restauration achevée au C2RMF de l'oeuvre d'un artiste bien connu à Versailles
Le combat d'Entelle et de Darès - 1778
Louis-Jean-Jacques Durameau (1733-1796)
Musée Mandet, Riom Le musée Mandet de Riom fête le retour et le raccrochage du plus grand tableau de sa collection : « Le Combat d'Entelle et de Darès », réalisé en 1778 par le peintre Louis-Jacques Durameau.
Le Combat d’Entelle et de Darès du peintre Louis-Jacques Durameau est une commande faite par le roi Louis XVI. Le tableau fut présenté au Salon en 1779 accompagné de quelques lignes que son auteur avait rédigé : dans les jeux funèbres qu’Énée fait célébrer en Sicile, chez le roi Alceste sur le tombeau d’Anchise, son père, ce héros, sépare ces deux athlètes et sauve Darès de la fureur du vieil Entelle.
Dans cette grande composition de quasiment 4 m², Durameau illustre un passage tiré du livre V de l’Énéide de Virgile, grande épopée mythologique qui retrace le parcours d’Énée depuis la défaite de Troie jusqu’à son arrivée en Italie sept ans plus tard.
À l’époque, la peinture d’Histoire, était à la mode.
Elle était même considérée comme un grand genre devant servir le sentiment patriotique. L’accueil de la critique fut mitigé au grand dam de l’artiste, qui le présenta une seconde fois au Salon de 1789. L’accueil fut encore plus froid que lors de sa première présentation.
La tableau fut envoyé à la Manufacture des Gobelins puis déposé au musée de Riom en 1872. Francisque Mandet, président de la société du musée de Riom et fondateur du musée qui porte aujourd’hui son nom, eut la surprise de voir arriver en Auvergne, ce tableau sans cadre, ni châssis. Celle qui fut l’une des premières peintures sur toile mise en dépôt par le musée du Louvre à Riom, trouva donc un châssis et un cadre et fut installée dans l’escalier d’honneur du Musée tout juste ouvert dans l’hôtel Dufraisse du Cheix.
Elle resta accroché 150 ans avant que le musée du Louvre et le Musée Mandet ne se lancent dans l’étude et la restauration de l’œuvre.
Après 240 ans d’exposition Le Combat d’Entelle et de Darès, peint sur 3 grandes lés, avait besoin de soins, malgré la pose de « facings * en 2011 destinés à ralentir les dégradations sur la couche picturale et l’affaissement des coutures des lés de tissus.
(* application d'une feuille de protection en papier japon à la colle animale)En 2021, le tableau fut décroché par une équipe de spécialistes. Il se retrouva dans le même état que le jour de son arrivée à Riom, sans cadre, ni châssis, roulé sur un cylindre de transport et prit la direction des Petites écuries du Roi, en face du château Versailles où se trouve l’un des trois laboratoires des musées de France, celui qui accueille les tableaux de grands formats, appartenant aux collections publiques.
La restauration du tableau fut confiée à Julie Barth, restauratrice lyonnaise spécialisée dans la peinture dite de chevalet. Avec son équipe,
elle retira les facings et réalisa un constat d’état détaillé. Un expert du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France réalisa également un dossier d’imagerie scientifique. Ce n’est qu’après cette phase préparatoire que la restauration débuta avec différentes phases : dévernissage, intervention sur la couche picturale, intervention sur le support toile, changement de châssis, revernissage. En parallèle, le cadre de 1872 fut également restauré.
Après plus d’un an et demi de travaux, le tableau retrouva sa place initiale au Musée Mandet à la fin de l’été 2023.
PS : pour mémoire, Durameau est un peintre bien connu à Versailles (
voir ici pour le détail de ses oeuvres conservées au chateau)