit.)

ça voudrait dire quoi être un peintre de la Révolution? Peindre des émeutiers et des allégories de la Liberté? Il n'y en a pas eu, il faudra attendre Delacroix pour ç.
Être Jacques-Louis David qui, après son remarqué Serment des Horaces (1784) fit partie de l'Académie Royale qu'il combattit ensuite, peignit La mort de Marat, puis vota la mort de Louis XVI, pour finir peintre officiel de la pompe napoléonienne? (tableau du Sacre)

Dire que Vigée-Lebrun ne voit rien dans sa peinture: qui a peint les enfants avant elle comme elle les a peints? qui a peint une reine comme une amie en chapeau de paille comme elle l'a fait?

Vigée-Lebrun "ne rencontre rien"? Elle est justementla témoin de cette douceur de vivre oisive et inconsciente d'une caste sociale très privilégiée sourde à ce qui bouillonnait à l'extérieur, caractéristique de cette période 1775-1789.

Ensuite dire que sa peinture n'a pas évolué, il suffit de remarquer le style gnangnan de sa période russe pour se dire qu'à ce moment là, elle était peu inspirée et qu'elle peignait pour vivre.

Lui reprocher son business, c'est oublier celui de tout artiste au service des princes... les ébénistes, les argentiers, les sculpteurs au XVIIIè siècle étaient tous des business men... On n'est pas à Montmartre dans une mansarde...
Quand on sait qu'on attribue à Rubens et son atelier plus d'un siècle avant, au moins 2000 peintures, Mme Vigée-Lebrun qui s'en est tenu à qq exception près qu'au portrait, n'a rien inventé...

Quelques photos supplémentaires des oeuvres exposées au Grand Palais :

La vicomtesse de La Blache, née Catherine Le Roy de Senneville (vers 1774) :



Le vicomte Jean Falcoz de La Blache (vers 1774) :



Vénus présentant sa ceinture à Junon (1781) :



Jacques Louis Guillaume Bouret de Vézelay (1777) :



Le Concert espagnol (1777) :



La comtesse Stanislas Marie Adélaïde de Clermont-Tonerre, née Louise de Rosières de Sorans, plus tard marquise de Talaru, en sultane (1785) :





Marie Renée Louise de Foucquet (1786) :



Le prince Henryk Lubomirski en Amour de la gloire (1787-1788) :



La comtesse de La Châtre, née Marie Louise Perrette Aglaé Bontemps, plus tard marquise de Jaucourt (1789) :



Lady Hamilton en Sibylle de Cumes (1792) :





La comtesse Skavronskaïa (1790) :



Anna Flora von Kageneck, plus tard Gräfin Wrbna (1792) :



La princesse Karoline Felicitas Engelberte von und zu Liechtenstein (1793) :



La Fête des bergers à Unspunnen le 17 août 1808 (1808-1809) :



Et pour finir cette oeuvre de Jean-Baptiste Greuze, dont Mme Vigée-Lebrun se serait inspirée pour faire le portrait de Guichette :
Jeune femme couronnant de fleurs un petit épagneul noir, dite "Madame de Porcin" (vers 1770) :

On aime libre d’aimer ou non la manière de Vigée-Lebrun. Mais la vie de cette femme, qui a su conquérir indépendance et statut élevé uniquement grâce à son travail, et qui a parcouru toute l’Europe en ne vivant que de son pinceau tout en secourant ses proches est en soi un prodige de modernité. Cela seul suffit à en faire un personnage majeur de l’histoire de l’art et de l’histoire de la femme.

Je ne voudrais pas paraître obsédé par les tenues de deuil, mais sait-on pourquoi Calonne pose tout de noir vêtu ?

C'est sous l'Ancien Regime la couleur ordinaire de la noblesse de robe, de la plupart des hommes de loi, de la finance, de la bourgeoisie et des grands serviteurs de l'Etat (ministres, secrétaires, conseillers d'Etat, maitres des requetes etc.) de Servien à Necker en passant par les Seguier, Colbert, Le Tellier, Louvois, Phélypeaux, Pomponne, Lefevre d'Ormesson, Orry, Machault, Fleury, Terray, Argenson, Chamillart, Desmarets, Le Peletier, Aguesseau, Pontchartrain, Choiseul, Maurepas, Turgot et... Calonne.

Entièrement de votre avis, mon cher André.
L'habit noir offre également à Madame Vigée-Lebrun un bel exercice de haute virtuosité dans le rendu des reflets lumineux du satin de soie.

Vous remarquerez le soin particulier qu'elle apporte toujours aux détails, jusqu'à représenter ici un petit dépôt de poudre de la perruque sur les épaules de son modèle.

Dans ses mémoires (dont on ne recommandera jamais assez la lecture) elle écrit "M. de Calonne m'a toujours paru peu séduisant, car il portait une perruque fiscale. Jugez, comme avec mon amour du pittoresque j'aurais pu m'accommoder à une perruque!".
N'est-elle pas merveilleuse !

Didier Rykner prend la défense de Mme Vigée-Lebrun : http://www.latribunedelart.com/elisabeth-louise-vigee-lebrun

Une belle réplique à l'émission de France Culture.

Je recommande vivement la lecture de l'excellent article mis en ligne par Neil Jeffares (auteur du Dictionary of Pastellists Before 1800) "Vigée Le Brun at the Grand Palais" : https://neiljeffares.wordpress.com/2015/09/24/vigee-le-brun-at-the-grand-palais/

Il offre un riche complément au dossier de presse mis en ligne plus haut.

(Pour ceux d'entre nous qui maitrisent l'anglais.)

Un excellent article et superbement écrit. C'est une réponse cinglante aux scribouilleurs dénoncés par Rickner.

tout à fait d'accord avec vous !!!

Dans l'actualité des ventes aux enchères :


18 Décembre 2015 Peschteau-Badin

Elisabeth Louise VIGEE LE BRUN (Paris 1755 - 1842)
Portrait d'une femme portant un ruban rouge dans les cheveux

Pastel sur papier bleu 30 x 25 cm
Signé en bas à droite L. Lebrun Usures
Estimation : 8 000 € / 12 000 €

Nous pouvons rapprocher notre pastel d'une étude pour la figure de l'Abondance. (voir le catalogue de l'exposition Elisabeth Louise Vigée Le Brun, Paris, Grand Palais, 2015 - 2016, cat. 33, reproduit).

Ce dessin est préparatoire au tableau La Paix ramenant l'Abondance peint par Madame Vigée -Le Brun en 1780 et conservé au musée du Louvre (voir Op.cit. supra, cat. 34, reproduit).
[voir photo prise par duc de Dorset page précédente]

Nous remercions Monsieur Joseph Baillio, commissaire de l'exposition « Elisabeth Vigée Le Brun », pour la confirmation de l'attribution de ce pastel, qui sera inclus dans son catalogue raisonné en préparation (avis fondé sur une image numérisée à haute définition).

Bonsoir

Voici quelques photos prises hier (le 15.12.2015)

































Cordialement

Anne-Charlotte

Cette exposition sera au Canada à l'été 2016. J'irai certainement la voir.

Quelques ultimes photos de cette exposition que je suis allé revoir pour la dernière fois le week-end dernier :


Madame Lesould (1780) (détail) :



Jacques Louis Guillaume Bouret de Vézelay (1775) (détail) :



La marquise de Grollier (1788) (détail) :



Le prince Bariatinski (1803-1805) (détail) :



Louise de Mecklembourg-Stretlitz, reine de Prusse (1802) (détail) :



Frederike von Hohenzollern, princesse Radziwill (1802) (détail) :



Tatiana Borissovna Potemkina (1820) (détail) :



La comtesse Joséphine de Baussancourt (1830) (détail) :



... et "pour terminer" :

L'exposition au Grand Palais est terminée. Elle aurait accueilli prés de 240 000 visiteurs (RMN).

Nous retrouvons Mme Vigée-Lebrun dans l'actualité des ventes aux enchères avec ce dessin préparatoire du portrait de la princesse Golitzyna, née Grouzinskaya :


Avec inscription sur la colonne à gauche 'a.E.V. Lebrun'
craie noire et blanche sur papier chamois, les coins coupés dans une forme arquée.
28,2 x 23,4 cm
Est. $10,000 – $15,000 Christie's NY. 27 janvier 2016

L'exposition s'installe au Met où elle ouvre au public le 15 février prochain. Site de l'exposition

La Reine et ses enfants est bien arrivée, dans son cadre de voyage qu'elle conservera jusqu'à son retour. Le grand cadre aux armes est resté en France, considéré comme trop fragile pour un transport en avion. (Pour mémoire, dimensions hors cadre : 2.75 m X 2.16 m)

Merci cher GM pour cette information !

Deux siècles après, il est plaisant de constater que la reine de France dispose toujours d'un nécessaire de voyage .

Au Musée Calvet d'Avignon :

© photos personnelles 2017





Elisabeth Vigée-Le Brun (Paris 1755 - Paris 1842) Portrait de la Cantatrice Giuseppina Grassini (vers 1820-1825 ?) Huile sur Toile - Acquis par la Fondation Calvet 1998

Élisabeth Louise VIGÉE-LE BRUN (Paris, 1755 - 1842)
Portrait de Lucie Ditte née Garnier (1793-1877)
Huile sur toile
Signée et datée en bas à droite dans la pâte E.L. Vigée Le Brun 1832
Au revers de la toile, marque au pochoir des fournisseurs parisiens Pierre-Auguste Vallé et Prince-Charlemagne Bourniche, 3 rue de l'Arbre sec.
65 x 53,8 cm

Collection du modèle, Paris, puis par descendance.
Vente Chinon, 13 novembre 2000 (sans catalogue).
Vente Biarritz, 9 août 2020. 819.

Bibliographie
É. L. Vigée Le Brun, Souvenirs, Paris, 1837, vol. II, p. 352.
É. L. Vigée Le Brun, Souvenirs, éd. P. Weiller, Paris, 2015, vol. III, p. 155, repr.

L'un des quelques tableaux réalisés par E.L. Vigée Le Brun pendant les dernières années de sa vie.
Le modèle, Lucie Garnier, était la petite-fille du miniaturiste suédois Pierre Adolphe Hall (1739-1793).
Les deux artistes se sont liés d'amitié avant la Révolution lorsqu'ils travaillaient tous deux pour la famille royale. En 1777, Hall avait présenté au Salon le portrait en miniature de Vigée Le Brun, non localisé aujourd'hui et connu seulement par un croquis de Gabriel de Saint-Aubin dans les marges de son exemplaire du livret.

De son épouse, Marie Adélaïde Gobin, fille d'un marchand de Versailles, Hall a eu trois filles : Adélaïde Victoire, Adolphine Mélanie Isabelle et Angélique-Lucie. Lucie était la fille de cette dernière et de Pierre Joseph Garnier, marchand lyonnais. Elle s'est unie avec Charles-Honoré Ditte, fondateur de la compagnie d'assurances Le Phénix et bien plus âgé qu'elle. Le couple partageait son temps entre un appartement à Paris, rue des Trois-Frères, et le Domaine de Saint-Paul près de Saint-Rémy-lès-Chevreuse.
Ils recevaient beaucoup et on comptait, parmi leurs invités, Victor Hugo, George Sand, Gustave Moreau et Léo Delibes.

Vigée Le Brun nourrissait des sentiments très tendres envers Lucie. Le 8 juillet 1838, elle lui écrivait : " Je vous aime depuis votre naissance, car c'est a cette époque que je vous ai connue et depuis cette époque mon attachem[e]nt n'a fait que croitre, oui, ma jeune amie, je vous assure que ma parfaite amitié durera tant que je vivrai n'en doutez jamais. "
On connaît un autre portrait de Lucie Ditte par Vigée Le Brun, autrefois conservé dans la famille de son demi-frère à Rennes. La portraitiste avait également réalisé le pastel de sa mère, Angélique-Lucie. Elle l'avait offert à Lucie Ditte à l'occasion de son mariage : " ce tableau ne m'ayant pas été payé, il est ma propriété et devient la vôtre. "