Exposition Israël Silvestre au Louvre en 2018

Le département des Arts graphiques conserve un fonds exceptionnel de feuilles d’Israël Silvestre (1621-1691), constitué d’une centaine de dessins et de plus de quatre cents estampes et quatre-vingt-huit planches de cuivre.
Spécialiste des vues topographiques, Silvestre est l’un des plus importants graveurs du XVIIe siècle.
Du recueil gravé des Stations de Rome et d’une vedute de la piazza del Popolo, avant les réaménagements de Valadier, jusqu’aux perspectives du château de Versailles, en passant par le pont de Grenoble, les principales routes et les hauts lieux fréquentés par les artistes français sont ici illustrés avec une maîtrise consommée des effets, aussi bien du pittoresque que de la majesté.

Encore un pan des collections et de l'iconographie versaillaises à étudier sur le forum.
Avis aux amateurs !!!

Voir également l'excellent site consacré à l'artiste et à sa famille :
http://israel.silvestre.fr/

L’exposition présente à travers 81 oeuvres (principalement des dessins) l’originalité de l’art d’Israël Silvestre, l’un des principaux graveurs français du XVIIe siècle, qui allie avec virtuosité la vivacité du trait et la poésie du lavis d’aquarelle.
Si les gravures de Silvestre ont été largement diffusées, ses dessins demeurent méconnus.

L’exposition s’attache à mettre en valeur le fonds exceptionnel conservé au Louvre, dont de nombreuses feuilles sont présentées au public pour la première fois. La plupart proviennent d’un album constitué au XVIIIe siècle et ont été restaurées pour l’occasion.

L’exposition suit le déroulement de la carrière d’Israël Silvestre, tout en mettant en lumière les principales villes et châteaux qu’il a représentés. Formé à la gravure dans le milieu de Jacques Callot, Israël Silvestre s’est très tôt consacré à la représentation des paysages urbains. Ses premières « vues », pittoresques et de petit format, illustrent aussi bien Nancy, où il est né, que les villes traversées, de Paris à Rome, où il effectue plusieurs voyages.
Les oeuvres de la maturité offrent au contraire de vastes panoramas, montrant la capitale, avec ses fêtes royales et ses transformations.
À la demande de Jean-Baptiste Colbert, surintendant des Bâtiments du roi, Israël Silvestre représente également le profil des villes conquises par Louis XIV en Lorraine et dans les Ardennes. Enfin, ses vues en série des beaux châteaux d’Ile-de-France (Vaux-le-Vicomte, Meudon, Montmorency, Versailles) renouvellent le regard sur l’architecture et les jardins.

Cette exposition est organisée avec le concours de la Bibliothèque nationale de France, de la Fondation Custodia, de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, du Mobilier national et de l’Institut national d’histoire de l’art.

Commissaire(s) : Bénédicte Gady et Juliette Trey, département des Arts graphiques, musée du Louvre.

Parmi les oeuvres sélectionnées : cette Elévation du Château de Versailles, du côté de Paris, conservée au Département des Arts graphiques du Musée du Louvre,
photographiée par Juliette Trey.



Fiche :
SILVESTRE Israël Ecole française

Elévation du Château de Versailles, du côté de Paris
Musée du Louvre, Département des Arts graphiques

INVENTAIRES ET CATALOGUES : Cabinet des dessins, Fonds des dessins et miniatures
INV 33015, Recto. Anciens numéros d'inventaire : NIII15589 MA12514

LOCALISATION : Réserve des grands albums
Album Silvestre Israël Folio 7 rapporté au recto
ATTRIBUTION ACTUELLE : SILVESTRE Israël
TECHNIQUES : H. 00,335m ; L. 00,486m

INVENTAIRE DU MUSEE NAPOLEON :
Inventaire du Musée Napoléon. Dessins. Vol.8, p.1573, chap. : Ecole française, Volume 3. (...) Numéro : 12514. Désignation des sujets : Volume 3 [n° 34] [[à l'encre]]. Ce volume est de forme oblongue et relié en veau. Cote : 1DD40

DESCRIPTION DE L'ALBUM :
Album relié, recouvert de cuir brun très usé, à dos estampé d'or entre chaque nerf. Folios numérotés à la plume et encre brune en haut à droite. H. 0, 470 ; L. 0, 635.

INDEX :
Lieux : Versailles, château, Paris+
Techniques : encre brune - lavis gris - pierre noire - aquarelle - plume
REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT : vol. 13, p. 355

'Ce dessin longtemps attribué à Israël Silvestre nous semble plus proche des études d'Adam Pérelle comme celles de la 'Porte St Denis' (Inv. 33103) ou du 'Parvis de Notre-Dame' (musée Carnavalet D 8240) dont nous retenons l'attribution. [...]

On nous présente ici l'avant-cour du château de Versailles pendant les travaux d'aménagement des logements des secrétaires d'Etat. La construction confiée à un entrepreneur (Gabriel) débute en 1670 [...] L'état des travaux nous permet de dater ce dessin des environs de 1680.' (B. Scart, Musée du Louvre, Cabinet des dessins - Inventaire Général des dessins français, Lettre P, Paris, 1997, R.M.N. n° 964, p. 242-243.)

COMMENTAIRE :
'Nous attribuons cette suite de plans (Inv. 33093 à Inv. 33095) à Adam Pérelle, malgré leur longue appartenance à Israël Silvestre. Déjà Pierre de Nolhac dans son 'Histoire du château de Versailles' (1911) l'attribuait à cet artiste, s'appuyant peut-être sur l'annotation portée au verso : 'desseing (sic) de vue de Perelle'. [...] Nous proposons pour ces quatre plans la date de 1687.' '[...]

La partie de l'aile nord du château qui ne semblait pas achevée dans le dessin précédent (Inv. 33094), fait ici l'objet d'une modification postérieure à l'ensemble du plan, sans doute à la suite du projet ou de la réalisation des travaux de cette aile terminée en 1689.' (B. Scart, Musée du Louvre, Cabinet des dessins - Inventaire Général des dessins français, Lettre P, Paris, 1997, R.M.N. n° 968, p. 245.)

ANCIENNES ATTRIBUTIONS : MEULEN Adam Frans van der

TECHNIQUES : H. 00,276m ; L. 00,447m / encre brune - mine de plomb - plume

Dernière provenance : Eggimann, Charles Mode d'acquisition : achat Année d'acquisition : 1920
Annoté au verso : 'Etudes pour Versailles 4 feuilles n° 58'. Annoté au verso : 'De Versailles n° 41'.
REFERENCE DE L'INVENTAIRE MANUSCRIT : vol. 20, p. 311

Sur la première vue à vol d'oiseau,
on remarquera surtout l'étrange approximation concernant le position du bassin d'Apollon et du grand canal par rapport aux bosquets.
L'auteur s'est peut-être rendu compte, mais un peu tard, que l'ensemble du parc n'entrait pas dans son dessin, d’où ce curieux raccourci.

A comparer avec une autre vue contemporaine (vers 1684).

Dessins d’Israël Silvestre au Louvre : le fini et l’infini
Aurélia Antoni. 15 mars 2018

La France vue du grand siècle. Dessins d’Israël Silvestre célèbre la carrière de l’un des principaux graveurs français du XVIIe siècle, témoin du règne somptueux de Louis XIV. Quand le Louvre explore ses archives, il en extrait des merveilles. Au nombre de quatre-vingt-une, les œuvres mises en lumière représentent villes et châteaux placés sous le signe de la grandeur.


À dix ans, le Lorrain Israël Silvestre part vivre à Paris chez son oncle suite à la mort de ses parents. Dès lors, son destin se trace. Son oncle, excellent dessinateur et ami de Jacques Callot, lui enseigne la technique du trait. En 1663, Silvestre est nommé graveur ordinaire du roi et en tant que tel, est chargé de représenter les demeures royales, les carrousels et jardins. La perfection lui fut enseignée dès le plus jeune âge pour le conduire vers la renommée. Mais l’exposition introduit de nombreux dessins préparatoires à l’estampe qui révèlent les dessous d’une technique infaillible, mais aussi d’un regard perçant sur une réalité grandiose.

Dès l’introduction, les fantaisies de Jacques Callot attirent l’œil par la multitude de positions et par la finesse de trait des divers personnages d’époque : hommes, femmes, soldats, musiciens… qui influenceront ultérieurement la pratique d’Israël Silvestre.

En Italie, l’artiste poursuit sa formation d’excellence sur le terrain, esquissant parfois des plans d’architectures à l’encre brune sans grande précision de trait. À l’inverse, son panorama Vue du forum depuis le Colisée frappe par les détails et la technique de représentation tant architecturale que végétale.


Après une première rencontre en Italie, c’est à Vaux-le-Vicomte qu’Israël Silvestre retrouve son ami Charles le Brun, décorateur du château. Il y représente les jardins sur plusieurs niveaux de Le Nôtre. Grâce à une perspective excellente, un traitement maîtrisé des tons en fonction de la profondeur et des personnages expressifs aux échelles variées, le travail est immersif et lui ouvre la voie des commandes royales.

De retour à Paris, Silvestre représente sur des pages imposantes les embellissements urbains commandés par la Monarchie. À Versailles, ses dessins de fêtes royales sont de véritables délices pour les yeux, tant ils illustrent l’ordre et le faste inhérents au roi soleil.

Dans le cadre de son rôle de graveur ordinaire du roi, il est envoyé en Lorraine et dans les Ardennes par le ministre Jean-Baptiste Colbert, pour représenter les villes frontières conquises par la Couronne. Avec l’emploi léger de lavis colorés, des forteresses aux contours nets et le mouvement des cavaliers au premier plan, une atmosphère militaire règne, de manière presque cinématographique.

De son amitié avec le premier peintre de Louis XIV, Charles le Brun, naît une série de vues de la maison de plaisance du peintre du roi à Montmorency. Les vues des quatre façades rendent compte d’une architecture idyllique et l’une d’elles fut d’ailleurs transmise au Dauphin, fils aîné de Louis XIV, dont il fut le maître à dessiner. La version copiée du Dauphin est à admirer juste au-dessus de celle de son enseignant.

À l’occasion du Cabinet du roi, entreprise éditoriale menée par le ministre Jean-Baptiste Colbert et l’homme de lettres Charles Perrault pour mettre en scène la gloire de Louis XIV, Israël Silvestre effectue de nombreuses gravures des plans du château de Versailles et de ses façades. En parallèle, les perspectives « à vol d’oiseau » d’Adam Pérelle impressionnent par leur profondeur immersive. Les plaisirs de l’île enchantée, série de grandes fêtes versaillaises se déroulant sur trois journées, sont représentées par Silvestre de manière organisée et harmonieuse.



À Meudon, le parc et le château du marquis de Louvois fascinent par leur apparence de jardin suspendu due à un admirable emplacement géographique. Israël Silvestre rend compte de cette esthétique avec une série de six estampes sur lesquelles il valorise la grotte, l’orangerie, le château et les perspectives du parc.

La France vue du grand siècle. Dessins d’Israël Silvestre, c’est suivre l’ascendance d’une carrière historique, s’émerveiller devant une technique irréprochable et plus encore face à l’esquissé. Il y a, derrière le non fini, une perfection toute autre et l’imaginaire d’un grand siècle révolu.

L'intérêt de pouvoir approcher les dessins et d'en percevoir les détails nous montre un certain anachronisme parfois entre le rendu et la réalité ou bien une prudence par rapport à l'avancement des travaux.

De la vue de la façade sur jardins, le catalogue nous précise : "l’aile nord du château, dont les plans avaient été dressés dès 1680, ne fut entreprise qu’en 1684, alors que Silvestre a représenté le bâtiment achevé."


"Il a également esquissé un graphite des dômes au dessus du pavillon central et des toits des pavillons de la Paix et de la Guerre ainsi que des pavillons de l’aile du midi, reprenant un projet de Mansart non réalisé. Cela n’apparait toutefois pas sur l’estampe."



"Il a représenté de manière fidèle le globe sculpté par Hubert Misson ainsi que les deux groupes de Sphinx chevauché par un amour livrés par Houzeau et Lerambert, de part et d’autre du degré menant au bassin de Latone."

Pour ce qui est de la vue sur la cour Royale, "Les groupes sculptés de la grille, dus à Tuby et Coysevox, ne furent mis en place qu’en 1682, vraisemblablement après l’exécution du dessin.
Silvestre a laissé les socles vides, tracé soigneusement à l’encre et aquarelle l’architecture de la cour intérieure puis ajouté au graphite l’emprise des deux groupes avant de marquer au lavis l’ombre de la cour, à gauche en évitant la silhouette de la sculpture."

merci pour ces détails,
effectivement, le projet de dômes et toits de Hardouin-Mansart consistait à gagner un étage supplémentaire.
les Archives nationales conservent au moins deux dessins liés à ce projet d’extension en hauteur.
Peut-être reproduits dans Verspera

Bénédicte Gady, du musée des Arts décoratifs et Juliette Trey, du musée du Louvre, ont présenté le 28 mars 2018 à l'Auditorium du Louvre, l'exposition consacrée aux dessins d'Israël Silvestre dont elles sont commissaires.

la version gravée :

C'est intéressant, voici de bons exemple d'exagérations des gravures dont parlait Pierre-André Lablaude quand il a eu en charge le réglage des jets des Trois Fontaines.
Il en a été de même plus récemment quand on restitué la grande gerbe que le duc d'Aumale n'avait pas rétablie à Chantilly. Là c'était plus simple car à Chantilly l'eau ne manque pas et des calculs savants évoqués dans un reportage ont prouvé là aussi une exagération un peu "prétentieuse" des gravures. Ces jeux d'eau devaient passionner.

L’exagération vient également avec la petite taille des personnages qui faussent l'espace dans cette gravure.

intéressant gravure qui montre la disposition initiale des pavillons des ministres, selon le modèle des hôtels versaillais, avant leur réunion par une aile centrale.