Complément :
Essonne : un musée à l’école Polytechnique pour exposer ses trésors
La prestigieuse formation d’ingénieurs inaugure en mai 2018 un tout nouvel espace.
Le grand public pourra y découvrir ses encyclopédies, livres et instruments scientifiques anciens. Ainsi que ses différentes tenues.
Encore plus grisant que de découvrir une mallette dans le grenier de ses grands-parents. L’école Polytechnique inaugure son nouveau musée à Palaiseau. A partir de lundi, le grand public aura accès gratuitement aux collections du prestigieux établissement. Depuis 224 ans, l’X s’est constitué des collections historiques exceptionnelles : des ouvrages et encyclopédies scientifiques du XVIIIe siècle, des œuvres d’art léguées ou réalisées par d’anciens élèves, ou encore des instruments scientifiques incroyables.
« Autant de trésors auxquels le grand public n’avait pas accès », regrette Hubert Lévy-Lambert, président de l’association Amusix et chargé par Jacques Biot, le président de Polytechnique, de créer le musée. « Réalisé en moins de deux ans et avec un budget de 2,2 M€, il retrace l’histoire de l’école, mais aussi l’histoire des sciences. »
Et l’histoire tout court. Car qui se souvient que l’X a été créé en 1794 ?
Après la Révolution, la France est bouleversée. Les universités ont été vidées ainsi que les écoles réservées à la noblesse. Il faut rapidement faire face à la pénurie d’ingénieurs et de cadres supérieurs pour remettre le pays sur les rails, de la République bien sûr.
EN IMAGES. Découvrez les trésors de l’école Polytechnique
http://www.leparisien.fr/essonne-91/essonne-un-musee-a-l-ecole-polytechnique-pour-exposer-ses-tresors-31-05-2018-7746024.phpL’école créée en 1794 en pleine pénurie d’ingénieurs
Un décret du 11 mars 1794 crée l’Ecole centrale des travaux publics, qui devient l’Ecole polytechnique en 1795. La première promotion abrite 400 élèves. Reçus à un concours – « c’est une première en France » insiste Marie-Christine Thooris, du centre de ressources historiques de la bibliothèque centrale de l’X – ils sont issus de toute la France et de tous milieux.
S’ils suivent leurs cours dans les dépendances du Palais Bourbon, ils sont logés chez de « bons citoyens » parisiens. Souvent très indisciplinés à l’extérieur, les élèves sont « encasernés » par Napoléon Ier en 1804. « C’est Bonaparte qui militarise l’école pour mieux avoir la main sur les élèves, raconte Marie-Christine Thooris. Il l’installe sur la montagne Sainte-Geneviève, toujours à Paris. Et lui apporte son drapeau et sa devise : Pour la patrie, les sciences et la gloire, gravée dans la pierre comme on peut le voir au musée. »
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Ce microscope réalisé en 1757 par Alexis Magny, opticien du roi,
Achat de Louis XV ?
Collections de l'Académie royale des sciences ?
Saisie révolution chez le Duc d'Harcourt, gouverneur du Dauphin
les bronzes sont de Philippe Caffieri
© Collections École polytechnique/Jérémy Barande. Sur les plus de 900 m2 d’exposition, le visiteur a de quoi s’émerveiller.
Comme avec la plus belle des 300 pièces exposées : le microscope réalisé en 1757 par Alexis Magny, opticien du roi Louis XV. Mais il y a aussi l’ancêtre de la radiologie, des archives historiques, les différentes tenues adoptées par l’établissement…
Ou encore l’indicateur de vitesse Étévé. Un instrument qui ressemble à une sorte de grosse équerre. « Ce petit appareil a l’air de rien, sourit Marie-Christine Thooris. Il a pourtant permis de sauver de nombreuses vies. Car une fois qu’Albert Étêté, élève à l’X en 1900, l’a mis au point, cela a permis de corriger l’instabilité des premiers aéroplanes. Et il a évité les crashs des avions si nombreux à l’époque. »
Grâce à la mise en scène du muséographe Altermuseo, le public peut s’immerger dans l’ambiance de travail de certains très grands scientifiques formés à l’Ecole polytechnique. Les bureaux de Louis-Joseph Gay-Lussac (physicien connu pour ses études sur les propriétés des gaz) et Louis Charles de Saulces de Freycinet (ingénieur et homme d’Etat) ont été reconstitués.
La fin de la visite se termine par dix-sept bustes et quinze portraits d’élèves ou enseignants illustres de l’X. Ceux de Valéry Giscard d’Estaing, Nathalie Kosciusko-Morizet n’y figurent pas. Comme l’industriel André Citroën, le fondateur de l’Express Jean-Jacques Servan-Schreiber ou encore le mathématicien Henri Poincaré, ils font pourtant partie des Polytechniciens célèbres. Plus de deux cents ans après sa création, la « poule aux œufs d’or » de Napoléon continue à produire de belles couvées.
Le musée se trouve dans les locaux de la bibliothèque de l’école Polytechnique, route de Saclay à Palaiseau.
Ouvert du lundi au vendredi de 9 heures à 17 heures. Entrée libre.
Renseignements sur
www.polytechnique.edu.