La gorgone, monstre mythologique

Origine: Mythologie grecque
Catégorie : Monstres
Allégorie ou symbolique : Désordre, protection, Effroi, Vanité, laideur
Texte lié : : L’lliade et l’Odyssée d’Homère, Métamorphose d’Ovide
Emblème : Tête à la chevelure de serpents
Personnage liée : Asclépios/Esculape, Athéna, Persée, Pégase, Neptune/Poséidon.

Lien vers le mythe sur internet : https://mythologica.fr/grec/gorgone.htm

Les Gorgones étaient trois sœurs transformées en monstre par Athéna.
Si la représentation des Gorgones est commune aux trois sœurs, la plus célèbre reste la mortelle Méduse capable de pétrifier du regard, décapitée par le héros Persée.
Elle est présente à Versailles au travers de la peinture, la sculpture et dans les arts décoratifs.

Cette effigie de la Gorgone Méduse est placée sur le palier de l’escalier principal du petit Trianon.
Rappelant son effroyable pouvoir utilisé par le héros Persée, cette tête grimaçante est symboliquement chargée de pétrifier par son regard, ici volontairement oblique, le visiteur importun qui tenterait de pénétrer plus avant dans ce domaine privé du roi sans y être invité.
Cette représentation de la tête de Méduse sur un bouclier renvoie à l'iconographie la plus fréquente des vases grecs antiques.
Dans ces représentations, ce bouclier à tête de Méduse est porté par Persée, les héros ou guerriers grecs.

Le caractère guerrier de cette sculpture est renforcé par le trophée d’armes en bas-relief visible à l’arrière-plan (glaive, pique, carquois et flèches …).
Cette connotation peut s’appliquer à la fonction de l’escalier, espace protégé par les gardes de corps du roi, mais également, de manière plus galante, au repos du roi-héros guerrier, qui dans ce havre de paix qu’est le petit Trianon, peut tomber les armes à l'entrée de ses appartements pour y gouter dans l'intimité aux plaisirs de la vie.
Rappelons que ce bâtiment est une construction de Louis XV initiée par Mme de Pompadour et habitée par Mme du Barry !!!

L’auteur de cette sculpture est Jean Honoré Guibert, sculpteur ornemaniste français, qui réalisa la plus grande partie des décors extérieurs et intérieurs du Petit Trianon.
Ce dernier œuvra également au service de la comtesse du Barry pour son appartement de Fontainebleau et aux décors de Louveciennes.
Il applique ici, avec raffinement et caractère, un thème mythologique, parmi tant d’autres répandus dans les décors du petit Trianon.

Autres têtes de Méduse dans les collections versaillaises.


Cela nous précise deux œuvres placées fin XIX° siècle au bsquet de l'Arc de Triomphe.

On trouve aussi une tête de Méduse sur le bouclier d'un trophée de la corniche de la galerie des glaces.

Autre photo de la Méduse de l'escalier du Petit Trianon, que je ne résiste pas à joindre à ce sujet.


16 mars 2012

Autre exemple de représentation de Méduse conservé dans les collections du château,  dans le portrait des reines Anne et Marie-Thérèse d'Autriche par Simon Renard de Saint-André.



Anne d'Autriche (à gauche) est représentée en Minerve, une main posée sur un casque.
Elle est vêtue d'une cuirasse ornée de la tête de Méduse, que l'on retrouve également sur le bouclier posé à sa droite.



A noter que pour Homère, la tête de Méduse ornait uniquement le bouclier, tandis que Virgile l'ajoutait également sur la cuirasse, à l'endroit qui couvrait la poitrine de la déesse.

Dans ce même tableau Marie-Thérèse (à droite) tient un rameau d’olivier, symbole de la paix retrouvée qui ramène l’abondance et l’unité, représentées par la grenade ouverte et la grappe de raisin.

Cette cuirasse souvent porté par Athéna/Minerve ou l'on représente le portrait de méduse s'appelle l'égide.
Cette cuirasse magique recouverte de la peau de la chèvre Amalthée, nourrice de Zeus, est symbole de puissance des dieux d’où pouvait sortir foudre et tonnerre.

Pour en revenir à la représentation du bouclier avec la tête de Méduse, Versailles en conserve un autre bel exemple peint :

Ce tableau anciennement attribuée à Philippe de Champaigne aurait décoré initialement l'appartement de la reine au palais du Louvre.
Aliéné (?), il est entré dans les collections nationale par achat auprès de M. Sermentat en 1817 puis intégré aux collections de Versailles sous Louis-Philippe.

Si, comme souvent dans la mythologie, l'origine est assez obscure, le terme grec αἰγίς (étymologie d'égide) signifie en effet "peau de chèvre", et désigne également l'arme redoutable aussi bien offensive que défensive utilisée par Zeus/Jupiter, donnée à Athéna/Minerve.
Le bouclier de Minerve peut aussi être désigné sous le nom d'égide par certains auteurs.

En hommage aux photos d'Anne-Charlotte,
un détail décoratif utilisant la Gorgone dans la garde-robe du roi

Voici une autre représentation, prise hier sur une sculpture en réserve au Grand Trianon (un autre bronze ayant figuré avec le Moise évoqué aujourd'hui par ce cher Alain dans la galerie des Cotelle sous Louis-Philippe ?) :

C'est le gladiateur Borghese, fonte intéressante avec un bouclier qu'on ne lui connait pas souvent.
Connait-on son origine ?

Le Moïse était bien dans la galerie, mais le gladiateur Borghèse me semble plus petit. Il a figuré autrefois dans le cabinet de travail de Napoléon.


Le catalogue de 1877 précise dans le cabinet de l'Empereur, je cite :" Une statue en bronze au vert antique, représentant un gladiateur combattant".


On doit supposer que c'est un dépôt du garde meuble, inventorié en 1855.
M Benoit n'en parle pas dans son catalogue de l'exposition de 2005 à Versailles, cela semble donc bien un dépôt du Second Empire. Reste à en retrouver l'origine.

Si j'ai retrouvé dans le catalogue de Claire Constans le Moïse d'après Michel-Ange, fondu par Ingé en 1843 pour le service du Grand Trianon, le gladiateur m'échappe pour l'instant.

Encore un autre exemple de représentation de Méduse conservé dans les collections du château :
la figure de Minerve vêtue d'une cuirasse ornée de la tête de Méduse
du grand tableau de François Lemoyne, Louis XV donnant la Paix à l'Europe (salon de la Paix).


Nº d'inventaire: MV 2091
Lemoyne, François (peintre)
Date de création : 1729 (XVIIIe siècle)
Dimensions : 382 x 295 cm
Matière et technique : huile sur toile

Historique : est mentionné comme nécessitant un rentoilage, 19 juillet 1850 ; mentionné dans le Salon de la Paix, 1967 ; restauration, 1970 ; restauration,1980-1981.

Louis XV commande en 1728 à François Lemoyne un grand portrait allégorique pour faire pendant, dans le salon de la Paix, au bas-relief en stuc de Coysevox représentant Louis XIV placé dans le salon de la guerre. Le jeune roi tend un rameau d'olivier, symbole de paix, à une allégorie de l'Europe. Il s'agit d'une rare représentation de Louis XV en empereur romain, à l'imitation de Louis XIV peint par Le Brun sur la voûte de la galerie voisine. J.T.

Sujet connexe : Salon de la Paix

Petit complément bibliographique :

https://store.metmuseum.org/dangerous-beauty-medusa-in-classical-art-80042868

Plomb sculpté d'un pavillon du bosquet de la Renommée (ou des dômes). Cette sculpture est présentée dans le cadre de l'exposition Jean II Cotelle au Grand Trianon (12/06/18 au 16/09/19).


Bouclier orné d'une tête de Méduse

Sujet sur l'exposition ICI

J'ai pu lors de ma visite au Met parcourir cette petite merveille d'exposition-dossier consacrée à Méduse au travers des âges, et dont j'ai mentionné le catalogue plus haut.


Le site très bien fait de l'exposition :

https://www.metmuseum.org/exhibitions/listings/2018/dangerous-beauty

La page à partir de laquelle on peut découvrir en détail 61 des objets présentés :

https://www.metmuseum.org/exhibitions/objects?exhibitionId=%7Ba5d24936-6862-4f74-89bd-a199111fdfd4%7D#!?offset=0&perPage=20

Vu dans le petit appartement de l’Empereur à Fontainebleau :

J'y ajoute ces beaux verrous à têtes de vestale, figurant dans la même pièce :

Pour les plus curieux, nous sommes ici :

Il est intéressant de constater qu’à Fontainebleau Napoléon a tenu à respecter le plus possible l’état Louis XVI des décors en faisant utiliser des motifs fin XVIIIe pour de simples targettes et des boîtiers de serrure.
Seul un bouton poussoir sur le bloc serrure trahit la période Empire.