Cornelie, mère des Gracques
Suvée Joseph Benoît (1743-1807)
© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda
Joseph-Benoît Suvée (1743-1807)
de Bruges à Rome, un peintre face à David
Tours. Musée des Beaux-Arts
21 octobre 2017 - 22 janvier 2018Cette exposition propose de mettre en lumière l’un des artistes majeurs de la fin du XVIIIe et début du XIXe s. Joseph-Benoît Suvée au travers d'une centaine d'oeuvres.
Peintures mythologiques, religieuses, d'histoires, notamment de très grands formats, dessins d'architecture, académiques, de paysages, illustrent le rôle de premier ordre que joua Suvée en France et en Belgique sur le développement d’un courant pictural novateur, le néoclassicisme.
Les années de jeunesse et de formationSuvée effectue ses premières années de formation à, Bruges sa ville natale, dans l’Académie récemment fondée sur le modèle de celle de Paris. Il y obtient ses premiers succès, puis part se perfectionner à Paris, dans l’atelier de Jean-Jacques Bachelier (1724-1806) dont il restera proche durant toute sa vie. Il obtient en 1771 le Premier Prix à l'Académie Royale de Peinture devançant Jacques-Louis David qui lui en gardera une rancune tenace. Ce concours marque ainsi, pour un temps, la supériorité de Suvée sur David.
Ses premières peintures sont manifestement influencées par les productions de Joseph-Marie Vien (1716-1809) dont il fut l’un des élèves. Dès cette époque, Suvée affirme son talent de peintre religieux, comme en témoigne les quatre grandes peintures qu’il peint pour les Frères Minimes à Ypres, parmi lesquelles La Naissance de la Vierge qui obtiendra un grand succès au Salon de 1779.
A Rome en 1772 c’est un nouvel artiste que l’on découvre, un artiste qui semble appréhender avec une curiosité aiguë et un intérêt vif, lessites antiques de la Ville éternelle. Il réalise à Rome mais aussi à Tivoli, à Frascati puis en Sicile, où il effectue un voyage en compagnie du comte d’Orsay, de très nombreux dessins dont certains font partie des plus belles réussites de l’artiste. C’est un jeune homme curieux, attentif, sensible qui se révèle et qui nous fait partager le plaisir qu’il a à découvrir les monuments antiques dont il cherche à montrer les facettes les plus inattendues. Après avoir séjourné de 1772 à 1778 en Italie il rentre à Paris où il est reçu peintre d’histoire à l’Académie Royale et joue alors un rôle de premier ordre parmi les peintres de sa génération.
La maturitéLes peintures qu’il expose régulièrement au Salon de 1779 à 1796 témoignent d’une adhésion sans réserve au néoclassicisme. Il recherche en permanence dans ces œuvres une sorte de simplification des compositions, enrichie par une science des effets de drapés.
C’est en revanche avec un réalisme aigu et une grande intensité psychologique qu’il peint de très nombreux portraits en particulier pendant les années révolutionnaires, les plus célèbres étant ceux qu’il réalise sous la Terreur dans la prison Saint-Lazare, dont le très emblématique portrait du poète André Chénier.
Excellent pédagogue, il formera notamment des artistes flamands dont il facilitera la venue à Paris participant ainsi à un véritable renouveau pictural en introduisant le goût français dans son pays d’origine. Ces qualités lui vaudront d’être choisi, sous le consulat de Bonaparte, pour être Administrateur du Musée central des Arts (Louvre) puis nommé directeur de l’Académie de France à Rome en 1792, poste qu’il n’occupera qu’en 1803 après les années de tourmente révolutionnaire.
Premier directeur de la villa MédicisLe palais Mancini ayant été saccagé lors d’émeutes en 1799, c’est à la villa Médicis qu’est rétablie l’Académie, Suvée devenant ainsi le premier directeur de ce lieu emblématique et prestigieux. À son initiative de nombreux aménagements furent entrepris afin d’adapter le site à ses nouvelles fonctions. Concevoir des logements pour héberger les artistes et y installer de vastes ateliers, notamment pour les sculpteurs et les peintres, créer une bibliothèque, restaurer les jardins... De nombreuses pièces furent alors agrandies et dotées de grandes verrières qui rappellent encore aujourd’hui la physionomie des ateliers d’artistes de cette époque.
C’est sous sa direction qu’une nouvelle génération d’artistes complète sa formation à Rome en ce tout début du XIXe siècle en particulier Ingres, le plus talentueux d’entre eux.
Grâce à des prêts provenant de prestigieuses institutions publiques françaises et étrangères (Musée du Louvre, Musée Carnavalet, Château de Versailles, Musée Groeninge de Bruges, collections privées) cette exposition présentes des oeuvres pour la plupart inédites.
Collections publiques et privées étrangères : Belgique : Bruges, musée Groeninge et la basilique du Saint Sang, Musée de Gand ; Collections privées : Bruxelles, Chicago.
La première monographie consacrée à Suvée est publiée aux éditions ARTHENA, Joseph-Benoît Suvée (1743-1807). Un artiste entre Bruges, Rome et Paris, à paraître le 20 octobre 2017 (
site de l'éditeur).
Dans cet ouvrage, Sophie Join-Lambert, directrice du musée des Beaux-Arts de Tours et Anne Leclair, historienne de l'art, montrent à quel point la production de cet artiste marquant de la seconde moitié du XVIIIe siècle est riche et diverse.
Cette étude révèle un nombre très important d'oeuvres tout à fait inédites provenant en particulier de collections privées, en France et à l'étranger. Avec près de 400 illustrations et 554 notices d'œuvres, ce catalogue de 440 pages permet de faire un point précis sur les attributions des oeuvres à cet artiste.
Musée des Beaux-Arts
18 Place François Sicard
37000 Tours
Téléphone : 02 47 05 68 73Site :
http://www.mba.tours.fr/