Article du Parisien, Ariane Riou, 23 janvier 2019 :
A l’occasion du 400e anniversaire de la naissance de l’éminent ministre de Louis XIV, la ville et le département lancent des expositions, concerts, films, conférences… en son honneur.
Sceaux renoue avec son passé royal. En l’espace de quelques années, Jean-Baptiste
Colbert a marqué le parc mais aussi la ville qui garde encore quelques traces de son passage au XVIIème siècle.
Le lancement à Sceaux, ce jeudi, d’un cycle annuel d’expositions, de concerts, de conférences, de visites guidées ou encore de projections de films consacrés au puissant ministre de Louis XIV n’est donc pas anodin. La ville et le département y voient une façon de célébrer le 400e anniversaire de sa naissance.
«
Colbert aimait beaucoup cette ville et il y venait régulièrement », explique Dominique Brême, directeur du domaine départemental de Sceaux. L’achat du terrain du château de Sceaux en 1670, puis sa construction, marque le début de l’idylle entre la ville et le contrôleur général des finances du Roi-Soleil.
« Il entretenait des rapports étroits avec la ville »
« A l’époque, tous les grands commis d’Etat avaient une résidence parisienne et choisissaient aussi une résidence de campagne pour se reposer ou pour organiser de grandes fêtes », explique Dominique Brême. Le choix de
Colbert se porte sur Sceaux, pour sa proximité avec Versailles et Paris.
Petit à petit, le ministre achète des parcelles pour agrandir le domaine, fait construire le pavillon de l’Aurore, encore sur pied aujourd’hui.
«
Colbert voulait faire la jonction avec le village, confie Dominique Brême. Il entretenait des rapports étroits avec la ville. Cela lui était utile pour l’approvisionnement en nourriture mais aussi pour l’alimentation des jeux d’eau du parc. »
Le ministre, très croyant, fréquente aussi régulièrement l’église Saint-Jean-Baptiste.
« Il donne à la paroisse, soutient son action, précise le directeur du parc.
On retrouve d’ailleurs aujourd’hui, à l’intérieur de l’église, un marbre du baptême du Christ qui lui appartenait. »
Mais l’un des plus gros apports de
Colbert à la ville, moins connu que le parc, reste le marché aux bestiaux. « Il était situé au bout de l’allée d’honneur au croisement avec l’actuelle RD20, détaille Dominique Brême. C’était le grand marché qui fournissait les viandes aux bouchers parisiens, avant Rungis ou les Halles. » Grâce à cela, la ville a pu profiter pendant plusieurs années de généreuses taxes. Aujourd’hui, il n’en subsiste que deux bâtiments symétriques, sis allée de Trévise.
Joseph de
Colbert, descendant d’une branche collatérale des
Colbert, a fourni 45 estampes de portraits de sa famille dans le cadre de la première exposition de l’année
Colbert, aux écuries du parc de Sceaux.
Que représente pour vous, membre du clan Colbert, cette année dédiée au ministre du Roi-Soleil ?Joseph de
Colbert. Cela me touche énormément. Ma famille est très attachée à ce type de manifestation. Je me réjouis de voir que le parc de Sceaux est toujours associé à l’histoire des gens qui l’ont possédé. Cette année, à Paris, il n’y aura pas une manifestation, pas un colloque, pas une conférence au sujet de
Colbert pour le 400e anniversaire de sa naissance. Rien. Je suis complètement atterré. Sceaux est la seule ville en France qui a le courage de son histoire. La ville et le département ont réalisé une belle programmation exceptionnelle.
Une programmation à laquelle vous contribuez pour la première exposition… Pourquoi ?Je m’intéresse à l’histoire du XVIIe siècle. Je suis aussi un peu un historien de la famille
Colbert. Il y a une dizaine d’années, j’ai commencé une collection d’estampes pour illustrer mes propos. Et je possède aujourd’hui 1 700 portraits. Le directeur du parc de Sceaux m’a contacté pour participer à l’exposition. J’en suis reconnaissant. C’est la première fois qu’elles sont exposées.
Quel est le but de cette exposition ?Peu de gens savent que derrière le ministre
Colbert, il y a toute une série d’autres
Colbert, très intéressants eux aussi. Sa personnalité a écrasé celle de tout son entourage familial.
Dans le clan familial, il y avait 35 membres du clergé, 4 ministres, 6 membres du Parlement, une trentaine de généraux…. Le neveu de
Colbert par exemple, Jean-Baptiste
Colbert de Torcy, a été ministre des Affaires étrangères. Il a notamment fondé une académie politique qui est un peu l’ancêtre de l’ENA.
Exposition jusqu’au 21 avril 2019, aux écuries du parc de Sceaux.
Programmation complète :
www.sceaux.frExposition tous les jours sauf le lundi de 13 heures à 17 heures jusqu’au 28 février, puis de 14 heures à 18h30 à partir du 1er mars.
Tarifs : de 3 à 4 €.