Exposition : Le château de Meudon, au siècle de Louis XIV

Du 14 septembre au 21 décembre 2018, le musée d’art et d’histoire de Meudon présente une exposition sur le château de Meudon au siècle de Louis XIV. Ce château aujourd’hui disparu pour partie se situait à mi-chemin entre Paris et Versailles, sur l’actuelle terrasse dite de l’Observatoire. L’exposition évoquera les fastes du domaine de Meudon au Grand Siècle, embelli avec passion par ses occupants successifs.

Abel Servien, Surintendant des Finances de Louis XIV, le marquis de Louvois, puis Monseigneur, dit le Grand Dauphin, fils du Roi Soleil, ont tous trois embelli tout au long du XVIIe siècle leur maison de plaisance. Ils y ont englouti leur fortune, permettant à Meudon d’atteindre son apogée au cours des années 1710.  
Les courtisans décrivent alors un site somptueux, d’une richesse à peine concevable de nos jours, tel un Petit Versailles. Et ne comparaient-ils pas les jardins de Meudon à l’une des sept merveilles du monde antique, les jardins suspendus de Sémiramis à Babylone ?

Cette exposition est organisée par le musée d’art et d’histoire de Meudon, avec le soutien de la Ville de Meudon, et les institutions prêteuses suivantes : l'Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles, le Musée du Domaine départemental de Sceaux, le Musée-Promenade de Marly-le-Roi, le Musée des Arts décoratifs, Paris.
Et avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France, ministère de la Culture et de la Communication, ainsi que des Amis de Meudon.

Musée d’Art et d’Histoire de Meudon
11 rue des Pierres, 92190 Meudon
Tél. 01 46 23 87 13  
Courriel :  contact.musee@mairie-meudon.fr
Ouvert tous les jours de 14h à 18h,  sauf lundi et jours fériés.
https://musee.meudon.fr/accueil-1595.html

Parmi les œuvres prêtées par le château de Versailles, nous retrouverons :


Dès son établissement à Paris en 1664, Adam Frans van der Meulen, artiste d’origine flamande, devient le chroniqueur en images du règne de Louis XIV. Aux Gobelins, puis comme peintre des conquêtes du roi, il immortalise les événements qui ponctuent la vie militaire et la vie quotidienne du monarque : batailles, villes conquises, déplacements de la cour, édification des maisons royales, autant de témoignages précis. L’artiste se rend sur place, dessine, croque les scènes qui lui permettent en atelier de restituer avec exactitude l’histoire du règne et la topographie des lieux.

Mais Van der Meulen reste attaché à sa première formation à Bruxelles auprès du paysagiste Peter Snayers. C’est ainsi que la nature sert à magnifier les histoires racontées. Ses paysages adoptent le genre panoramique, grandiose et aéré. Le ciel est souvent animé par des nuages poussés par le vent. Le traitement du végétal se fait sombre et dense ; de grands arbres se dressent de part et d’autre pour encadrer la composition centrale.

Dans ce tableau, le premier plan est occupé par le roi et sa cour chassant le cerf. On sait combien la chasse était un des passe-temps favoris du roi, passion qu’il partageait volontiers avec son fils aîné, le Grand Dauphin. C’est d’ailleurs sur les terres de celui-ci que se déroule la battue : au loin, le château de Meudon se dresse sur une hauteur. Monseigneur en fit l’acquisition en 1695. Le ministre Louvois, précédent propriétaire, avait procédé en partie aux agrandissements extérieurs et aux aménagements intérieurs du Château-Vieux, poursuivis à une plus grande échelle par le Grand Dauphin. On lui doit la Grande Terrasse dont les travaux réduisirent le village en contrebas aux quelques maisons visibles à droite. Grâce à l’exactitude du site, on peut dater le tableau entre 1695 et 1705, date de la démolition de la grotte visible dans le fond.

Béatrice Sarrazin.

Ce tableau fait partie des six vues de châteaux royaux commandées par la princesse de Conti au peintre Pierre-Denis Martin (1663-1742), entre 1722 et 1724, pour décorer sa nouvelle salle à manger, au château de Choisy.

Historique : ancienne collection ; collection de Louis XIV ; autrefois dans le Salon de Mercure ou chambre du Lit, grand appartement du roi ; mentionné dans l'appartement de la reine mère au Louvre dans l'inventaire Bailly, 1709 ; entré à Versailles, 15 septembre 1833.

A suivre ...

Portraits conservés dans les collections de l'EPV, présentés à l'exposition :


Abel Servien, Surintendant des Finances (en même temps que Nicolas Fouquet), acquit le domaine de Meudon en 1654.
Il y entreprit d'importants travaux de terrassements pour donner au site sa régularité majestueuse.
Il fit édifier l’Orangerie du château ainsi que la Grande Terrasse. Il mourut à Meudon le 17 février 1659, après y avoir dépensé des sommes colossales.
Son fils, le marquis de Sablé conserva le domaine une vingtaine d'années, sans toutefois y entreprendre de travaux importants.

Après Sully (et avant Colbert), Servien occupa une place éminente, notamment comme intendant de Guyenne, négociateur en Italie, secrétaire d’Etat à la guerre, diplomate à Münster (Westphalie) où il signa pour la France les traités de Westphalie en 1648, puis comme surintendant des finances.

Cf. Guerre et paix dans la France du Grand Siècle : Abel Servien, diplomate et serviteur de l’Etat (1591-1659). Hélène Duccini. Champ Vallon, 2012.

Commandé par l'Académie, 27 avril 1666 ; apporté par l'artiste à l'Académie, 7 janvier 1668 ; collection de l'Académie ; saisie révolutionnaire ; déposé à Versailles au musée spécial de l'école française, 1798.

En 1653, Mazarin nomma Abel Servien aux côtés du Chancelier Pierre Séguier dans un Ministère resserré, et confia la Surintendance des Finances à Servien et à Nicolas Fouquet.

En février 1653, après le décès du duc de La Vieuville, surintendant des finances, Nicolas Fouquet se porta aussitôt candidat à sa succession. Mazarin, sachant que diviser c'est régner, opta pour deux charges de surintendant des finances. L'une revint donc à Abel Servien, l'autre à Nicolas Fouquet, le 7 février qui l'emportèrent sur des candidats de première importance comme Le Tellier.
À la mort de Servien en 1659, Fouquet fut confirmé seul dans sa charge, qu'il conserva jusqu'à la suppression de cette dernière en 1661.

En février 1653, après le décès du duc de La Vieuville, la candidature de Michel Le Tellier à la Surintendance des Finances fut écartée au profit du tandem Servien et Fouquet.
Le 29 octobre 1677, à Versailles, Michel Le Tellier prêta serment comme Chancelier de France.
Il succédait à son cousin germain Etienne II D'Aligre (1592-1677), décédé le 25 octobre précédent.
Fait Chancelier de France le 27 octobre, il prêta serment le 29 octobre suivant, entre les mains du Roi.

Il est le père de François Michel Le Tellier, marquis de Louvois (18 janvier 1641 à Paris - 16 juillet 1691 à Versailles), qui acquit le château de Meudon en 1679 à la suite du décès d'Abel Servien.

Louvois achète le château de Meudon en 1679 à la suite du décès d'Abel Servien. Une acquisition motivée par la proximité de Versailles et de Chaville où se trouvait la propriété familiale. Il lança une série d'aménagements grandioses : embellissement du château, aménagement d'un système hydraulique dans la forêt de Meudon, création d'un très grand potager ...
Le marquis de Louvois mourut en 1691, laissant son domaine à son épouse, qui le conserva jusqu’en 1695.

Mme de Louvois est née Anne de Souvré (1646-1715). Marquise de Courtanvaux et de Messei, fille de Charles de Souvré, petite-fille de Jean II de Souvré et arrière-petite-fille du maréchal Gilles de Souvré, elle avait épousé François Michel Le Tellier, marquis de Louvois (1641-1691), le 16 mars 1662.

Son portrait en pied est peint dans le Grand Vestibule du château-vieux de Meudon, en 1693, deux ans après la mort de son mari. Derrière elle sont représentés les jardins, composés du parterre de broderies tracé par André Le Notre, des berceaux de treillages, ainsi que de la célèbre grotte de Meudon, détruite en 1705.

Esquisse pour le carton de tapisserie commandé en 1710 ; collection Louis-Alexandre Barbet ; achat vente Rieunier et Muizon. Hôtel Drouot, lot n°45, 30 mars 2015.

Au XVIIe siècle, alors qu’aucune structure n’existait pour abriter les soldats invalides, malgré les souhaits précurseurs de Philippe Auguste et surtout d’Henri IV, Louis XIV décide par l’ordonnance de 1670 et complétée par l’édit d’avril 1674 de faire construire : « un hostel royal pour y loger tous les officiers et soldats tant estropiés que vieux et caduques ».

Après l’achat d’un terrain sur la plaine de Grenelle par le roi, sur sa cassette personnelle, le marquis de Louvois, ministre de la Guerre est chargé de la réalisation du projet. Libéral Bruant est lui choisi pour en être l’architecte. En octobre 1674, dès la fin des travaux, les premiers invalides, la plupart rescapés de la Guerre de trente ans, rentrent dans leur hôtel.

Source : Historique de l'hôtel des Invalides

En juin 1695, le Grand Dauphin devint le propriétaire du château, qui devint sa résidence favorite. Il agrandit le château-vieux, fit construire une magnifique chapelle, ainsi que le château-neuf, pour loger les courtisans qui voyaient en lui leur futur roi.  
C'est en son château vieux de Meudon, dans la chambre de son grand appartement qu'il mourut de la petite vérole, le 14 avril 1711 à 23 h 30, à l’âge de quarante-neuf ans,

Troisième enfant naturel que Louis XIV eut de Louise de La Vallière, la princesse était très proche de son demi-frère le Grand Dauphin.
Au château de Meudon, elle parlait ouvertement de la succession de Louis XIV et du règne à venir avec le Grand Dauphin, sa demi-sœur, la duchesse de Bourbon, et leurs proches.
La cour avait par ailleurs baptisé cette assemblée la "clique de Meudon", ou "les parvulo* de Meudon". (Saint-Simon, 173, 60)
(*Lat. parvulus, diminutif de parvus, très petit.)

Payé 600 livres par la Maison du roi, 1726 (contesté par Thoison) ; mentionné dans l'appartement du duc d'Antin à Fontainebleau ; Versailles, hôtel de la Surintendance, 1760 ; entré à Versailles, 14 septembre 1833 ; exposé dans le vestibule 72 ( 8 ) ( sic ), 1er mars 1963 ; mentionné dans la salle de Constantine, salle n°103, premier étage, aile du Nord, 10 septembre 1964 ; exposé dans les salles du XVIIe siècle, n°86, 1967

Belle-fille du Grand-Dauphin, la duchesse de Bourgogne vint très souvent à Meudon.
Elle eut parfois à y défendre son époux contre son beau-père, la duchesse de Bourbon ou la princesse de Conti, notamment en 1708, lorsqu'il fut critiqué par "la clique" (v. supra) pour son peu de courage militaire.
Le Duc de Bourgogne, devenu Dauphin, héritier de Meudon, déclara qu'il n'y mettrait pas les pieds, au grand dam de son frère le Duc de Berry, dont l'épouse désirait le domaine.
Précisons que Meudon avait été démeublé après le décès du Grand Dauphin (Tout a été enlevé à la mort de ce prince, signale Piganiol de La Force).
Le 18 février 1712, le duc de Bourgogne mourut à son tour, et la demeure resta délaissée jusqu'en décembre 1718 où, exauçant le désir de sa fille, la Duchesse de Berry, le Régent lui concéda Meudon.

Voir notamment Saint-Simon à Meudon. Georges Poisson. Cahiers Saint-Simon Année 2005 33 pp. 11-26.

Cette composition allégorique placée à Meudon représentant un profil de Diane dans une trompe de chasse à la Dampierre enrichie d’une guirlande de fleurs peinte par Jean-Baptiste Blin de Fontenay était placée dans la petite galerie suspendue, passage qui reliait le château-vieux à la galerie rejoignant l’aile des marronniers.
D’autres tableaux voisins (par J.B. Monnoyer, notamment) représentaient également des fleurs (supra) et des fruits exotiques.
Cette représentation évoque les plaisirs de la chasse qu’affectionnait particulièrement le Grand Dauphin.  

Jean-Baptiste Blin de Fontenay, fils d'un peintre de fleurs de Caen, formé à Paris par Jean-Baptiste Monnoyer (supra) dont il épousa la fille, se spécialisa également dans la peinture de fleurs. Il participa aux cartons de tapisseries et aux broderies d’ameublement pour la manufacture des Gobelins, réalisa des tableaux, éléments de décor insérés dans les boiseries en dessus-de-porte ...

Historique
Commandé pour le Grand Trianon en 1688, payé 8900 livres tournois en 1711 avec 7 autres tableaux de l'Histoire d'Hercule (MV 7558, MV 7793, MV 8262, MV 8261, MV 8328, MV 8310, MV 8281).
Collection Louis XIV. Accroché à Trianon-sous-Bois, 1700. Exposé au Salon en 1704. Localisé à Versailles, cabinet des tableaux en 1709-1710 dans l'inventaire Bailly.
Mentionné dans la galerie du Château-Neuf de Meudon en 1715.
Musée spécial de l'Ecole française à Versailles, 1801-1802.
Localisé au Louvre, dans la salle des Séances, dans l'inventaire Villot, mention rayée et remplacée par "mag assyrien 20oct 1937".
Déposé par le Louvre à Versailles le 2 décembre 1964 ; accroché au Grand Trianon, antichambre 53, 1968.

article du jour dans le Monde :

https://www.lemonde.fr/cotecourscotesjardins/article/2018/09/25/le-chateau-de-meudon-au-siecle-de-louis-xiv_5360096_5004225.html