Exposition Edme Bouchardon au Louvre en 2016

Guilhem Scherf, conservateur en chef au département des Sculptures du Louvre, et Juliette Trey conservateur (dessins français des XVIIe et XVIIIe siècles) au Département des Arts Graphiques préparent une


L'exposition comportera environ 250 œuvres dont 50 sculptures et 200 œuvres graphiques (dessins, estampes, livres).


« Edme Bouchardon fut considéré de son temps comme un artiste d’exception.  Né à Chaumont en Haute-Marne, fils de sculpteur, il se forma à l’Académie royale de Peinture et de Sculpture à Paris avant de faire un fécond séjour à l’Académie de France à Rome (1723-1732), couronné par des projets soumis au pape et par son élection à l’Académie de Saint- Luc.

Rappelé en France par le directeur des Bâtiments du Roi, qui s’inquiétait de sa grande réputation – « Ce n’est pas pour enrichir les pays étrangers que le roi fait tant de dépense à son académie à Rome »-, il reçut rapidement atelier et logement au Louvre. Agréé à l’Académie en 1735, Il devint ainsi sculpteur du Roi.

En 1736 il fut nommé dessinateur des jetons et médailles à l’Académie des Inscriptions. Ses travaux comme la Fontaine de Grenelle, le décor du chœur de l’église Saint-Sulpice, la statue en marbre de l’Amour se taillant un arc dans la massue d’Hercule (présentée à Versailles) et le Monument équestre de Louis XV installé au centre de la place Louis XV (future place de la Concorde) furent célébrés de son temps.

Situé dans l’Encyclopédie comme le continuateur de Puget et de Girardon, Bouchardon fut considéré par ses contemporains comme un chef d’école, le promoteur du renouveau dans les arts, « le plus grand sculpteur et le meilleur dessinateur de son siècle » (Cochin).
Son esthétique, analysée comme un point d’équilibre entre la référence antique et la fidélité à la nature, est admirablement transcrite par ses nombreux dessins (surtout à la sanguine), ardemment recherchés par l’élite des collectionneurs de son temps (Mariette, Tessin, Jullienne), ses modèles en terre cuite, également collectionnés avec ferveur ( Jullienne, La Live de Jully) et ses sculptures en pierre et en marbre.
Beaucoup de ses dessins, dont plusieurs furent montrés au Salon, furent gravés par Huquier et le comte de Caylus, et des suites célèbres (Académies, Cris de Paris, Vases) furent proposées aux amateurs. « Il faut que Bouchardon ait été un grand homme, car il a joui de toute sa réputation pendant sa vie » (Mariette). »

Guilhem Scherf

(Informations et texte communiqués par J. Trey que nous remercions vivement.)

On assiste depuis quelques années à l'étude systématique des grands sculpteurs français du XVIIIe. C'est une excellente chose.

Souhaitons que cette exposition attire l'attention des pouvoirs publics - ici la mairie de Paris, sur l'état préoccupant de la fontaine de Grenelle elle-même.

Produite en collaboration avec le J. Paul Getty Museum de Los Angeles, cette exposition rend hommage à Edmé Bouchardon (1698-1762), sculpteur et dessinateur de renom, considéré dès son temps comme étant un artiste d’exception.

Fils de sculpteur, formé à l’Académie royale de Peinture et de Sculpture à Paris, il fit un séjour fécond à l’Académie de France à Rome (1723-1732), couronné de projets soumis au Pape et par son élection à l’Académie de Saint-Luc.

Rappelé en France par le directeur des Bâtiments du Roi, qui s’inquiétait de sa réputation grandissante, il reçut rapidement atelier et logement au Louvre, fut agréé à l’Académie en 1735, devenant ainsi sculpteur du Roi.

Il fut célébré pour ses œuvres sculptées, la Fontaine de Grenelle, le décor du chœur de Saint-Sulpice, la statue en marbre de l’Amour se taillant un arc dans la massue d’Hercule et le monument équestre de Louis XV installé au centre de la place Louis XV (future place de la Concorde). Ses suites célèbres de dessins, dont Les Cris de Paris, connurent également un grand succès.

Cité dans l’Encyclopédie comme le continuateur de Puget et de Girardon, Bouchardon fut considéré par ses contemporains comme « le plus grand sculpteur et le meilleur dessinateur de son siècle » (Cochin), et le promoteur du renouveau dans les arts.

Son esthétique, faite de référence antique et de fidélité à la nature, est clairement identifiable dans ses dessins ardemment recherchés par ses contemporains collectionneurs.

Première monographie d’envergure, cette exposition livrera une vue d’ensemble de l’œuvre de ce sculpteur à l’heure où de nombreuses études renouvellent notre compréhension du néo-classicisme, dont il fut l’un des principaux protagonistes.

En savoir plus sur http://www.evous.fr/Les-expositions-2016-au-musee-du-Louvre,1190438.html#y7izoitwRAq5OTXS.99

Parmi les oeuvres sélectionnées pour l'exposition, voici quelques ouevres photographiées à l'occasion des séances de travail préparant l'exposition.

Ici séance de travail sur les albums Bouchardon au Louvre : quand Bouchardon copiait Raphaël à Rome (photo de Juliette Trey 08/2014).

Sélection des dessins de Bouchardon pour l'exposition de 2016 : on aime beaucoup "la schelette du cheval" !
(Photo de Juliette Trey, Musée du Louvre)

Dans la collection Tessin du Nationalmuseum de Stockholm on trouve aussi de belles académies par Edme Bouchardon (Photo de Juliette Trey. oct. 2014)

Sujet connexe : Le comte Carl Gustaf Tessin, Paris, Musée du Louvre, 2016

L'Apollon du Belvédère copié par Edme Bouchardon lors de son séjour à Rome. (Photo de Juliette Trey, Musée du Louvre. déc. 2014)

"(Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups.) Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes." (Matt 10.16).

Sanguine par Bouchardon, d'après Carlo Maratta. Musée du Louvre, photo de Juliette Trey (déc. 2014).

Dessin de l'installation de la statue équestre de Louis XV par Bouchardon à Paris (act. pl. de la Concorde) en 1763.
Photo de Juliette Trey, Musée du Louvre (janv. 2015)

Dans les réserves du Louvre : les études de très grand format de Bouchardon pour la statue équestre de Louis XV.
Photo de Juliette Trey (juil. 2015)

Parmi les derniers dessins exécutés par Bouchardon, à la fin de sa vie : les études pour les cariatides de la statue équestre de Louis XV.
Photo de Juliette Trey, Musée du Louvre (juil. 2015).

Dans l'actualité des ventes aux enchères :

Edme Bouchardon (Chaumont 1698-Paris 1762)
Deux putti sur un nuage, Sanguine brulée, 31,5 × 42,5 cm, (Dessin doublé, pliures et petites taches) Piasa, 09 déc. 2015 (104. Estimation : 3 000 € / 4 000 € )

Un autoportrait d'Edme Bouchardon dans son carnet de dessins romain conservé à la Morgan Library (New York).
Photo de J. Trey.

Main droite de la statue équestre de Louis XV, seul fragment retrouvé :


La RMN mentionne ce fragment au Louvre, il me semble pourtant l'avoir toujours connu à Carnavalet ?

En dépôt, non ?

Vous avez sans doute raison cher Lebrun. Mais il est dommage que les fiches RMN ne mentionnent le lieu de dépôt des oeuvres que de manière... aléatoire dirons-nous.

Très belle et riche exposition, au discours clair et permettant de découvrir toutes les facettes de l'artiste qui fut, en dehors de la sculpture, un excellent et prolixe dessinateur très recherché des collectionneurs de son temps.

Les 3 œuvres commandées pour Versailles sont bien mises en valeurs :
- L'amour tallant son arc dans la massue d'Hercule (finalement placé dans l'orangerie de Choisy),
- Les sculptures du bassin de Neptune (représentées des projets dessinés et par deux réductions en plâtre, coll. Part, Suède)
- La procession conduite par saint Charles Borromée (in situ, chapelle royale de Versailles, illustré par quelques dessins préparatoire).

En revanche, la statue équestre de la place Louis XV est restée à Versailles, c'est l'exemplaire des collections royales anglaises qui est présente, et il semble de meilleure qualité.

Mais on découvre également qu'il fut un des principaux créateurs de médaille sous Louis XV (médaille de la maison de la reine - 1740), un illustrateur de livre et un créateurs de forme (vases, fontaines ...).

Mention spéciale au buste en marbre de M. du Gourvernet (Louvre) et sa terre cuite (Musée Jacquemart André),
aux deux profils en médaillon de Louis XV et du Dauphin,
et une découverte pour moi, les projets de sculptures pour le parc du château de Grosbois.

Très belle expo en effet, notamment les académies d'hommes très réalistes et sensuelles. Le Faune endormi est également un superbe chef d'oeuvre. En revanche, les explications sur l'Amour se taillant un arc dans la massue d'Hercule sont assez courtes. Rien n'est dit au sujet de la réplique installée par Marie-Antoinette au Trianon, ce qui est pour le moins curieux.

C'est l’œuvre originale du sculpteur qui est présentée ici,
peut-être en fait-on mention dans le catalogue en tant que fortune critique.
Je n'ai rien vu non plus sur ces élèves, peut-être n'en eut-il pas ?

A propos d'élève(s) de Bouchardon (Louis Claude Vassé) et des copies de ses oeuvres (par Trémolières notamment), ces sujets font partie des thèmes qui seront exposés au colloque organisé le mercredi 16 novembre 2016 à partir de 10h, à l'auditorium du musée du Louvre.

Ce colloque mettra en lumière les liens qu’Edme Bouchardon entretint avec ses contemporains, qu’ils soient artistes ou amateurs, amis ou rivaux. Les interventions évoqueront aussi la diffusion et la réception de son œuvre.

Bouchardon et ses contemporains

Le programme détaillé :

Introduction par Guilhem Scherf et Juliette Trey, musée du Louvre.

Matin

Président de séance : Edouard Kopp, Fogg Museum, Harvard.

10h Boucher et Bouchardon dessinateurs par Alastair Laing, the National Trust, Londres.

10h30 Edme Bouchardon et Gabriel Huquier : l’artiste et son éditeur par Peter Fuhring, Fondation Custodia, Paris.

11h Hommage ou exercice ? Les copies d’Edme Bouchardon par Pierre Charles Trémolières et Louis Claude Vassé par Juliette Trey, musée du Louvre.

11h30 Vassé (1717-1772) et Bouchardon. L’oeuvre d’un élève au regard de celle de son maître par Alexandra Michaud, université Paris-Sorbonne.

12h Un duel d’autorité. Caylus, Diderot et la vie d’Edme Bouchardon par Valérie Kobi, université de Bielefeld.

12h30 Questions.

Après-midi

Président de séance : Anne-Lise Desmas, Getty Museum, Los Angeles.

14h30 « Ce n’est pas là de la sculpture ». Edme Bouchardon et Jean-Baptiste Lemoyne : rivalités et émulation par Cécilie Champy-Vinas, Petit Palais, Paris.

15h Bouchardon et Pigalle : deux fortes personnalités, une estime réciproque par Guilhem Scherf, musée du Louvre.

15h30 Un cas exemplaire du goût Mariette : les dessins d’Hubert Robert d’après Bouchardon par Sarah Catala, université Lille 3.

16h La permanence du goût pour les dessins de Bouchardon. Jean-Baptiste Lucien (c. 1748-1806) et les graveurs en manière de crayon de la seconde génération par Sophie Raux, université Lyon 2.

16h30 1792-2007. La constitution du fonds Bouchardon au musée de Chaumont : oeuvres et archives par Raphaële Carreau, musées de Chaumont.

17h Questions.

Entrée libre dans la limite des places disponibles

http://www.louvre.fr/bouchardon-et-ses-contemporains

La réplique de l'Amour, commandée par Marie-Antoinette en 1778 fut exécutée par Louis-Philippe Mouchy. Je n'ai pas pu déterminer s'il avait été l'élève de Bouchardon. En tout cas, Mouchy ne paraît pas faire l'objet d'une étude particulière lors du prochain colloque dont vous venez de nous faire part cher GM.

La statue actuellement exposée dans le Temple de l'Amour de Trianon n'est pas la réplique de Mouchy, mais une autre réplique dont l'auteur et la date sont inconnus (je n'ai trouvé aucune information au sujet de cette réplique : v. les recherches d'Alain Roger Ravily ici : https://www.connaissancesdeversailles.org/t3307-le-temple-de-l-amour?highlight=l+amour). Cette réplique a été vandalisée il y a 2 ou 3 ans (arc cassé)...

A défaut d'explication dans l'expo du Louvre , je suis allé demander à Wiki ce qu'il en pense. Or, Wiki propose des théories contradictoires sur les raisons pour lesquelles l'oeuvre originale de Bouchardon ne suscita pas d'enthousiasme lors de son exposition à Versailles et fut envoyée à l'orangerie de Choisy-le-Roi :

1ère théorie : dans la symbolique, le souverain français est comparé à Hercule. Or ici, Hercule est vaincu par l'Amour. Ainsi, tout le monde fit la relation entre cette représentation et la relation contemporaine du roi avec la marquise de Pompadour.

2ème théorie : la sculpture de cet Amour malicieux, empreinte de réalisme mêlant Renaissance et Antique, était sans doute trop novatrice pour l'époque. On ne comprenait pas que l'artiste eût "préféré la souplesse élastique et maigre de l'adolescence à la mollesse potelée du Cupidon des peintres". L'Amour de Bouchardon n'était pas assez idéalisé, trop proche du modèle vivant. La « nudité et la sensualité adolescente » de cet Amour imposèrent alors son transfert  vers l'orangerie du château de Choisy. Madame de Pompadour en fit cependant réaliser une copie pour son château de Bellevue, que Mesdames Tantes s'empressèrent de faire disparaître en 1774... et que Marie-Antoinette fit répliquer en 1778 pour Trianon.

C'est la deuxième théorie que l’exposition semble mettre en avant.
On y voit une version réduite qui appartient au financier Bouret, parent éloigné de Mme de Pompadour. J'ignorai que Mme de Pompadour ait possédé une copie.

Sur le site du Louvre, on lit qu'il fut éditée en biscuit de Sèvres dès 1768.
La statue fut transportée en 1778 au musée du Louvre dans la salle des Antiques afin d'être copiée par Louis-Philippe Mouchy pour le Temple de l'Amour à Trianon.
En 1783, un pendant est commandé à Augustin Pajou, qui choisit Psyché abandonnée (musée du Louvre).

Cette sensation de naviguer en modèle antique et réalisme se retrouve également sur le buste de M. du Gouvernet avec le traitement réaliste de la peau sur un modèle dénué à l'antique.
Il faudra attendre le Voltaire de Houdon pour que cette esthétique réaliste atteigne son paroxysme au 18e siècle.

PS : autant pour moi,voici un autre détail de la notice du Louvre :
Madame de Pompadour, la favorite de Louis XV, ... en commanda une copie pour le bosquet de l'Amour à Bellevue (copie non exécutée, semble-t-il).

M. de Noisy a écrit:

C'est la deuxième théorie que l’exposition semble mettre en avant.

C'est effectivement un peu le fil rouge de l'expo. Le Faune endormi réalisé d'après l'antique tranche également par son réalisme, avec la "mollesse potelée du Cupidon" alors en vogue.

M. de Noisy a écrit:

On y voit une version réduite qui appartient au financier Bouret, parent éloigné de Mme de Pompadour.

Bizarrement datée "1744", soit antérieurement à la date de l'original. Le cartel nous dit que le sculpteur s'est trompé et qu'il faut lire "1754"...

Dans le prolongement de l'exposition, cette publication de Marc Fumaroli :




Le Comte de Caylus et Edme Bouchardon
Deux réformateurs du goût sous Louis XV
Marc Fumaroli

Somogy
96 pages, broché, 13 x 20 cm
Distribution : UD
2016
ISBN français978-2-75721-186-1
7.00 € TTC

Tout semblait éloigner, dans l'ordre social et dans ses apparences, le grand seigneur Anne Claude de Caylus, né sur les marches du trône, et le roturier de province, né dans une obscure famille de sculpteurs champenois, Edme Bourchardon, sinon leur foi ardente et commune dans la supériorité des Anciens et un zèle commun et acharné à remonter la pente du déclin. (...)

La rencontre en janvier 1733 entre Caylus l'amateur savant et réformateur et Bouchardon, jeune sculpteur déjà célèbre à Rome et en Europe comme la réincarnation française des sculpteurs grecs Polyclète et Polygnote, infléchit leurs deux carrières alliées dans le grand dessein de faire revivre en France et ensuite en Europe le pur goût grec et « à la grecque ». (...)

Notre célèbre amateur d'antiquités est le fils de Jean Anne (1666-1704) Comte de caylus, Menin du Dauphin.