Le 18e aux sources du design, chefs d'oeuvre du mobilier

Heureusement, on peut visiter l'exposition sans avoir à lire les pensées de M. Nouvel qui sont placées fort habilement en retrait, on leur tourne même le dos parfois...

On pourra également lire l’interview de M. Alcouffe dans le dernier numéro des Carnets de Versailles (pages 5 à 8 ) accompagné de quelques photos intéressantes de pièces prêtées à l'expo (commode ouverte de Mlle de Sens, canapé de M. de Saint-Aulaire, Bureau de Garnier du musée de l'Armée ...)

je reste tout à fait admiratif du cabinet des Gobelins et de sa polychromie retrouvée qui est tout à fait extraordinaire.
j'avais à plusieurs reprises pu voir ce cabinet à Strasbourg mais là il me semble transformé et profiter d'une nouvelle vie.

En marge de l'exposition, on pourra re-découvrir le cabinet de l'Odyssée, chef-d'oeuvre d'ébénisterie conservé à Fontainebleau :


Au château de Fontainebleau Jusqu'au 26 janvier 2015

Témoignage des débuts de l’ébénisterie française dans la première moitié du xviie siècle, le cabinet dit « de l’Odyssée » est un meuble insigne des collections du château de Fontainebleau, où il orne les Grands Appartements depuis le Second Empire.

Le temps d’une exposition, ce cabinet d’ébène, meuble d’apparat à l’ornementation foisonnante, dévoile ses tiroirs secrets et son iconographie, centrée sur les figures d’Ulysse et d’Alexandre le Grand.

Un ensemble d’œuvres réunies autour du cabinet, comme par exemple les gravures du flamand Théodore Van Thulden, permet d’éclairer de manière inédite la lecture de ce véritable roman sculpté dans l’ébène, inspiré, sur les tiroirs intérieurs, des scènes de l’Odyssée que Primatice avait conçues pour la galerie d’Ulysse du château de Fontainebleau aujourd’hui disparue.

Des épisodes tirés de l’histoire mythique d’Alexandre héritée des récits médiévaux leur font écho, couvrant les vantaux extérieurs et les côtés du meuble.


http://www.musee-chateau-fontainebleau.fr/Le-Cabinet-de-l-Odyssee-du-chateau

Cette œuvre bellifontaine répond en tous points avec l'un des prêts de collection particulière à l"expo de Versailles :

Cabinet d'ébène
Bâti de sapin, tiroirs en noyer à façade de chêne, placage d'ébène, marqueterie de bois de couleur, poirier noirci (base) ; Paris, 1645
H. 198 ; L. 164 ; P. 56,5 cm
Collection particulière
© DR


Source : Site du chateau

(Ajoutée le 27 oct. 2014)

merci pour toutes ces infos ; une question que je me pose dans le film posté par Grande Mademoiselle on aperçoit une des console en fer et Bronzes du legs Balsan Vanderbilt. Nous nous étions posé des questions au sujet de l'authenticité de ces consoles .
En sait on désormais plus ? le catalogue que je n'ai pas encore reçu en fait il état ?

merci à tous

Le catalogue indique qu'il s'agit de l'exemplaire de l'Ermitage.
D'un point de vue personnel je trouve le texte de Tamara Rappé, chef du département des Arts décoratifs du musée de l'Ermitage, Saint Petersbourg un complexe, ce qui est probablement dû à une traduction. J'essaierai de faire un petit résumé.

Revue de détails de menuiserie :

Fauteuil à châssis du palais ducal de Parme par N.Q. Foliot, 1748, musée de l'Ermitage :



Ployant des palais de Parme par N.Q. Foliot, 1760, coll. part. :



Canapé à la reine par Heurtaut, vers 1757, coll. part. :



Canapé en ottomane cintrée, 1760, musée Jacquemart-André :



Console en bois doré, vers 1785, château de Versailles :



Fauteuil à la reine de la marquise de Marboeuf, Jacob, vers 1788-1790, Bowes museum :



(photos Lebrun)

Cette ottomane cintrée est extraordinaire. J’image une alcôve, la Pompadour alanguie,
on aimerait en connaitre l'histoire et l’origine !!!
Mais combien de merveilles pareilles dorment encore dans nos réserves ?

A voir ces merveilles commandées pour Parme, on comprend mieux la colère des ministres de Louis XV lors du premier retour de Mme Infante face à ces dépenses payées par Papa-Roi...

l'ottomane est effectivement superbe et je l'ai connue il y a fort longtemps dans le musée lui même revêtue du soierie en ruine . Elle est publiée il me semble dans le livre des éditions Faton sur le mobilier Jacquemard André.
Par ailleurs un meuble subsistant du mobilier royal (fait pour la Fontanges) un cabinet de Gole avec son piétement malheureusement sans ses ornements d'argent.


Commentaire du site du Musée :

Cabinet dit « de la duchesse de Fontanges »

Pierre Gole (1620 - 1685)
Vers 1680,
bois d’ébène et de palissandre, marqueterie de cuivre et d’étain,
186 x 114 x 60 cm

Ce cabinet a été acheté par Edouard André en Italie et c’est tout naturellement qu’il fut attribué aux ébénistes de la péninsule. L’existence d’une inscription, une estampille portant le nom d’un italien, a confirmé cette attribution.
Il a fallu attendre près d’un siècle pour que l’histoire et l’auteur de ce meuble soient découverts lors du dépouillement des archives du Mobilier Royal. Il est ainsi apparu que ce meuble avait été commandé par Louis XIV pour l’une de ses maitresses, Mademoiselle de Fontanges.
Son décor figure les amours d’Hercule et Omphale, symbolisant celles du roi. Quant à son auteur, Pierre Gole, il est le prédécesseur d’André-Charles Boulle et l’inventeur de la marqueterie métallique qui se développe sur les panneaux du meuble.

(photo Lebrun)

La mise en avant et en lumière du cabinet en pierres dures appartenant au musée des arts décoratifs de Strasbourg permet de le rapprocher d'un autre cabinet, très similaire, passé en vente chez Christie's Londres le 02 décembre 2009, lot 875 :

http://www.christies.com/lotfinder/furniture-lighting/a-magnificent-louis-xiv-gilt-bronze-and-pietra-5278584-details.aspx?from=salesummary&intObjectID=5278584&sid=bf8d8b29-bbfd-4be0-a3f5-1188ea3a7bc5



(photos Christie's)

Curieusement, le rapprochement n'est pas fait avec le cabinet de Strasbourg dans la pourtant très érudite fiche de ce lot. L'accent est mis sur les cabinets d'Anlwick et Badminton dont il est moins proche.

La console du salon d'Apollon est étudiée par Yves Carlier dans le catalogue.


On sait le mépris de Pierre Verlet pour cette acquisition VDK, alors que Christian Baulez avait depuis proposé d'y voir la console du salon du Conseil à Compiègne.

C'est tout l'intérêt de ces expositions et de leurs catalogues. On y prend connaissance de l'état actuel des connaissances, ce qui peut d'ailleurs ne pas être définitif mais continuer d'évoluer.

J'aime beaucoup la conclusion, prudente, mais positive, d'Yves Carlier :
"Bien que des fleurs de lys au naturel soient présentes sur l'entretoise et que des palmettes de la ceinture soient identiques à celles sculptées sur le fronton du dossier du lit de la reine à Fontainebleau (1787), rien ne permet de relier cette imposante console à un meuble réalisé pour une maison royale. Néanmoins, il en possède toutes les qualités."

Présentation sommaire de l'exposition.
Reportage TVFIL78 - La télé locale de Saint-Quentin-en-Yvelines
(29/10/2014)

Quelques aspects de l'interéssante scénographie de cette exposition.

Ensemble montrant l'évolution des sièges entre la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle.
Déjà illustré par Alain, on reconnaît au fond un fauteuil du comte Bielke par Nicolas Lefèvre, vers 1680, Nationalmuseum Stockholm.
Puis, une carcasse de siège vers 1715, musée des Arts Décoratifs.
Un fauteuil du mobilier Crozat, 1710-1720, musée du Louvre.
Un fauteuil à la reine du château de la Roche-Guyon, vers 1730, coll. part.




Un fauteuil bas attribué à Cresson, vers 1735, musée des Arts Décoratifs.
Présenté sur plateau tournant qui permet d'en admirer tous les aspects et devant une reproduction du fameux tableau de De Troy dans lequel ce type de siège est représenté.



Un ployant des palais de Parme, par N.Q. Foliot, 1750-1760, coll. part.
Devant un échantillonnage de types de piétement.



Une chaise à châssis par Delanois, vers 1770, coll. part.
On reconnaît la représentation de Moreau le Jeune d'un souper chez Mme du Baril.



Une chaise du Belvédère de Trianon, par F.T. Foliot, vers 1780-1781, château de Versailles.



Trois consoles, de gauche à droite :
Grande table-console en bois doré, vers 1720, musée des Arts décoratifs.
Console de lambris, par N. Heurtaut, vers 1758, château de Villarceaux.
Console en bois doré, vers 1785, château de Versailles.



Bureau plat et serre-papiers, par Cressent, vers 1725, coll. part.
Paire d'armoires de boiserie en encoignure, par Cressent, 1740, Getty museum (la structure, corniches et plinthes refaites en 1965).



Table mécanique à deux fins, vers 1760, musée Cognacq-Jay.
Devant deux célèbrissimes représentations de la Pompa dans ses intérieurs.



(Photos Lebrun)

Cher Lebrun,

puis vous demander pourquoi vous pouvez prendre des photos dans l'expo?
Est-ce que c'est permis d'y faire ou êtes-vous spécialiste?
J'y prendrais aussi des photos privés

cordialement,
Peter-Michael Wildner

Cher Vandières

Comme je vous ai écrit plus haut c'est interdit de prendre des photos il y a des panneaux à l'entrée indiquant l'interdiction et des agents de surveillance vous l'indiquerons également. Lebrun a eu le droit de prendre des photos dans le cadre d'un soirée privée où là effectivement les photos sont autorisées

Cordialement

Anne-Charlotte

Concernant cette chaise, d'un ensemble de trois qui semble provenir de Louveciennes de même que trois autres plus connues, lors de sa vente à Paris, galerie Durand-Ruel, Collection de M. O*** et du vicomte de B***, 21 et 22 mai 1891, lot 177, elle possédait une garniture ancienne brodée. La notice du catalogue ne la reproduit pas : voici la photo de 1891.

Cher Vandières, Les photos étaient en effet permises les jours d'inaugurations.

Que les photos soient interdites durant l'exposition sous prétexte qu'il y a des lots provenant de collections privées m'a toujours paru une vision des plus courtes dans notre monde numérique.

Ces mêmes lots sont reproduits dans le catalogue et donc diffusés. On objectera que c'est pour une histoire de droits et que la photo a été autorisée par le prêteur pour être utilisée dans le catalogue.
Mais on oublie ou on feint d'ignorer, que le catalogue est facilement reproductible par scan, appareil photo ou smartphone et ce, qu'on l'achète ou pas.

Et donc que cette interdiction se révèle vidée de sens.

C'est juste pour "la beauté du droit", et peut-être même pour la beauté des indemnités sonnantes et trébuchantes obtenues au terme d'une procédure acharnée ...

Merci pour les photos qui nous permettent de patienter avant une visite de l'exposition.

Le catalogue nous renseigne-t-il avec plus de détail sur l'histoire de quelques meubles comme la table Garnier des Invalides ou la commode Riesener de Fontainebleau par exemple ?

Merci M de Marigny, il est toujours intéressant, quand on a pas encore pu se rendre sur place, outre de voir d'autres sièges représentés, de percevoir la scénographie qui bien entendu n'est jamais dans les catalogues imprimés bien avant l'installation.

La table des invalides est d'invention récente, au sens de découverte, et nous avons rapporté l'essentiel de ce que l'on en sait.

L'origine de la commode de Fontainebleau n'est toujours pas établie. Yves Carlier se demande si Louis-Philippe, en lui donnant cette place d'honneur à Fontainebleau ne la rapprochait pas, de mémoire, de la commode de la chambre de Louis XVI qu'il possédait au château d'Eu (même trophée repris par remplacement par Riesener sur celle de Versailes).

On rapprochera la commode en laque de Joseph de la paire par BVRB que possédait le baron Elie de Rothschild.
Le catalogue mentionne trois commodes recensées en 1764 dans l'atelier de BVRB mais n'évoque pas celles du baron Elie.
Ses héritiers semblent l'avoir conservée. Elle ne figure pas dans la vente du 6 novembre prochain chez Christie's.


(photo Marigny)


(photo "les grandes collections privées" par Douglas Cooper)