Exposition "Sièges en société" aux Gobelins

Les deux pliants de Cruchet d'après Lamy pour le duc de Nemours sont des exemplaires très intéressants du style Louis XIV revival.
On percevra mieux sur ces clichés tout leur intérêt historiciste.

Merci cher Valmont pour ces nouvelles précisions.
Nous avions d'ailleurs étudié le mobilier de la chambre des Tuileries dans le Forum :

https://www.connaissancesdeversailles.org/t6100-mobilier-de-la-chambre-de-louis-xviii-et-charles-x-au-louvre?highlight=charles+X

Vidame a écrit:

Peut-être cher Lebrun, je reviendrai sur ce cartel samedi matin. Par ailleurs, et à l'attention de l'ami Mansart, ce même cartel précisait également que la balustrade de la chambre avait été auparavant celle de la salle du trône de Napoléon 1er aux Tuileries (?).

Toujours ce même principe qui faisait de la chambre sous l'ancien régime, le cœur du pouvoir, remplacé sous l'Empire par la salle du trône.
La Restauration récupère la balustrade de la salle du trône pour la chambre...redevenue le cœur du pouvoir....

Belles photos, merci cher Lebrun.
Le catalogue précise que les deux paires de pliants (on en retrouvé qu'une seule, celle présentée, rentrée seulement l'année dernière de l'Ecole supérieure des beaux-arts), étaient houssées en velours de soie cramoisi et formant lambrequin avec double encadrement de galon (...). Un aspect très Louis XIV en accord avec les lais de la tenture.
Paradoxalement, ils côtoyaient un mobilier de style Louis XV recouvert de tapisserie de Beauvais (fauteuils au Louvre et chaises au MN).

On en parle dans le Forum, autour de cette gravure en montrant un en place chez Nemours.

https://www.connaissancesdeversailles.org/t7450-le-petit-salon-du-duc-de-nemours-aux-tuileries?highlight=nemours

Pliants que l'on suppose voir sur ce projet, à gauche après la console en bois doré.
Le style Louis XIV faisait grand genre, très palais et était très en faveur sous la Monarchie de Juillet. A vrai dire, la différence avec le Louis XV ne sautait pas aux yeux des contemporains. On distinguera les styles plus tard dans le siècle.
Le but recherché était d'associer du mobilier richement sculpté et doré afin d'en tirer un maximum d'effet.

En fin de parcours, levez les yeux au ciel et ne ratez pas le dais du trône de Napoléon III pour l'Exposition Universelle de 1867.
Les tissus sont toujours conservés par le MN mais nécessitaient une trop importante restauration pour être présentés.
Des éléments dont la couronne sont présents à Compiègne.

Cher Jacob Pierre,
La mappemonde exposée sur la table d'assemblée n'est pas de Gilbert Poillerat ou d'André Arbus, comme on pourrait le croire, mais de l'architecte Fernand Pouillon.
De goût 40/50, elle fait partie d'un ensemble réalisé dans les années 80 et commercialisé dans une boutique de la place des Vosges.
Une dizaine de pièce fut achetée ces années-là, dont celle-ci sur laquelle figure le portrait de François Mitterrand.
Ceci explique peut-être cela.

Un reportage sur Compiègne et ses réserves montrait cette couronne.

Je le pensais provenir du dais de l'exposition universelle (elle est énorme), mais le commentaire du reportage la disait des Tuileries.


https://www.connaissancesdeversailles.org/t3059p75-exposition-trones-en-majeste-l-autorite-et-son-symbole?highlight=tr%F4nes

O réserves inépuisables de nos châteaux musées !!!
Régalez-nous toujours de vos insondables richesses !!!

Un regroupement des deux œuvres au MN serait judicieux ...

Il me semble important de revenir sur le paravent en bois doré à six feuilles qui figure dans l'exposition et qui fut acquis en 1973.
Il vient compléter un ensemble de sièges comprenant un canapé et douze fauteuils aujourd'hui au palais de l’Élysée (on reconnait le textile déjà vu sur de nombreux sièges présents en ces lieux).
Cet ensemble a probablement été livré pour le comte de Provence au Luxembourg.

La couronne conservée à Compiègne provient effectivement du dais de l'expo 1867.
Le MN l'ignorait totalement (tout comme Compiègne) et a été très heureux d'en apprendre l'existence
(en attendant d'autres trouvailles ...).

Merci cher Lebrun pour cette info concernant le globe terrestre !!!
Etonnante réalisation quand même, qui sent fortement les années 50,
voire le plagiat mais ce n'est que mon opinion !!!!!

Voici le portrait du président François Mitterrand sur le globe destiné à meubler une ambassade. Une image de la France ouverte sur le monde, on explique à la Conservation...


Pour répondre à la question sur les maquettes du Garde Meuble Royal, elles datent du XIXe siècle.

Une découverte intéressante faite à l'exposition est celle d'une banquette inventoriée GME 1539, marquée FON avec 3 fleurs de lys au feu et estampillée N.Q. Foliot au fer.
Elle est à rattacher à quatre autres et à quatre tabourets conservés à Compiègne, portant l'estampille de N.Q. Foliot. puis à deux banquettes et deux tabourets portant la marque des Tuileries et le W versaillais et enfin à deux banquettes et deux tabourets marquées CP aux pieds modifiés acquises en 1990.
Un inventaire du 9 avril 1785 mentionne dix banquettes dans l'antichambre de Louis XVI à Compiègne.

La banquette exposée a été utilisée sous de Gaulle à Trianon-sous-bois pour être transformée en table basse (Alain RR avait parlé de cette pratique dans le sujet sur l'expo Le Président chez le Roi) .
Elle fut envoyée en 1975 au pavillon de chasse de Marly.
Ce n'est que cette année 2017 qu'elle a été restituée dans son usage de banquette et ses dimensions primitives.



Photo d'une banquette en table basse dans le salon privé du Général (photo du forum sur https://www.connaissancesdeversailles.org/t6138p50-expo-au-grand-trianon-de-louis-xiv-a-charles-de-gaulle?highlight=gaulle )

Merci cher Valmont,
C'est intéressant ce revirement.

La table était visible sur les photos de Louis du 12 juillet 2016, on se demande si c'est un autre exemplaire qui était parti au pavillon de Marly que celui du salon privé du général.


Peut-être y avait-il plusieurs "table basses" néo Louis XVI à Trainon sous bois au temps du général ou bien revient-on sur la décision d'y avoir reconstitué l'ameublement historique de 1966?

Elle est aujourd'hui dans un état archéologique. 
Les ceintures anciennes ont disparu et deux pieds conservent leur teinte ante-de Gaulle.
Ira-t-on plus loin dans la restitution ou la gardera-t-on ainsi à titre de témoignage ?
Intéressante question doctrinale.

La banquette me parait effectivement être du modèle de Nicolas Foliot livré avec des tabourets, en 1785, pour l'antichambre commune du Roi et de la Reine à Compiègne.
Je n'avais pas vu que ce cher Valmont avait complété son sujet sur la banquette exposée et dont j'ajoute ici quelques précisions en les illustrant.
Certains exemplaires de banquettes et tabourets sont revenus à Compiègne complétés par des copies.
On comprend maintenant l'absence de sculpture des ceintures de ces sièges puisque du velours les recouvre.


Le catalogue de l'exposition consacrée à Louis XVI et Marie-Antoinette à Compiègne consacre un article aux banquettes et tabourets de l'antichambre (2006/2007), sous la plume d'Elisabeth Caude.


J'ignorais que cette série remplaçait en 1788 à Compiègne un premier jeu de banquettes et tabourets envoyés à Versailles pour la galerie.
La lecture de l'article n'est pas si simple, puisqu'une des banquettes aujourd'hui à Compiègne porte le n°4008 placés à Compiègne en 1785 en provenance de Fontainebleau, et couvertes de savonnerie (4009 pour les tabourets, peints en rouge à filets or, comme pour le Grand Couvert de Versailles, dont ds traces se retrouvérent sur des tabourets rachetés par Compiègne.

Mon sentiment est que Compiègne présente aujourd'hui deux banquettes de 1764 arrivées de Fontainebleau en 1785, et deux banquettes arrivées en 1788, mais toutes, dont les copies, recouvertes du velours d'Utrecht vert de 1788.


Cela expliquerait-il le WW de l'un des tabourets que rapporte ce cher Valmont. A-t-on déjà parlé pour la galerie de Versailles, de banquettes et tabourets rouges à filets or vers 1785?

j'extrais de l'article de Christian Baulez dans l'ouvrage collectif consacré à la restauration de la galerie des glaces ces précisions :


On voit qu'en réutilisant les bois de Louis-Philippe, peints en vert et or, couverts de savonneries retissées (par un tisserand privé) sur les modèles XVII° on se rapprochait de l'état Louis XV, dont la simplicité étonne Christian Baulez, avec un changement tardif, pour un modèle avec gaine et rosaces dans les carrés (comme celle du Mobilier national).

Je voudrais ajouter un commentaire personnel. Cette réutilisation de banquette en table basse dans les années 60 fut vraiment navrante.
D'autant que Compiègne avait déjà racheté deux banquettes en 1943...
Il est vrai qu'à l'époque de Van der Kemp, on était plus sensible aux retours qui concernaient le règne de Louis XV "Un âge d'or des arts décoratifs" sic.

Mobilier du cabinet du Roi, celui de Choisy, avec la fontaine de porcelaine, le bureau du Dauphin, placés dans la chambre de "Louis XV", etc.

C'est progressivement que l'on comprendra qu'il était plus réaliste et faisable de rechercher de préférence les derniers états de l'ancien régime. Cela a été confirmé par des décennies d'acquisitions, même si d'extraordinaires trouvailles ont permis de réunir et de replacer plusieurs meubles versaillais ou équivalents du Dauphin fils de Louis XV et de la Dauphine.

Je voudrais être petite souris pour savoir ce que cache la remise en état de la banquette. Première antichambre du Roi à Versailles?

Quelques sièges Louis Philippe proviennent de Versailles ; y est exposée une console Louis XIV en partie restaurée de Fontainebleau, et des sièges de Sené décapés provenant aussi de Fontainebleau.
Un lit Louis XVI très impressionnant enfin.
il y a deux lits ; l'un à baldaquin dont la garniture a été refaite récemment et l'autre somptueux et à deux places en bois doré, les deux de Jacob il me semble. Je parle de celui en bois doré.
Des dépôts envisagés ?

Il est dit dans le sujet que le lit Louis XVI est destiné à l'appartement de Thierry de Ville d'Avray au Ministère de la Marine.

pour le second lit, peut-être quelqu'un se souvient-il de ce que mentionne le cartel(?).

Ce lit à crosses en bois doré est somptueux et d'énorme dimension. La sculpture est de la plus raffinée.
On peut juger de la taille du meuble en comparant sa hauteur avec le visiteur à gauche, l'estrade n'est pas si élevée.
Le lit est un fonds du château de Saint-Leu qui appartint au duc de Chartres.
Le pedigree du meuble est sans aucun doute prestigieux vu la qualité du meuble.

Il y a un détail qui m'échappe.
Le château de Saint-Leu appartint à Louis, frère de Napoléon, c'est pourquoi d'ailleurs, la reine Hortense, pendant la Restauration reçut le titre de duchesse de Saint-Leu.
Ayant rallié l'empereur, elle dut s'exiler après les Cent-jours.
A ma connaissance, c'est le prince de Condé qui récupéra Saint-Leu qui passa ensuite au duc de Bourbon, puis à la baronne de Feuchères, qui s'entremit pour favoriser l'héritage des Condé au duc d'Aumale, fils de Louis-Philippe.

Sans doute le lit fut vendu avec le château que la baronne n'avait pas les moyens d'entretenir et qui fut démoli en 1837. Peut-être le duc de Chartres, fils de Louis-Philippe devenu duc d'Orléans en 1830, avait racheté le lit à une vente(?).

Le musée Condé à Chantilly conserve une partie de service au chiffre BC pour Bourbon Condé provenant de Saint-Leu et qui passa au duc d'Aumale.

Ici, tasse à glace et pot à lait de ce service.

Le duc de Chartres, futur Philippe Égalité, acheta le Château de Saint-Leu en 1780.
Il ne devint duc d'Orléans qu'en 1785.

Merci cher Valmont pour ces éléments concernant ce très beau lit de Jacob qui reprend en particulier les enroulements qu'on retrouve sur le canapé Balbi du Petit Trianon et sur celui du salon de jeux de St Cloud .
Une belle découverte surtout avec des photos prises de près, ce lit m'avait intrigué et j'en parlais quelques articles plus haut.
Les lits Camondo de Versailles et celui de l'hotel de Camondo (musée Nissim de Camondo), présentent un dossier supplémentaire parallèle au mur de fond et me paraissent moins riches que celui-ci.
Finalement notre garde meuble conserve encore bien des richesses!!!!

Ah, merci nous ne parlions pas du même duc  , je pensais à tort cher Valmont, que Saint-Leu était aux Condé avant la Révolution.

Parmi les plus beaux sièges exposés, outre celui de J.-B. Sené pour le grand cabinet de Marie-Antoinette à Saint-Cloud, j'ai particulièrement aimé ceux-ci de Georges Jacob : 

Fauteuil livré pour le "Boudoir de Monsieur" (dixit l'étiquette) c'est-à-dire pour le boudoir de l'appartement du comte de Provence au pavillon de musique de la comtesse de Provence à Montreuil (Paris, Georges Jacob, 1786). Il faisait partie d'un ensemble de 8 fauteuils et 1 canapé.





2 fauteuils d'un ensemble provenant d'une commande du comte de Vaudreuil pour son hôtel de Paris, vendu au Garde-meuble de la couronne en 1788 (Paris, c. 1785, Georges Jacob).
Ces fauteuils servirent ensuite dans le grand cabinet de Napoléon Ier à Saint-Cloud, avant de passer à Versailles.
La sculpture des sièges du comte de Vaudreuil et du comte de Provence est similaire, à la fois riche et subtile, notamment les entrelacs attachés, enrichis de fleurs, paquets de graines et perles.