Exposition Gouthière

Dans sa présentation, Mme Sylviane Vriz a montré un montage dessin des 5 pièces sur la cheminée (que je n'ai pas osé photographier).
Questionnée sur une prochaine parution de ses très intéressantes études sur la collection Aumont et sa vente, elle a répondu que c'était prévu. Donc on trouvera sans doute réponse à cette question dans son ouvrage.

J'avoue être également troublé par la "bigarure" de cet ensemble alors que côté porcelaines de Sèvres ou vases orientaux ont cherchait plutôt l'harmonie des formes et des couleurs dans le compositions de telles garnitures de cheminée
Mais rappelons que cet ensemble est composée d'achat de hasard pour leur caractère exceptionnel et non une commande exprès pour le lieu.

A comparer avec celle de Mesdames par exemple qu'il faudrait peut-être imaginer alternant avec des flambeaux de bronze doré justement ... :

La Meridienne est un espace strictement privé de la reine au contraire de la grande chambre de Mme Victoire, les règles de décoration y sont plus souples, ce n'est pas un espace de représentation.
La personnalité de la reine aimant la nouveauté n'est pas pour rien non plus dans l'abandon d'un certain formalisme décoratif.

L'aménagement du Cabinet doré, voisin de la Méridienne, largement étudié le prouve. Le dernier état connu, celui de 1788,  décrit un mélange incroyable de matériaux et de coloris.
Les grands meubles en laque (encoignure, commode, secrétaire) sont remplacés par des exemplaires en acajou associés aux gradins de laque dans les angles et aux tables en bronze en bois pétrifié, sans oublier la châsse de laque au centre de la pièce.
Les objets sont de matériaux tout aussi variés : laques, porcelaines et pierres dures montées.
Sur la cheminée, on trouvait une vasque de jade vert, deux coupes d'agate et deux girandoles avec trois figures en porcelaine du Japon.

On avait aussi dans cette pièce une polychromie extrêmement chatoyante !

Ce ne pourrait pas être le mobilier de Boston (je sors du sujet)

Alain Roger-Ravily a écrit:

Je n'ai pas le catalogue  de l'exposition La Chine à Versailles pour avoir la huateur excte des aiguières de Mme Pinault

Les aiguières de Mme Pinault font 48,5 cm de hauteur (28cm de largeur), selon le catalogue de la Chine à Versailles .

Merci Dorset, donc les aiguières sont aussi hautes que le brûle parfum.

J'espère ne pas trop embêter les membres, vu a médiocre qualité de mes incrustations, mais cela évoque un peu l'ambiance de la cheminée de la méridienne.

Frédéric Didier, tant dans la plaquette des ADV que dans l'article du dernier Versalia ne donne pas la largeur de la cheminée.
Cette photo de l'article de Versalia me laisse penser finalement, (mais avec prudence néanmoins) à un peu plus d'1 m (mais on saoit ce qu'il en est des déformations par les objectifs)


Cela qui autorise, par hypothèse; à diminuer légèrement le brûle parfum et les autres objets d'art. Je place les aiguières aux extrémité, ce qui est peut-être plus "aéré".


J'ai hâte de voir la proposition de Mme Sylviane Vriz

Chers amis,
J'étais à cette conference et la garniture que vous proposez n'est pas celle que j'ai vu sur l'écran. Il s'agissait de celle d'Aumont et non de Marie-Antinette, car les deux aiguières ne viennent pas d'Aumont !
Votre serviteur.

Merci bien
il faut donc penser que les aiguières étaient sur la console.
Décidément ce catalogue de la chine le manque car on devait y préciser leur emplacement.

Hugues a écrit:

QU'en est-il de la garniture de cheminée? Il est dit dans le catalogue de l'exposition du Grand Palais que sept pièces s'y trouvaient: entre autres une coupe de jaspe rouge et blanc, une paire d'aiguières en porcelaine de Chine (en mains privées à l'heure actuelle semble-t-il) et un vase de sardoine. Avez-vous des informations sur ces objets?

Mais le catalogue ne laisse-t-il pas entendre, page 202, que les aiguières, proviennent-elles aussi du duc d'Aumont?

Permettez moi de m'inscrire en faux cher Boulard. J'ai dessiné en prenant des notes ce que Mme Wirz était en train de présenter et il s'agit bien de la cheminée de la Méridienne avec les 5 pièces que j'ai mentionnées dont les deux aiguières.
Vous pouvez d'ailleurs retrouver cette information dans le catalogue de l'expo sur la fiche qui présente le brûle parfum ou cassolette de la Wallace Collection.

Extrait :  

Le catalogue de l'exposition du grand Palais précise à propos des deux pots à eau ou aiguières :
"La couleur des fonds est très rare...il est probable que cette paire puise être assimilée à une paire provenant de la collection Gaignat, vendue en 1768, achetée par le duc d'Aumont, puis revendue en 1782 pour être achetée par Louis XVI. On ne sait si le roi les donna à Marie-Antoinette où s'il les lui échangea contre un autre paire qu'elle acheta à la même vente.
En 1782, les pots ont toujours la monture "simple et sage" d'origine de la vente Gaignat...
A la suite de la vente, les pots à eau furent remontés..." dans le style arabesque des années 1785-1790 si apprécié par la reine.

Quelques photos :

Très belles photos cher Dorset, merci.
Il est très impressionnant de pouvoir admirer de près les bras de lumière à carquois de la reine à Compiègne (Thomire et Hauré). Ils paraissent énormes présentés ex situ d'un appartement d'apparat.



Les ornements de la cheminée du richissime duc d'Aumont pour son hôtel parisien (Crillon) sont assez simples et dépouillés finalement en regard de ce qui a pu être produit comme frises et têtes d'angle sur d'autres productions (hors les commandes royales, je pense aux cheminées de la duchesse de Mazarin ou de celles de Mme du Barry).

Dommage que ces belles photos manquent de titres ou d'explications !!!
Pour éclairer nos lecteurs Quelques sujets connexes sur le forum en rapport :

Boujour,

à mon avis c'est bizarre que les bras de lumière de la collection Rothschild à Waddesdon ne sont pas mentionnées sur la plaque. On parle juste de deux paires mais cette paire là est bien la troisième du Salon des Jeux à Compiègne qui est marque avec "CP" couronné N°30 et mentionnée dans les inventaires de 1791 (Archives Nationales, O1 3390 p.75).

Effectivement, la notice détaillée du site de Waddesdon cite bien les deux paires déposées à Compiègne par Fontainebleau.
Cette notice précise d'ailleurs qu'aucune des appliques connues de cette commande n'a gardé son décor intact, les fixations par "un noeud  à un clou figuré " au dessus du carquois ont toutes disparues, écrasant un peu le modèle en hauteur.

Voici l'une des appliques de Waddesdon


En revanche, il ne s'agit pas d'un modèle de Gouthière qui n'apparait aucunement dans les comptes de la commande en 1787.
L’œuvre a été modelée en cire et sculptée sur bois par Gilles-François Martin (1713-1795)
sous la direction du sculpteur et décorateur Jean Hauré (actif vers 1774-1796),
fondue par l'un des frères Forestier (Etienne-Jean ou Pierre Auguste)
et ciselé doré par Pierre-Philippe Thomire (1751-1843).

C'est bien parce qu'il ne s'agit pas d'un modèle de Gouthière qu'il est exposé dans la salle consacrée à ses concurrents .

J'avoue ne plus me rappeler le nom exact de la salle dans laquelle il est exposé : concurrents/suiveurs/héritiers...

Formé dans l'atelier de Gouthière, Thomire acquit un véritable savoir-faire qui lui permit d'égaler son maître.
On pourrait donc plus parler d'école ou de suiveurs de Gouthière que de concurrents non cher Vidame? 😏

Le château de Compiègne conserve une pièce de Gouthiere :


De mémoire, livraison pour Madame du Barry au pavillon de Louveciennes.

Tout à fait cher Noisy, ces feux, assez poussiéreux il faut le dire, sont d'ailleurs présentés à l'exposition :


Ainsi qu'une autre paire, à la dorure bien nettoyée (ou refaite ?), aujourd’hui en collection particulière :

Pour continuer sur les feux,
voici quelques autres exemplaires présentés à l'exposition :


M. Emmanuel Sarméo, auteur d'une thèse sur la cheminée et son décor sous Louis XVI, attira particulièrement notre attention sur le feu aux dromadaires (aux lamas seraient plus juste d'ailleurs ), livré pour le boudoir turc de Fontainebleau, dont la cheminée fut également ornée de bronzes ciselés et dorés par Gouthière. En effet, comme ce spécialiste le souligna, les guirlandes de rinceaux des feux reprennent celles du manteau pour atteindre "le summum du raffinement, en se faisant correspondre les ornements". Le souci du détail poussa même à doter les pelle et pincettes de ce feu de boutons à tête de nègre. La preuve par l'image :

Lors de son excellente présentation des cheminées sous Louis XVI, M. Emmanuel Sarméo montra une photo de la cheminée de la duchesse de Mazarin exécutée par Gouthière (sur un dessin de Bélanger) pour son hôtel parisien.

Acquise par les Rothschild, elle fut remontée dans leur château de Ferrières, dans lequel elle n'est plus d'ailleurs, remontée ailleurs...?

Les montants de la cheminée ont la particularité de montrer des bacchantes en caryatides.

L'extraordinaire pendule à la Diane chasseresse au dessus de la cheminée n'est-il pas la reprise d'un modèle d'une pendule royale dont les bronzes sont donnés à Pierre-Philippe Thomire (1751-1843)
Exposée à ce titre lors de l'inauguration des locaux de Sotheby's à Paris, la pendule serait connue en quatre épreuves dont celle illustrée au dessus.

Cette pendule royale dite " Le repos de Diane après la chasse " comprenant ' La chasse au sanglier' (à gauche) et " la chasse au cerf " (à droite); réalisée par Robin en 1789, était une commande destinée à la cheminée de la chambre de Louis XVI au Château de Compiègne.
Localisée aux Tuileries en 1793, présumée détériorée dans l'incendie des Tuileries de 1871, elle fut acquise peu après par le ciseleur Briffos qui l'aura demantélée.

Cette pendule monumentale mesurait 117 cm de large sur 91 de haut et 32 de profondeur.
L'inventaire de 1793 de l'horloger de l'oeuvre Robin en précise la composition et les emplacements successifs, d'abord le château de Compiègne, ensuite le palais des Tuileries, et le "Museum", probablement le musée Révolutionnaire du Louvre.

Inventaire de l'horloger Robin (1793):
"N°1. Une pendule représentant le Repos de Diane, après la Chasse. Cette pendule est composée d'un socle de marbre bleu de turquin porté par des pieds de sanglier, ornés de bas-reliefs analogues à la Chasse, sur lequel est une terrasse de bronze en ver antique garni d'arbres, buissons, etc., au milieu desquelles estun rochet de marbre bleu de turquin sur lequel est ajuste un sé de vigne rempant et entourant une lunette dans laquelle est le mouvement. Des deux cotés sont deux groupes, dont l'un est un cerf pris par des chiens, et l'autre un sanglier en arrêt par d'autres chiens qui le déchirent.
- Cette pendule etoit destinée pour Compiegne et actuelement pour le muséum. Est de M. Robin. Porte environ 4 pds de large et 2 pds et demie de haut au moins. Doit estre et etoit il y a peu de jours aux Thuilleries".

Valmont a écrit:

Lors de son excellente présentation des cheminées sous Louis XVI, M. Emmanuel Sarméo montra une photo de la cheminée de la duchesse de Mazarin exécutée par Gouthière (sur un dessin de Bélanger) pour son hôtel parisien.

Je suppose qu'à l'origine, cette belle cheminée se trouvait dans l'hôtel de la duchesse de Mazarin quai Malaquais. L'expo nous apprend qu'elle était la belle-fille du duc d'Aumont, collectionneur et amateur d'art comme elle. Ils furent les bienfaiteurs de Pierre Gouthière auquel ils commandèrent beaucoup d'oeuvres. Cela n'empêcha pas Gouthière, qui n'arrivait pas à se faire payer par ses clients, de faire faillite à la veille de la révolution...

Bonjour,

Je savais que l'Aube avait vu naître et fait travailler de grands artistes et artisans, mais j'ignorais que Pierre Gouthière en faisait partie, et visiblement tout le département l'ignorait jusque là. La nouvelle célébrité de Gouttière outre atlantique et dans les capitales européennes à attiré l'oeil de la presse locale qui lui consacre aujourd'hui un petit article (destiné au non initiés, donc très sommaire!).
Malgré tout, je vous le fait partager...

bonjour 
voici quelques photos de l'exposition (photo du 26.05.2017)
désolé il va y avoir un ou deux doublons 











désolé pour la qualité de la photo
dessin 1: Ces deux dessins sont des projets proposés par Richard Mique pour le réaménagement du Salon des Nobles de la Reine au Château de Versailles. Le premier projet ne sera pas retenu sans doute en raison  de la trop grande richesse du dessin pour un salon qui faisait office d'antichambre 





La visite est terminée 
Cordialement
Anne-Charlotte