France Info Quand le château de Versailles tombait en ruine

Quand le château de Versailles tombait en ruine (1950)

Histoires d'Info par Thomas Snégaroff vendredi 18 septembre 2015


Au début des années 1950, André Cornu, secrétaire d’État aux Beaux-Arts, lance un appel: "Il faut sauver le château de Versailles", un appel bientôt, et heureusement, entendu.

Retour au tout début des années 1950. Le drapeau nazi ne flotte plus sur le château de Versailles, les soldats allemands et la défense anti-aérienne ont quitté la cour d’honneur du château, mais le chef d’œuvre du classicisme français est en mauvais état. En très mauvais état même. Il faut  "sauver Versailles". Les Actualités s'inquiètent :

   "Versailles, nom prestigieux, accueille chaque année trois millions de visiteurs et pourtant, les splendeurs de son architecture cachent une profonde misère. Atteintes par la maladie de la pierre, les balustrades s'effritent, tandis que des hectares de toitures laissent en de nombreux endroits filtrer l'eau qui détériore le gros œuvre...Il faut sauver Versailles."

La guerre n’a fait qu’empirer les choses. Le lent délabrement du château a commencé le 6 octobre 1789, lorsque Louis XVI et la famille royale ont quitté Versailles pour Paris. Contrairement à ce que l’on pense parfois, le château n’est pas pillé ou dégradé par le peuple en furie. Non, il se fane doucement, presque inexorablement.
Dans un article écrit en 1871, Emile Zola écrit:

    "Le château agonise : la sève de la vie ne monte plus dans ses pierres qui s’émiettent ; la ruine vient, implacable, rongeant les angles, descellant les dalles, faisant à chaque heure, son travail de mort "


L’argent manque cruellement. En 1952, alors que le président Vincent Auriol visite le salon de l'automobile, une grande tombola est organisée pour aider à sauver le château de Versailles !
Mais heureusement, outre les aides publiques qui finiront quand même par arriver, un gros chèque en provenance des Etats-Unis tombe à point nommé :

  "La fortune peut tout aussi bien quelquefois faire des miracles. En signant un chèque de 100 millions, l'un des frères Rockefeller vient de mettre une parcelle de son immense fortune au service de Versailles. Ces 100 millions serviront notamment à la restauration du hameau de la Reine dont les charmantes constructions, toutes frémissantes encore du souvenir de Marie-Antoinette menacent de tomber en ruine faute de crédits"

L’immense chantier de rénovation entamé depuis 10 ans et qui a notamment vu la Galerie des Glaces totalement restaurée en 2007, nous rappelle, fort heureusement, que "la mort du château de Versailles", prophétisée par Zola il y 135 ans n’est pas pour demain…



Pour écouter l’émission (durée 02:24) disponible jusqu'au 13/06/2018 : http://www.franceinfo.fr/player/resource/730763-1651227

Sujet connexe : La sauvegarde de Versailles après la 2de Guerre Mondiale

Cette émission débute par ces mots, je cite :"le drapeau nazi ne flotte plus sur le château de Versailles, et la défense antiaérienne a quitté la cour d'honneur". Il se trouve que j'ai réuni nombre des photographies de cette bien triste période. Sur aucune on ne voit le drapeau des envahisseurs. Je ne les reposte pas, juste un rappel groupé.
La batterie de dca existe bien, mais sur la terrasse.


Je me souviens d'images de la tour Eiffel, où de bâtiments spécialement occupés, affublés ainsi, mais était-ce sur tout les bâtiments publics? sans doute faut-il toujours resté prudent sur des façons de s'exprimer reflétant la réalité mais avec une emphase qui la dépasse parfois.
Je ne dis pas qu'ils n'y a jamais eu de drapeau nazi sur Versailles mais il est curieux que des photos faites par des soldats allemands ne le montrent pas.

C'est drôle comme l'on peut-être tenter de refaire l'Histoire. Le commentateur ajoute que " Le lent délabrement du château a commencé le 6 octobre 1789", alors que précisément jusqu'en 1792, d'importants travaux de remise en état seront menés, profitant de l'absence de la Cour, dont certains plafonds comme celui du salon d'Hercule.
Napoléon a beaucoup dépensé pour la maintenance, quoiqu'on en dise, et Louis XVIII aussi, ce que l'on sait mieux. On ne saurait passer sous silence les interventions sensibles de Questel bien après les travaux de Louis-Philippe.
Qui, de l'absence d'entretien sous al troisième République ou des deux longues guerres que nous avons subies sont-elles les plus responsables des dégâts dont on perle en 1950?

Voici un lien vers une une vidéo trouvée sur le site La Seconde Guerre mondiale — Film d’archives, en noir et blanc.

Le drapeau nazi flotte sur Versailles et Paris Paris, France, Juin 1940 [allemand, 1:24]

http://www.ushmm.org/wlc/fr/media_fi.php?ModuleId=8&MediaId=368

Un drapeau à l'emblème de la svastika flotte sur le château de Versailles, où le destin allemand fut scellé en 1871 et où l'humiliation allemande fut consommée en 1918. Paris, le but longtemps désiré, est à nous. Le coeur et l'âme de la France, le centre de l'industrie militaire française, le lieu de naissance de la démocratie et du libéralisme, est maintenant dans les mains allemandes. Le drapeau militaire du Reich est hissé sur la tour Eiffel...

Oh merci Grande Mademoiselle
Ce n'était donc pas permanent, mais déjà bien assez triste.

J'ai trouvé dans les souvenirs de Ladoué, qui succéda à Brière, mention de la mise en place du drapeau, corroboré par le petit documentaire Grande mademoiselle. Ce qu'écrit Ladoué devait être le 15 juin 1940.


Une petit anecdote du même ouvrage, peu de temps avant, rapportée par le conservateur serait charmante si elle n'avait pas pour cadre ces heures épouvantables de notre histoire. Le premier soldat à faire ouvrir les grilles, absolument pas francophone, sortit une petite glace de sa poche. Ladoué compris tout de suite qu'il voulait vor la galerie des glaces.

À la suite d'articles parus dans l'hebdomadaire L'Illustration (février 1923)6, John D. Rockefeller Jr. fait un don d'un million de dollars (soit plus de 125 millions de francs de l'époque) à la France pour restaurer un certain nombre d'édifices, dont Versailles. On s'aperçoit alors qu'une grande fortune privée permet des réalisations autrement considérables : commencés en 1925, les travaux payés par Rockefeller concernent les façades et toitures du château, des ailes des Ministres, la restauration de l'Orangerie, des Trianon, du théâtre de la Reine, du Hameau et des jardins.

Sans que le mécénat associatif soit pour autant négligé, les grands mécènes privés constituent, dès lors, un objet de convoitise pour les responsables de Versailles et les pouvoirs publics. En 1949, le secrétaire d'État aux Beaux-Arts André Cornu lance une campagne Sauvegarde de Versailles et obtient des fils de John D. Rockefeller Jr., à la mémoire de leur père, la somme de 100 millions de francs de l'époque pour de nouveaux travaux au Petit Trianon, au Hameau et au Pavillon français.

Voici une photo malheureusement non datée, mais dont je pense qu'elle concerne la seconde donation de 1936 des fils Rockefeller en souvenir de leur père.

Merci monsieur Roger-Ravily pour cette riche documentation comme toujours. Dans l'énumération des gestes heureux qui ont permis de valoriser le château après la guerre nazi, il ne faut pas oublier il me semble la grande exposition de 1955 consacrée à Marie-Antoinette et pour laquelle s'est tant dévouée Lilianne de Rothschild.