Exposition Mme Elisabeth à Montreuil

C'est également le printemps à Montreuil où les jardiniers préparent un jardin médicinal devant l'orangerie.
Photo © Juliette Trey.

Cette exposition aura aussi le mérite de faire sortir des réserves de Sèvres ces vases chinois :


(c) Juliette Trey

Curieux cher Lebrun,

Ces vases ont-il un rapport avec Mme Elisabeth ?
Voila qui serait une bien belle découverte...

Et voilà, les dernières oeuvres retenues pour l'exposition sont arrivées à Montreuil !
Parmi lesquelles, ce buste en marbre de Joseph Bosio conservé à l’Institut de France, daté de 1824.
(Je constate avec plaisir qu'il a été nettoyé!)

Élève de Pajou puis de Canova, Bosio est le premier sculpteur du roi en 1822. Sous la Restauration, il se spécialise dans l’iconographie des Bourbons et des figures liées à la défense de la monarchie.
Le buste de Madame Élisabeth se rattache à cette production qui comprend également la Statue équestre de Louis XIV pour la place des Victoires. Presque allégorique, l’image de la princesse y est traitée avec beaucoup de sobriété, seul un manteau d’hermine signale son rang. Le buste est financé par le baron de Montyon, chancelier du futur Louis XVIII avant la Révolution. En 1820, ce philanthrope lègue à l’Institut de France une somme d’argent pour y instituer trois prix, dont celui de la vertu, et fait sculpter un buste de Madame Elisabeth avec l’inscription « À la vertu ». (extrait de la notice)

Demain, inauguration de l'exposition ! (compte-rendu mercredi)

GM a écrit :

Citation :

En 1820, ce philanthrope lègue à l’Institut de France une somme d’argent pour y instituer trois prix, dont celui de la vertu

Je gage que ce prix n'est plus aussi souvent décerné qu'au moment de sa création ;-)

A quelques heures de l'inauguration de l'exposition, voici l'avant-propos de Béatrix Saule, Directeur du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon


C’est une Madame Élisabeth amusante et attachante, autant que pieuse et lucide, que l’on découvrira à l’évocation de ces années passées par la princesse entre cour et campagne, entre le château de Versailles et son domaine de Montreuil.

Sans récuser la figure admirable de courage et de fidélité envers sa famille et ses amis que nous livre une abondante bibliographie confinant souvent à l’hagiographie, le commissaire de l’exposition, Juliette Trey, la benjamine de la conservation du château et très prometteuse spécialiste des peintures du XVIIIe siècle vient ici restituer, dans une visée plus historique que mythique, le vrai visage de cette princesse ou plutôt les différents visages de Madame Élisabeth. Ciblé sur la jeunesse heureuse, ce portrait fait, par contraste, ressentir davantage encore le caractère tragique du destin que l’Histoire réservait à la plus jeune des sœurs de Louis XVI.

Ainsi, originale dans son objet même, cette approche l’est aussi dans sa forme, puisque voici la première grande exposition consacrée à Madame Élisabeth. Conçue comme un diptyque, la présentation s’attache, d’abord dans la demeure, à faire revivre les lieux, y mettant en valeur les décors hérités de Madame de Guéméné, y replaçant le mobilier d’alors, y évoquant les sages divertissements ou les insignes visiteuses qu’ils accueillaient, pour ensuite, dans l’Orangerie, retracer la vie de la princesse et l’histoire du domaine.

C’est le fruit d’un travail qui s’est, bien sûr, étayé sur un dépouillement attentif des sources premières, tels les papiers conservés dans les archives, la correspondance (si spontanée) de la princesse ou les témoignages de la marquise de Bombelles, sa fidèle « Bombe », mais également sur une quête opiniâtre, tant dans les collections publiques que privées, des représentations peintes, dessinées ou gravées, des pièces de mobilier ou des objets lui ayant appartenu. En bref, toutes les sources de la connaissance historique – non seulement les textes et les images mais aussi les objets et les lieux – ont été exploitées selon un principe cher au Centre de recherche du château de Versailles dont le Conseil général des Yvelines, l’un des membres fondateurs, accompagne avec fidélité toutes les activités.

Enfin, bien au-delà de son caractère monographique, c’est l’image d’une société de cour aux réflexes immuables jusqu’au bord du gouffre que nous restitue l’exposition.

De belles découvertes dans cette exposition ! Je vous laisse les découvrir à partir du 27 avril.
Pour les puristes, la voyeuse du salon rachetée par les Kraemer a été magnifiquement restaurée par ces dernier ! Une résurrection !

Je suis impatient de découvrir tout cela.
Juliette Tray est en effet "prometteuse". Le château lui doit déjà d'importantes acquisitions souvent faites à bon compte, car fruits de sont travail, comme le dernier Nattier.
L'exposition sera-elle l'occasion de quelques emplettes pour le château ?

Cher Ragondin,

Des acquisitions ont déjà été effectués en vue de cette exposition, bien en amont il est vrai,
en particulier les sièges provenant de Montreuil achetés par Versailles désormais dans les attiques du petit Trianon.
Ils sont présentés à l'expo (cf le site du chateau consacré à l'expo).

D'ailleurs le portrait de la Dauphine, mère de Madame Elisabeth, par Natter, n'est-il pas la dernière acquisition en date ?

On aurait pu espérer celle du pliant des Tuileries passé en vente l'année dernière et signalié ici même par Lebrun.

En revanche, nul doute que cette exposition permettra de faire sortir de l'ombre des oeuvres en rapport avec cette princesse, à l'image du fauteuil Crécy-Pompadour...

Hier soir, entre 6 heures et neuf heures, avait donc lieu l'inauguration officielle de l'exposition.
Deux autres membres du forum étaient également présents : Pierre-Adrien, et Lebrun qui a pris beaucoup de photos.
Notre cher Lebrun m'a demandé d'éditer son reportage photographique, des images qui me sont le support idéal pour le petit compte-rendu que j'avais l'intention de faire.
Je l'ai en grande partie nourri des notices explicatives relevées sur place.

Voici tout d'abord les extérieurs de la maison de Madame Elisabeth, baignés de la belle lumière de ce soir de printemps. (Nous sommes aux environs de 7 heures.)








Et maintenant, si vous le voulez bien, entrons !

Nous franchissons le vestibule et nous entrons dans la première salle où nous sommes symboliquement accueillis par Madame Elisabeth.

Une silhouette porte une robe confectionnée pour l’exposition d’après le tableau de Charles Leclercq, Madame Elisabeth jouant de la harpe.
Exécutée l’année où Louis XVI offre Montreuil à sa sœur, cette petite huile sur toile met en avant les talents de musicienne et le rang du modèle. La princesse est vêtue d’une robe à la polonaise, très à la mode à la cour à cette époque.

Deuxième salle.

La Demeure de Montreuil, située à l’époque dans un village à proximité de Versailles, est une maison de campagne.

Le mobilier y est donc plus simple que celui habituellement présent dans les résidences royales. Dans ce grand salon sont réunis les chaises et bergères en bois peint commandés aux ébénistes Jean-Baptiste Boulard et Jean-Baptiste-Claude Séné pour les logements réservés aux invités dans les communs.
Ces sièges sont encore couverts pour leur grande majorité par les tapisseries brodées par Madame Élisabeth et son entourage. Une table à ouvrage attribuée à David Roentgen et des sujets en biscuit de Sèvres évoquent aussi cet esprit de simplicité.
Un portrait attribué à Elisabeth Vigée Le Brun représente Madame Elisabeth vêtue de manière très sobre.






Rouet à soie donné à la merquise de Lastic par Madame Elisabeth (château de Parentignat, Puy de Dôme)






Il est également possible de toucher les matériaux. Des échantillons sont à disposition des visiteurs ainsi que des bornes à parfum.

Troisième salle : Le salon turc

Comme vous le savez, Montreuil appartenait à son ancienne gouvernante, la princesse de Guéméné. Ruinée, celle-ci a vendu la maison meublée.

En 1788, le réaménagement de la demeure fut engagé. Les dépenses furent volontairement limitées, et le mobilier de Madame de Guéméné le plus souvent conservé.
Des commandes furent passées aux fournisseurs de la cour, comme la chaise voyeuse à l’étrusque livrée pour ce salon par Jean-Baptiste Sené.

(photos des cartels d'explication en bas de page)

Le salon turc évoque les journées paisibles de la princesse autour des jeux, de la musique – la harpe est alors très en vogue -, sans oublier le temps consacré aux échanges épistolaires avec les amies.

Quatrième salle : Le salon de compagnie.


Avec ses sièges en bois doré et ses soieries, le salon de compagnie constitue la plus riche pièce de toute la maison.
Il rappelle que Madame Elisabeth demeure une princesse, malgré sa vie simple à Montreuil.

Les meubles rassemblés dans cette pièce sont l’œuvre d’ébénistes de renom travaillant pour Versailles : bergères de Jean-Baptiste Séné recouvertes de soieries aux motifs en arabesques, table à écrire par Jean-Henri Riesener – probablement livrée pour Madame Elisabeth au Petit Trianon -.
Exposé dans ce salon, son portrait réalisé par Adelaïde Labille-Guiard la représente très élégamment vêtue.


Biscuits de porcelaine dure : La Mélancolie, d'après Falconet, et La Méditation, d’après Boizot.
Pendule "à dessin d'architecture", avec deux génies se couronnant. 1778

Cinquième salle : Silhouettes champêtres

Malgré le statut royal de l’occupante des lieux, le protocole à Montreuil est moins formel qu’à la cour. La princesse et ses amies s’habillent de manière plus « décontractée ».

Les vêtements dits de négligé sont adaptés au style de vie campagnard. Taffetas de soie légers ainsi qu’étoffes matelassées et indiennes sont en vogue, comme en attestent les échantillons de la Gazette des Atours de Madame Elisabeth.

Depuis la fin des années 1770, la tendance vestimentaire de l’aristocratie française est à la simplicité, au naturel et au confort, à l’image des costumes mannequinés réunis dans la vitrine : robes en chemise, petites vestes – ou caracos – rayés, éventails …

Les portraits de Madame Royale et du dauphin, peints par Elisabeth-Louise Vigée Le Brun attestent de cette évolution vestimentaire.







(à suivre ...)

Et maintenant, partons à l'orangerie où se poursuit l'exposition.





Nous traversons le jardin des plantes médicinales récemment planté (voir photo des travaux plus haut)






Plan de l'exposition, sur deux niveaux.



Quelques photos de notre cher Lebrun :


Espace 1 : Naître fille de France

La première salle présente l’arbre généalogique de la princesse à travers les portraits de sa famille:

ses grands-parents paternels Louis XV et Marie Leszczynska, ses parents le dauphin Louis et Marie-Josèphe de Saxe, ses trois frères – le duc de Berry (futur Louis XVI), le comte de Provence et le comte d’Artois…

Sans oublier sa sœur Clotilde, avec qui elle est éduquée, et sa tante Madame Louise, dont elle semble un temps vouloir partager la vocation religieuse.

Un portrait par Joseph Ducreux présente Elisabeth enfant, un petit carlin dans les bras : à quatre ans, elle est déjà orpheline de père et de mère.









Espace 2 : L’éducation de la princesse










Dans l'espace 3 : Le cadre de Montreuil est évoqué à travers les projets d’aménagement, conçus à partir de 1788 pour transformer le bâtiment et compléter le mobilier. L’architecte Jean-Jacques Huvé élabore de nouveaux plans. Et l’Intendant du Garde-Meuble de la Couronne prépare le réaménagement des décors et mobiliers.





Espace 4 : La bonne dame de Montreuil



Un tableau de grand format, réalisé par Fleury Richard en 1817, représente Madame Elisabeth assistant à la distribution du lait aux enfants de Montreuil. Entourée d’amies proches, dont ses dames d’honneur, Madame Elisabeth écrit, lit, s’épanouit. Un portrait d’Elisabeth Vigée Le Brun la dépeint « au naturel », les bras chargés de fleurs.










Espace 5 : Les divertissements d’une princesse

A 14 ans, Madame Elisabeth dispose de sa propre Maison. Regroupant l’ensemble des personnes à son service dont les « dames pour accompagner », la Maison de la princesse est dirigée par une dame d’honneur, Diane de Polignac. Au nombre de 8 en 1778, les dames sont 16 en 1789.

La princesse est très proche de certaines d’entre elles, comme la marquise de Lastic ou la marquise de Bombelles. Madame Elisabeth les associe à ses divertissements et leur distribue de nombreux cadeaux, comme des portraits en miniature. Elle entretient avec ses dames une correspondance soutenue, au ton souvent drôle et léger. Conservées en partie, ces lettres nous livrent de précieuses informations sur la personnalité et la vie de Madame Elisabeth.






(Espace 6 : Les Tuileries; Espace 7 : La prison du Temple; Espace 8 : le culte et la légende)


Les deux ex-votos déposés à Chartres (présentés plus haut).

Le soir tombe sur Montreuil ...


Fin du reportage photographique de notre cher Lebrun.

Beaucoup de conservateurs participaient à cette inauguration de cette exposition organisée "de A à Z" par madame Trey qui a recueilli des éloges et des compliments amplement mérités!

Merci pour ce reportage qui est enchanteur et ma foi, fort bien fait. Nous avons bien de la chance de nos jours, de voir se réunir des ensembles aussi significatifs dans la vie ordinaires de nos princes. Bien entendu les chef-d'oeuvres sont passionnants, mais pouvoir ici, entrer dans leur intimité, complète admirablement la repr"sentation que l'on peut se faire de leur vie.

Délicieuse exposition qui nous plonge dans l intimité de cette Princesse et en plus dans le cadre miraculeusement préservé de sa demeure !!
Grand merci a vous , Grande Mademoiselle , pour ce reportage qui nous incite a aller voir de plus prés cette belle exposition
Chevalier d Auteuil

Cher Noisy, la chaise est bien là mais vous le constaterez de visu sa ceinture, à la différence des autres sièges, n'est pas ornée d'un semi de fleurs mais plus simplement "brettée".

Merci chers Le Brun et Grande Mademoiselle pour ce beau reportage.

Merci Grande Mademoiselle (et cher Lebrun) pour ce reportage, voisin de cette demeure de Montreuil, je vais la parcourrir moult fois.

Un diaporama sur l'exposition publié par Le Parisien :

http://www.leparisien.fr/loisirs-et-spectacles/en-images-versailles-elisabeth-la-petite-soeur-de-louis-xvi-vous-invite-chez-elle-24-04-2013-2755281.php?pic=13#infoBulles1

Il s'agit de photos d'oeuvres extraites de la présentation de l'exposition sur le site du Conseil Général des Yvelines.
En revoici l'adresse : http://elisabeth.yvelines.fr/

Les photos y sont accompagnées de fiches explicatives détaillées.
La navigation est très agréable sur ce site qui est fort complet (illustré de plans ...), et permet de bien préparer sa visite.
...

Madame Elisabeth est prête pour accueillir ses premiers visiteurs ! Photo de Juliette Trey (26/04/2013).


Coiffée d’un chapeau de paille fleuri, une brassée de fleurs entre les mains, Madame Élisabeth apparaît ici en belle jardinière. Il s’agit du premier portrait qu’Elisabeth Vigée Le Brun, peintre attitrée de Marie-Antoinette, livre de la princesse, probablement à la demande de la reine. Le second est réalisé l’année suivante. Ce tableau est une réplique de l’original de 1782, aujourd’hui perdu. Vigée Le Brun y rend toute la fraîcheur du modèle, alors âgé de dix-huit ans, aux formes rondes et aux joues rouges. Source : Élisabeth Vigée Le Brun

« Les traits de cette dernière n’étaient point réguliers ; mais son visage exprimait la plus douce bienveillance, et sa grande fraîcheur était remarquable ; en tout elle avait le charme d’une jolie bergère. »

En complément de présentation, un court reportage réalisé par TVFIL78 - La télévision locale de Saint Quentin en Yvelines.


Et l'émission de Franck Ferrand


Ses invités:

- Hélène BECQUET Agrégée d'histoire et docteur en histoire de l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne, chercheur associé à l'Ecole nationale des chartes, enseigne à l'IEP Sciences-Po Paris

- Anne BERNET Historienne, journaliste

- Alain SCHMITZ Président du Conseil général des Yvelines

http://www.europe1.fr/MediaCenter/Emissions/Au-coeur-de-l-histoire/Sons/L-INTEGRALE-Mme-Elisabeth-saeur-de-Louis-XVI-1495783/

En regardant les photos de l'exposition, je note que la garniture de la bergère de Versailles diffère de la garniture de celles du Louvre. J'ai une préférence pour ces dernières. Je trouve notamment le coussin de la bergère de Versailles assez mesquin et préfère aussi les accoudoirs plus "durs" des bergères du Louvre. Qu'en pensez-vous ? Cela signifie également, compte tenu du prix des soieries, qu'il n'est pas prévu, même à moyen terme, de réunir ces trois sièges.