Sévres, exposition du bicentenaire Merveilles ! 2024-2025

Le Musée national de Céramique souffle joyeusement ses 200 bougies avec une exposition intitulée Merveilles !, du 11 octobre 2024 au 10 mars 2025.

Le Musée abrite près de 50 000 œuvres, de la céramique bien sûr, mais aussi des arts graphiques, des peintures et même des échantillons de matières premières.
De ces fabuleuses collections, datant de la Préhistoire à nos jours et provenant des cinq continents, seule une infime partie est aujourd’hui accessible au public.
Extravagants, virtuoses ou insolites, plus de cinq cents objets sortis des réserves racontent en dix tableaux surprenants, l’histoire de ce musée atypique.
Transformé en cabinet de curiosité idéal, le Musée propose aux curieux de tous âges des rendez-vous mensuels réjouissants.

COMMISSARIAT
Directrice du musée : Céline Paul
Commissariat général : Anaïs Boucher
Commissariat scientifique : Anaïs Boucher, Judith Cernogora, Delphine Miroudot, Christine Vivet-Péclet et Viviane Mesqui

Une très évitable création contemporaine gigantesque, gonflable et étrange célèbre le grand feu.

L’exposition est principalement composée d’œuvres sorties des réserves, selon les  organisateurs.
Une œuvre de la manufacture du compte d’Artois colle parfaitement à l’actualité. Hasard de calendrier ou clin d’œil ?

l'occasion aussi de voir quelques belles pièces de la "Manufacture royale des porcelaines de France" comme on disait à l'époque,
comme ce service Déjeuner dit égoîste ou encore Cabaret peint de trophées champêtre ou musicaux à la riche dorure dont on aimera connaitre l'histoire :

ou encore le triomphe de la beauté, terre cuite modèle préparatoire à un biscuit de Sèvres de 1776 d'après Louis Simon Boizot :

Il est intéressant de constater que la reliure illustrée plus haut par Lebrun est maintenant donnée à la manufacture du comte d’Artois après avoir été longtemps présentée au musée à la suite de sa préemption en 1975 à la dispersion de la bibliothèque de Sir Robert Abdy comme une production de Sèvres.
Ce changement d’attribution ( l’exposition est-elle accompagnée d’un catalogue qui l’expliciterait ? ) doit reposer sur la découverte d’un document d’archives, un examen stylistique plus approfondi de l’œuvre, et me semble en tout cas étayé aussi par le fait que le catalogue de la vente Abdy indiquait comme propriétaire antérieur Jaime de Borbón, duc de Madrid, lequel descendait en droite ligne de Charles X par sa mère.
Une reliure quasi identique est passée en vente à Drouot en 2018, là encore donnée à Sèvres par le catalogueur, qui en plus localisait l’exemplaire de la Cité de la céramique à la BnF…

Bonsoir, je peux vous apporter quelques précisions sur l'exemplaire du livre à couverture de porcelaine autrefois dans les collections de Don Jaime de Bourbon. A la mort de la comtesse de Chambord en 1886, il avait hérité du château de Frohsdorf et des collections qu'il abritait, dont une très grande partie provenaient des anciennes collections royales françaises. on y trouvait notamment la très importante bibliothèque du comte de Chambord, comportant plus de 15 000 volumes.
Quelques années après la mort de don Jaime, en 1931, les collections de Frohsdorf commenceront à être vendues. En 1935, c'est ainsi que la librairie anglaise Maggs Bros va acheter l'intégralité de la bibliothèque. Elle fera ensuite rédiger plusieurs catalogues et exposera une partie des œuvres dans quelques villes, dont Paris en 1936. Venu à l'exposition, le journal La Croix du 3 avril 1936 écrit : " Exposition des souvenirs du comte de Chambord. les visiteurs sont nombreux dans les salons de Maggs Bros, grands libraires en Angleterre et en France, 93-95 rue de la Boétie à Paris VIII°, pour y voir les portraits, les gravures, les souvenirs et les livres provenant du château de Frohsdorf, ayant appartenu au comte de Chambord, auxquels s’ajoutent des pièces de collections prêtées par leurs possesseurs. Les visiteurs se penchent avec intérêt sur les vitrines à cette exposition si évocatrice et touchante à la fois. (...) les reliures sont des merveilles : chagrin rouge orné de dentelles d’or et d’armoiries. L’une d’elles retient l’attention car elle est en porcelaine de Sèvres à fond blanc datée de 1785, avec les armes de Louis XVI en or.".
Cet ouvrage est également mentionné par Brunet lors de l'exposition: " La pièce la plus extraordinaire parmi les reliures aux armes de Louis XV, de Louis XVI, de Louis XVIII, de Charles X, était certainement la reliure en porcelaine de Sèvres, à fond blanc avec décor, titres, armoiries de Louis XVI peints en or et à dos de maroquin rouge fleurdelisé. C’est le seul des trois exemplaires connus qui soit intact, dans son étui de l’époque.".
Lors de la vente de 2018, il était écrit que l'exemplaire conservé à Sèvres était celui provenant de don Jaime et, donc, de Frohsdorf. Il resterait donc un exemplaire à localiser et lire le nouveau catalogue pour connaitre les informations permettant d'attribuer ces ouvrages à la manufacture du comte d'Artois.
Cordialement,

Merci à vous, Cher Maréchal, pour cette mention de l’exposition itinérante avant vente de 1936. La bibliothèque de l’INHA ne semble malheureusement pas posséder l’intégralité des catalogues de ces vacations.
En tout cas, la reliure anciennement en possession du comte de Chambord à Frohsdorf et qu’il tenait peut-être de son grand-père, à savoir celle vendue par les héritiers du duc de Cadix en 1936, me semble être celle ayant figuré ensuite dans les collections de Sir Robert Abdy et préemptée par Sèvres en 1975.
Comme la BnF ne possède pas de reliure de ce type à ma connaissance, reste à savoir quel pouvait être ce troisième exemplaire auquel Marcelle Brunet faisait référence en 1936.