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Histoire, description et guide du chateau de Versailles
Nombre de messages : 3316 Age : 52 Localisation : versailles Date d'inscription : 12/12/2011
Sujet: Re: Exposition fêtes et divertissements à Versailles (2016-2017) Mer 2 Nov 2016 - 14:22
Cher Mr de Marigny
je me suis posé la question car cela fait au moins 2 voire 3 ans qu'il n'est plus exposé dans son grand cabinet
Cordialement Anne-Charlotte
duc de Dorset Marquise, Marquis
Nombre de messages : 660 Age : 51 Localisation : Paris Date d'inscription : 06/10/2015
Sujet: Re: Exposition fêtes et divertissements à Versailles (2016-2017) Sam 5 Nov 2016 - 9:41
Belle exposition en perspective semble-t-il. Il est intéressant de noter la similarité des goûts de Louis XIV et Marie-Antoinette en matière de divertissements, notamment leur passion commune pour le théâtre. Alors que Louis XVI quant à lui n'était pas un amateur de théâtre, de musique ni de jeu.
J'ai retrouvé un document aux archives le week-end dernier, qui évoque le coût de ces fêtes entre la fin du règne de Louis XV et le début du règne de Louis XVI. Il est indiqué que le coût en a été de 6 millions de livres sur 15 ans (entre 1766 et 1781), soit 500.000 livres en moyenne chaque année.
On est assez loin, je trouve, des chiffres pharaoniques dénoncés à l'époque pour exciter la populace.
La seule visite du comte et de la comtesse du Nord en 1782 aura coûté 202.772 livres (AN 0/1/1801, p. 391). L'état de dépenses que j'ai retrouvé aux archives détaille les postes de frais de cette visite comme suit :
1/ Le premier poste de dépenses concerne la confection d'habits neufs (254 au total), la réparation de 370 habits du magasin des menus et l'emprunt de 159 habits à l'opéra, nécessaires à l'exécution des deux opéras et du ballet : 100.492 livres.
2/ Le deuxième poste est celui du paiement des acteurs, danseurs, simphonistes, soldats "compars" (?), sergents, suisses, hoquetons, avertisseurs et autres emplois à l'exécution des deux opéras et du ballet : 24.594 livres.
3/ Le troisième poste le plus important est celui des fournitures et dépenses pour la construction, le rétablissement des décorations, machines et accessoires de menuiserie, serrurerie, toile, clous, bois, peinture, cordages, journées d'ouvriers et de tapissiers et autres, pour la somme de 24.241 livres.
4/ Le quatrième poste est celui des fournitures et dépenses pour les décorations du bal paré : 11.508 livres.
Les autres postes concernent les frais de déplacement, la cire etc...
M. de Noisy Admin
Nombre de messages : 24536 Age : 59 Localisation : Royaume de France et de Navarre Date d'inscription : 21/02/2006
Sujet: harpe marie antoinette naderman 1774 vendome Lun 7 Nov 2016 - 9:27
La harpe de Marie-Antoinette, propriété du musée de Vendôme depuis 1904, est prêtée au château de Versailles. Livrée en 1774 par Naderman, luthier facteur, elle va rejoindre l'exposition « Fêtes et divertissements » qui s'ouvre ce 29 novembre à Versailles. En échange, le musée va recevoir un tableau de Paul-Émile Lecomte.
La harpe offerte au musée en 1904 par Mlle de Trémault. - (Photo archives NR)
Le tableau prêté par Versailles est peut-être celui-ci :
LECOMTE Paul Emile ; VERNET Horace (d'après) LE DUC DE CHARTRES SAUVE UN PRETRE QUI SE NOYAIT DANS LE LOIZ A VENDOME.AOUT 1791 commandé par Louis-Philippe pour le musée historique de Versailles en 1848. Versailles ; musée national des châteaux de Versailles et de Trianon Numéro d'inventaire MV 5180 ; INV 8399 ; LP 7348
_________________ "Oui, Sire, le moulin a disparu mais le vent est resté", M. de Gramont.
duc de Dorset Marquise, Marquis
Nombre de messages : 660 Age : 51 Localisation : Paris Date d'inscription : 06/10/2015
Sujet: Re: Exposition fêtes et divertissements à Versailles (2016-2017) Lun 7 Nov 2016 - 10:19
Le musée de Vendôme serait bien inspiré de prêter cette harpe sur une longue durée au château de Versailles. Elle pourrait ainsi être exposée dans la chambre de la reine, comme sur la fameuse gouache de Dagoty.
M. de Noisy Admin
Nombre de messages : 24536 Age : 59 Localisation : Royaume de France et de Navarre Date d'inscription : 21/02/2006
Sujet: Re: Exposition fêtes et divertissements à Versailles (2016-2017) Lun 7 Nov 2016 - 10:59
Ne dépouillons pas un petit musée de province de sa "Joconde" !!! (Quoiqu'on y trouve également des chaises de service provenant de Versailles ...) A ma connaissance, ce ne sont pas les harpes anciennes qui manquent à la cité de la Musique à Paris, une d'entre-elles a été déposé au Louvre, pourquoi pas à Versailles ? Il doit bien y en avoir avec des belles provenances dans ses collections un peu sérielles.
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duc de Dorset Marquise, Marquis
Nombre de messages : 660 Age : 51 Localisation : Paris Date d'inscription : 06/10/2015
Sujet: Re: Exposition fêtes et divertissements à Versailles (2016-2017) Lun 7 Nov 2016 - 12:19
Effectivement c'est la Joconde de Vendôme.
Mais en même temps, on se demande vraiment ce que cette harpe vient faire à Vendôme.
Surtout qu'il n'existe pas à ma connaissance, d'autre harpe ayant appartenu à Marie-Antoinette dans les collections publiques. La harpe de Vendôme a été exposée lors de l'exposition sur Marie-Antoinette en 2008.
A ce propos, la philharmonie propose un concert de harpe sur le thème de Marie-Antoinette :
Nombre de messages : 106 Age : 78 Localisation : LILLE Date d'inscription : 25/10/2010
Sujet: gouache de Dagoty Lun 7 Nov 2016 - 12:38
Bonjour, Sur la gouache de Dagoty représentant la reine Marie-Antoinette jouant de la harpe, on voit ce magnifique miroir de toilette qui est aujourdhui dans une collection allemande. Je n'arrive pas à retrouver la photo de ce miroir, publiée il y a 40 ans dans une revue d'art "L'oeil"?? Ce miroir est-il encore en mains privées ? Par ailleurs le magnifique cabinet couronné de bronze et garni de fleurs de lys est un meuble que je n'arrive pas à identifier. Que sait-on de ce cabinet? La guitare de la reine est-elle au château ou dans une collection comme celle des Weil-Picard ou David-Weil ? Tous mes remerciements. Christian Moinet
G.M. co-Admin
Nombre de messages : 12983 Localisation : Entre le comté d'Eu, les Tuileries, Versailles, Fontainebleau, et la principauté de Dombes Date d'inscription : 13/02/2012
_________________ « Il n’y a pas d’endroit à Versailles qui n’ait été modifié dix fois, et souvent il arrive que c’est tant pis. » Élisabeth-Charlotte, princesse Palatine, duchesse d'Orléans (1652-1722)
jacob pierre Princesse, Prince Etranger
Nombre de messages : 2076 Age : 64 Localisation : belgique Date d'inscription : 11/02/2008
Sujet: Re: Exposition fêtes et divertissements à Versailles (2016-2017) Lun 7 Nov 2016 - 14:32
Cher Moinet, je pense que vous fates erreur concernant le miroir de toilette de la gouache de Dagoty. Il existe en effet un miroir de toilette somptueux en bronzes dorés et acier bleui aux armes de la reine (qui ont été apparemment été rajoutées). ce miroir se trouve dans un château d'un margrave allemand si je me souviens bien ( la Fasanerie de mémoire?). celui qui se trouve représenté sur la gouache est en fait celui en argent de la Dauphine de Saxe par Thomas Germain remis au gout du jour pour la Reine et hélas fondu à la révolution.
Dernière édition par jacob pierre le Lun 7 Nov 2016 - 19:24, édité 1 fois
M. de Noisy Admin
Nombre de messages : 24536 Age : 59 Localisation : Royaume de France et de Navarre Date d'inscription : 21/02/2006
Sujet: Re: Exposition fêtes et divertissements à Versailles (2016-2017) Lun 7 Nov 2016 - 16:46
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G.M. co-Admin
Nombre de messages : 12983 Localisation : Entre le comté d'Eu, les Tuileries, Versailles, Fontainebleau, et la principauté de Dombes Date d'inscription : 13/02/2012
Sujet: Émile Lecomte Vernet Louis-Philippe Siret Vendôme noyade Mer 9 Nov 2016 - 17:54
M. de Noisy a écrit:
Le tableau prêté par Versailles est peut-être celui-ci :
LECOMTE Paul Emile ; VERNET Horace (d'après) LE DUC DE CHARTRES SAUVE UN PRETRE QUI SE NOYAIT DANS LE LOIZ A VENDOME.AOUT 1791
Échange d'oeuvres entre Versailles et le musée [de Vendôme]
La harpe ayant appartenu à Marie-Antoinette a été prêtée au château ; en contrepartie, une œuvre représentant Louis-Philippe à Vendôme est arrivée.
C'est le genre d'occasion pour laquelle il a littéralement fallu prendre des gants : hier matin, tandis qu'une des œuvres quittait l'exposition permanente du deuxième étage, l'autre rejoignait la collection.
Un chassé-croisé permis grâce à l'accord entre le château de Versailles et le musée. Le premier souhaitait exposer la harpe de Marie-Antoinette, propriété du second. « Mademoiselle de Trémault l'a reçue à la suite d'un héritage ; elle a fait don de très nombreux objets personnels, dont cette harpe. »
L'instrument a été restauré en 1988 afin de préparer le bicentenaire de la Révolution française. « C'est ainsi qu'a été découverte la date à laquelle elle a été offerte, le 10 novembre 1774. » Un cadeau qui pourrait faire suite à l'avènement de Louis XVI suite au décès de Louis XV.
Versailles organise prochainement une exposition portant sur les fêtes et divertissements sous l'Ancien Régime et a demandé à ce que cette pièce puisse en faire partie. « C'est la seconde fois qu'elle est prêtée, elle avait déjà fait l'objet d'une exposition au Grand Palais en 2008 », expliquait Laurence Guilbaud, conservateur du musée. D'où la venue, en contrepartie d'une œuvre du château de Versailles. Louis-Philippe à Vendôme
La peinture représente Louis-Philippe, duc d'Orléans, en train de sauver de la noyade « Siret », un ingénieur des Ponts et chaussées à Vendôme. « Ces peintures ont été commandées par Louis-Philippe. A la fin de sa vie, il a souhaité créer une pièce où seraient représentés tous les moments de sa vie », expliquait Frédéric Lacaille, conservateur des peintures du XIXe au château de Versailles. Louis-Philippe était alors dans le régiment de Dragons en garnison à Vendôme. Ce dernier a tenu des carnets où il raconte ses mémoires, tandis que ce fait semble avoir été corroboré par des écrits locaux.
La peinture désormais accrochée est une copie d'un premier tableau commandé à Horace Vernet par la sœur de Louis-Philippe. Celui d'Émile Lecomte le reprend quasiment à l'identique, y compris la vue du château quelque peu… imaginée.
Aziliz Le Berre
*********************
En complément.
Voici comment le don de cette harpe fut annoncé en 1904 (époque à laquelle l'on croyait qu'elle avait appartenu à Madame Elisabeth) dans le "Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois" :
Nous avons reçu :
Don de Mademoiselle de Trémault :
Une harpe du temps de Louis XVI. Ce bel instrument fut donné par Madame Elisabeth, sœur du roi, a une de ses filleules dans la famille de Cambis ; il est l'œuvre du fameux luthier H. Naderman, fournisseur de la cour et dont la renommée brillait de tout son éclat vers 1775.
Cette harpe à sept pédales et à 34 cordes, présente sur sa table ou corps sonore, de fines peintures de guirlandes et de couronnes de fleurs, puis les attributs de la chasse, et, à la base, des figures allégoriques de la Paix et des Arts.
La colonne en bois sculpté et doré est ornée de deux écussons ovales accolés dont les armoiries sont malheureusement recouvertes d'une peinture noirâtre et épaisse qui les masque entièrement ; ils étaient surmontés d'une couronne royale sculptée également dans le bois, qui a été supprimée à une époque dangereuse, mais qui se reconnaît encore parfaitement par les attaches des fleurs de lis et des branches du diadème.
Nous ne saurions assez remercier Mademoiselle de Trémault de ses générosités à l'égard de la Société et du Musée (...)
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duc de Dorset Marquise, Marquis
Nombre de messages : 660 Age : 51 Localisation : Paris Date d'inscription : 06/10/2015
Sujet: Re: Exposition fêtes et divertissements à Versailles (2016-2017) Jeu 10 Nov 2016 - 7:47
Grande Mademoiselle a écrit:
L'instrument a été restauré en 1988 afin de préparer le bicentenaire de la Révolution française. « C'est ainsi qu'a été découverte la date à laquelle elle a été offerte, le 10 novembre 1774. » Un cadeau qui pourrait faire suite à l'avènement de Louis XVI suite au décès de Louis XV.
Merci pour ces informations, cher GM.
Quelques jours après la remise de cette harpe à Marie-Antoinette, le comte de Mercy écrit à Marie-Thérèse, le 17 novembre 1774, que la Reine prend tous les matins sur la harpe une leçon qui dure une heure et demie, parfois deux heures et qu'elle fait ensuite un petit concert presque tous les après-midi.
« Quand aux occupations, je ne puis en citer d’autres que celles de la musique. La Reine prenait tous les matins sur la harpe une leçon qui durait une heure et demie, quelquefois deux heures. Il y avait presque toutes les après midi un petit concert qui servait de répétition à la leçon du matin. Les progrès que la reine fait dans la musique augmentent le goût qu’elle y prend, mais il en résulte la perte de beaucoup de temps qui pourrait être employé d’une façon plus utile. Je me suis permis là-dessus quelques réflexions que la reine a prises en bonne part et desquelles elle n’est point disconvenue. Je lui ai représenté que le plaisir d’exécuter soi-même de la musique n’était satisfait qu’autant qu’on la possédait à un certain degré de perfection, parce que ce plaisir est un objet d’amour-propre ; Cet art est d’une extrême difficulté […] il en résulte que les personnes de rang élevé finissent communément par n’avoir qu’à regretter la perte du temps qu’elles ont employé à vouloir apprendre un art dans lequel il leur est presque impossible d’exceller, et qui n’admet point de médiocrité. J’ai tâché de faire valoir des remarques au profit des lectures »
Le 17 avril 1775, Marie-Antoinette écrit également à sa mère qu'elle fait un petit concert de harpe tous les lundis entre 18h et 21h « sans étiquette » :
« J’ai établi chez moi un concert tous les lundis qui est charmant. Toute étiquette en est ôtée. J’y chante avec une société de dames choisies qui y chantent aussi. Il y a quelques hommes aimables […]. Cela dure depuis six heures jusqu’à neuf, et ne paraît long à personne. »
La harpe constituait au même titre que le théâtre une vraie passion pour Marie-Antoinette.
G.M. co-Admin
Nombre de messages : 12983 Localisation : Entre le comté d'Eu, les Tuileries, Versailles, Fontainebleau, et la principauté de Dombes Date d'inscription : 13/02/2012
Sujet: proue du canot de promenade de Marie-Antoinette Lun 14 Nov 2016 - 18:45
_________________ « Il n’y a pas d’endroit à Versailles qui n’ait été modifié dix fois, et souvent il arrive que c’est tant pis. » Élisabeth-Charlotte, princesse Palatine, duchesse d'Orléans (1652-1722)
A-Marie Duchesse, Duc et Pair de France
Nombre de messages : 1331 Localisation : Val de Galie Date d'inscription : 25/05/2013
Sujet: Re: Exposition fêtes et divertissements à Versailles (2016-2017) Sam 19 Nov 2016 - 23:10
Alain RR a écrit:
J'ai lu quelque part (?) que deux éléments scéniques vont être reconstitués pour l'exposition.
L'un d'eux est une marotte géante. Mais chut ! attendons la fin du mois ! Ces éléments scéniques ont été "mécènés" par Les Jeune Amis de Versailles
Dernière édition par A-Marie le Jeu 24 Nov 2016 - 14:34, édité 1 fois
G.M. co-Admin
Nombre de messages : 12983 Localisation : Entre le comté d'Eu, les Tuileries, Versailles, Fontainebleau, et la principauté de Dombes Date d'inscription : 13/02/2012
Sujet: affiche teaser exposition fêtes divertissements Ven 25 Nov 2016 - 14:09
Affiche et teaser de l'exposition :
Let's dance !
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M. de Noisy Admin
Nombre de messages : 24536 Age : 59 Localisation : Royaume de France et de Navarre Date d'inscription : 21/02/2006
Sujet: Re: Exposition fêtes et divertissements à Versailles (2016-2017) Lun 28 Nov 2016 - 13:31
Article connexe :
Que la fête commence ! Marianne Niermans / Le 25/11
Depuis Louis XIV, la fête n’est pas seulement l’expression d’un art de vivre « à la française ». Elle est aussi un instrument du pouvoir : du Roi Soleil à Napoléon III, Versailles et le musée d’Orsay reviennent sur ces fastes très politiques, que la République a perpétué.
Louis XIV l'a bien compris : la fête est un formidable rouage de l'art de gouverner. S'il n'est pas l'inventeur du genre, il en sera le grand organisateur, et le portera à son paroxysme. « Cette société de plaisirs, qui donne aux personnes de la cour une honnête familiarité avec [le souverain], les touche et les charme plus qu'on ne peut dire », écrit-il dans ses Mémoires pour l'instruction du Dauphin. Voilà pour l'ordinaire de la vie de cour. Quant à l'extraordinaire venant célébrer un événement, il se traduira par une véritable conquête de l'Europe en une escalade de grandeur et d'émerveillement. Tout commence en 1664 avec « Les Plaisirs de l'île enchantée », six jours de fête offerts diront certains pour mademoiselle de La Vallière, sa favorite. Ragots de cour. Le roi se pose pour la première fois en grand maître des cérémonies et veut montrer la magnificence de Versailles. « Le château n'est encore qu'un pavillon de chasse. Le soir, le prince de Condé ne trouvera pas à se loger. Il couchera dans son carrosse », s'amuse le conservateur en chef du château de Versailles, Raphaël Masson. Reste que le mécanisme est déjà bien huilé. « Louis XIV institutionnalise le divertissement royal qui, chose sérieuse, est porté par un personnel considérable de charpentiers, menuisiers, peintres et décorateurs », explique Béatrix Saule, directrice générale de Versailles et commissaire de l'exposition « Fêtes et divertissements à la cour », qui s'ouvre mardi prochain.
Ainsi l'art de l'éphémère, les illuminations, les décors feront la splendeur des fêtes du début du règne. Si celle de 1664 n'est ouverte qu'à la cour, les festivités de 1668 et de 1674 le seront à tous. « Volonté de propagande royale, elles feront l'objet de relations imprimées nourries de planches gravées. La diffusion de ces ouvrages, vendus chez des marchands ou confiés aux ambassadeurs pour les exposer aux cours d'Europe, est considérable », souligne Raphaël Masson. Ils ressortiront un siècle plus tard, en modèle idéal, lorsqu'on réfléchira à l'organisation du mariage de Louis XVI... Été 1674, les fêtes qui célèbrent la reconquête de la Franche-Comté confinent à la féerie absolue. L'inauguration du Grand Canal est à la mesure des travaux pharaoniques de la croix d'eau. Subjugué, Louis XIV ordonnera deux ans plus tard un remake. Quelques feux d'artifice encore... Puis le chapitre des grandes fêtes se referme et il faudra attendre Louis XV pour voir à nouveau les poudres magiques illuminer les plus belles nuits de Versailles.
En 1745, au sommet de sa gloire, Louis XV marie en grande pompe le Dauphin. Illuminations, feux d'artifice, bals, spectacles... tous les ingrédients des fêtes sont de retour, comme ils le seront en 1770 pour la noce de Louis XVI et Marie-Antoinette, « la plus magnifique qui se soit vue à Versailles ». De la galerie des Glaces, Louis XV et la famille royale admirent le spectacle pyrotechnique dont la puissance est telle que l'on fait grillager les fenêtres de « peur d'accident ». Béatrix Saule précise : « L'Académie des Sciences a été mise à contribution. Pendant trois minutes, tout le parc s'embrase. » En haut d'un temple de l'Hymen brillent les armes du roi et les chiffres des époux, tandis que, dans les jardins, des spectacles de foire font le bonheur du peuple. Somptueuses, ces réjouissances royales sonnent en réalité le glas de la magnificence de la monarchie. L'ennui se cacherait-il derrière ces fêtes, dans ces bals à l'étiquette formelle où l'on se montre en grand habit ? Béatrix Saule note : « On s'y amuse vraiment, mais pas toujours. Un mauvais pas expose au ridicule, ce qui ne pardonne pas à la cour. » Instaurés par Louis XIV en 1682, lors de son installation à Versailles, les petits bals des soirées d'appartement offrent davantage de liberté. Et plus encore les bals masqués, qui connaissent des débauches de costumes improbables d'autruche, d'ivrogne ou de Chinois. Lors de celui de 1745, l'entrée dans la galerie des Glaces de Louis XV déguisé en if frappera les mémoires. D'autant qu'à ces bals, vient qui veut. « Cela donnait lieu à une promiscuité étonnante, s'amuse Béatrix Saule. Faire ôter le masque était une incivilité. La cour n'avait pas le côté compassé que l'on imagine. »
Crinolines et bals travestis
Un siècle plus tard, le 2 décembre 1852, le prince-président est proclamé empereur. Reste à asseoir la légitimité de son pouvoir. Pour cela, Napoléon III a bien retenu la leçon monarchique. Portés par une politique expansionniste, le rayonnement des expositions universelles de 1855 et de 1867 et de Paris, ville-opéra métamorphosée en capitale des plaisirs, les fastes du Second Empire offriront un spectacle ininterrompu d'une redoutable efficacité. L'argent mène le bal... En invitant à danser ensemble aristocrates, grands bourgeois, financiers, banquiers, industriels, l'empereur rassemble des mondes qui s'ignorent, se méprisent, et rallie les élites. « Les frères Goncourt jugeront cette société de parvenus dont la vieille aristocratie du boulevard Saint-Germain se tient à l'écart », explique Paul Perrin, conservateur au musée d'Orsay. Mais si l'art de vivre de l'Ancien Régime semble désormais appartenir au passé, les fantasmes louis-quatorziens portent l'ambition de l'empire. « Napoléon III se veut la synthèse de l'histoire de France », affirme l'historien Xavier Mauduit. Grand bal dans la galerie des Glaces, souper à l'Opéra royal, spectaculaire feu d'artifice sur la pièce d'eau des Suisses, la réception donnée en 1855 à Versailles en l'honneur de la reine Victoria est la vitrine de la France. Douze ans plus tard, en 1867, la visite du roi consort d'Espagne, François d'Assise, donne lieu à de semblables délires. Pauline de Metternich note : « Ce jour-là, on avait laissé entrer le public dans le parc, qui était noir de monde. » Comme sous Louis XIV....
Les Tuileries, Saint-Cloud, Fontainebleau, Biarritz, Compiègne, la cour se produit un peu partout en France, proposant un spectacle mondain relayé par les échotiers. Visite du roi de Prusse, du tsar de Russie, réceptions chez le duc de Morny, le prince de Metternich, le prince Walewski, au Louvre et tout au long des expositions universelles... on ne finit pas de danser ! Chaque année, de janvier à mai, les quatre grands bals donnés aux Tuileries, véritable temple de la mondanité, accueillent 3 000 à 4 000 personnes. L'affluence est telle que l'on peut à peine y valser, même si l'empereur, piètre danseur dit-on, ouvre avec l'impératrice les festivités par un quadrille d'honneur. Qu'importe ! On y vient surtout pour voir et être vu. Si Paris, de son côté, s'amuse et « s'en fourre jusque-là » sur des airs d'Offenbach, les quatre autres petits bals des Tuileries sont objets de toutes les convoitises. Plus encore les bals travestis. L'impératrice les aime à la folie... On y croise le marquis de Galliffet en coq, la princesse de Metternich en diable noir, la comtesse de Castiglione en reine d'Étrurie... Narcissique, la tapageuse maîtresse de l'empereur offre sa beauté dévastatrice au photographe Pierre-Louis Pierson. Fascinante démonstration d'auto-représentation à laquelle cède l'empire tout entier, y compris Eugénie, qui se livre à l'objectif en dogaresse (épouse du doge de Venise), son costume du bal des Tuileries de février 1863. Éblouie, Mme Mouton, une invitée, écrit : « L'impératrice était littéralement cuirassée de diamants et brillait comme une déesse au soleil. »
De la démesure à la prémonition... Trois ans plus tard, lors du bal de février 1866, l'impératrice apparaît en Marie-Antoinette, pour laquelle elle nourrit un véritable culte. « Cela n'a pas produit un bon effet », note Mérimée. Un homme masqué susurre à l'oreille de l'impératrice : « Votre costume est des plus vrais, aussi gare à la tête »... Le masque, qui fait partie du jeu, ne tardera guère à tomber. La défaite de Sedan, en 1870, puis la perte désastreuse de l'Alsace-Lorraine nourriront les pages les plus sombres de la « légende noire » du Second Empire, un « beau théâtre qui flambera en quelques heures pour ensevelir sous des cendres toute la frivolité empanachée » notera longtemps après Ferdinand Bac. « Sans blague aucune, c'était splendide ! » écrivait en 1867 Flaubert à George Sand au sortir d'un bal aux Tuileries ...
Et la République vint à Versailles
Avec la disparition de la cour, c'en est-il fini de la fête comme instrument politique ? Non. Et c'est à Versailles, incarnation de la grandeur de la France, que les IIIe, IVe et Ve Républiques vont jouer une partition improbable : d'Hailé Sélassié à George VI d'Angleterre en passant par la reine Juliana des Pays-Bas, le Shah d'Iran et la Shahbanou, l'empereur Hiro Hito ou Ronald Reagan, têtes couronnées et chefs d'État du monde entier défilent dans le palais. Mais terminé les extravagances telles celles organisées pour la reine Victoria en 1855. Banquet dans la galerie des Glaces, spectacle à l'Opéra royal ou dans la Chapelle royale, illuminations et feu d'artifice dans le parc, la fête républicaine s'installe dans une semi-routine prestigieuse codifiée en fonction des enjeux politiques. « Sans compter les Grandes Eaux, qui restent honorifiques, et que l'on fait jouer comme Louis XIV lorsqu'il recevait un ambassadeur ou un prince », note Raphaël Masson. Ainsi, toute la panoplie est déployée lors de l'éblouissante fête du 8 octobre 1896 donnée en l'honneur du tsar Nicolas II. Ou encore le 9 avril 1957, lors de la visite de la toute jeune reine Elizabeth d'Angleterre, reçue par le président René Coty, avec, cerise sur le gâteau, l'inauguration de l'Opéra royal fraîchement restauré. Les années De Gaulle jonglent entre la réception de Nikita Khrouchtchev en 1960 et la très glamour apparition du couple Kennedy en juin 1961, où Jackie, ravissante en robe longue et diadème, impose son élégance et séduit André Malraux, son voisin de table. Le dîner de gala donné en leur honneur dans la galerie des Glaces restera un des plus beaux souvenirs de la République en tenue de soirée. En mars 1969, le séjour de Richard Nixon au Grand Trianon - que le général vient de faire restaurer à grands frais pour y accueillir les invités de l'État - clôturera ce cycle gaullien.
« Jusque-là, lorsqu'un chef d'État était reçu en visite officielle à Versailles, un appartement de jour lui était attribué dans les appartements royaux pour lui permettre de se changer et de recevoir. » Ainsi, en 1957, la reine Elizabeth trouve à sa disposition la chambre de Marie-Antoinette. Elle s'y changea deux fois, relève la presse. Raphaël Masson poursuit : « Les cuisines étaient installées dans les cours intérieures du château, le service se faisait par des escaliers démontables pour éviter de passer par les chambres. Curieusement, le château n'est pas fait pour recevoir. » Ce que De Gaulle a compris puisqu'il fit aménager de véritables cuisines dans les sous-sols de Trianon, métamorphosé en hôtel de la République. Georges Pompidou s'en accommodera en invitant Leonid Brejnev et la reine d'Angleterre à y séjourner. « Après De Gaulle, Valéry Giscard d'Estaing reste le président le plus en phase avec Trianon. Il assumait. Au point d'y fêter ses 50 ans en famille. » D'un président, l'autre... La fête se poursuit, grandiose, avec François Mitterrand qui signe la dernière grande représentation de la République lors de la réunion du G7 en juin 1982. La totale ! Versailles se métamorphose en un somptueux manifeste de l'art de recevoir à la française auquel assistent, éblouis, Ronald Reagan, Margaret Thatcher et Helmut Schmidt... Entre Grandes Eaux et galerie des Glaces, le président socialiste a fait disparaître toutes les réticences qui pouvaient encore s'exercer à son égard. Il étale d'autant plus les fastes afférents à son pouvoir qu'en coulisse la France négocie une dévaluation humiliante avec son partenaire allemand.
Puis les présidents délaisseront Trianon, de peur de se voir accusés de mettre les pieds dans les pantoufles des rois. Enfin, presque... Le 26 mars 2014, François Hollande reçoit le président chinois Xi Jinping. Au programme, visite de la galerie des Glaces, concert à l'Opéra royal et dîner privé signé Alain Ducasse à Trianon. « Mais, signe des temps, de la musique chinoise est donnée en l'honneur de l'hôte. Une variante inédite. Jusqu'alors, on cherchait à mettre en valeur la culture française avec un morceau de Rameau, un acte de Molière ou de Racine. Du grand siècle toujours... » souligne, nostalgique, Raphaël Masson. O tempora, o mores...
DERNIERS BALS
L'important, c'est d'en être. De figurer sur les listes de ce club très privé qu'est la Café Society de l'après-guerre, « la jet-set d'aujourd'hui avec l'élégance en plus » note l'écrivain Philippe Séguy. Bals des oiseaux de la duchesse de Talleyrand, bal des rois et des reines du comte et la comtesse de Beaumont, bals du marquis de Cuevas, de Charles de Beistegui, de Marie-Hélène de Rothschild, de la vicomtesse de Noailles, du baron Alexis de Redé... le tout-Paris international s'enivre, se masque et rivalise dans une débauche de luxe et de magnificence. On y croise le duc et la duchesse de Windsor, Fred et Daisy de Cabrol, la vicomtesse de Ribes, Paul Morand, Salvador Dali, Louise de Vilmorin, Daisy Fellowes, Jean Cocteau, Porfirio Rubirosa, tout un monde cosmopolite dont la raison d'être est l'élégance et le raffinement (photo : Charlotte Aillaud, lors de la soirée surréaliste donnée par Marie-Hélène de Rothschild au château de Ferrières, le 12 décembre 1972). Philippe Séguy poursuit : « Cette société connaît aux derniers soubresauts d'une survivance de l'Ancien Régime. Il y a un côté très nostalgique dans cette manière d'être. » Imaginons... 1969. Vêtu en prince caucasien, Alexis de Rédé reçoit à l'hôtel Lambert, une des plus belles demeures de Paris pour un bal oriental follement dispendieux qu'immortalise l'aquarelliste Serebriakoff. Après avoir traversé la cour où des éléphants en papier mâché montent la garde, les invités sont accueillis dans le grand escalier par des laquais à moitié nus grimés en « esclaves noirs »... Tout est dit.
Expos : « Fêtes et divertissements à la cour », château de Versailles, du 29 novembre au 26 mars, accompagné d'une programmation ad hoc à l'Opéra royal. « Spectaculaire Second Empire », Musée d'Orsay, jusqu'au 15 janvier. À lire : « Flamboyant Second Empire », Xavier Mauduit et Corinne Ergasse, Armand Colin.
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Anne-Charlotte Princesse, Prince Etranger
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Sujet: Re: Exposition fêtes et divertissements à Versailles (2016-2017) Lun 28 Nov 2016 - 18:27
Bonjour
je viens de voir les premières photos de l'exposition : c'est magnifique la seule chose que je reproche c'est que les oeuvres sont trop proches du public et cela me fait un peu peur car certains visiteurs aiment toucher et ceci vont être ravis . Les agents devront être très vigilants
Cordialement Anne-Charlotte
G.M. co-Admin
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Sujet: Re: Exposition fêtes et divertissements à Versailles (2016-2017) Lun 28 Nov 2016 - 22:12
En attendant les images de nos reporters ...
Un roi caché dans un if ? (!) Photo prise par Catherine Pégard le 28/11/16.
_________________ « Il n’y a pas d’endroit à Versailles qui n’ait été modifié dix fois, et souvent il arrive que c’est tant pis. » Élisabeth-Charlotte, princesse Palatine, duchesse d'Orléans (1652-1722)
Alain Roger-Ravily + Petite-Fille, Petit-Fils de France
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Sujet: Re: Exposition fêtes et divertissements à Versailles (2016-2017) Mar 29 Nov 2016 - 12:20
Photos trouvées sur tweeter
G.M. co-Admin
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Sujet: Exposition fêtes divertissements reportage France3 Mar 29 Nov 2016 - 12:40
Exposition : le faste à la Cour de Versailles sous Louis XIV
Tout le faste et la démesure des fêtes et spectacles organisés par le Roi Soleil, ont fait de Versailles le lieu du divertissement, de l’extraordinaire et du fantastique. Une exposition à découvrir au château de Versailles.
En monarque politique, Louis XIV a su faire de Versailles un lieu grandiose où les fêtes et les spectacles étaient toujours plus extravagants les uns que les autres. Le Roi Soleil voulait marquer les esprits, il avait bien compris l'importance de divertir sa cour, d'émerveiller le royaume et de faire rêver l'Europe toute entière. Ce faste et la grandeur des festivités de Versailles est présenté dans une exposition visible au château de Versailles jusqu'en mars prochain.
Le divertissement à la cour de Louis XIV devait être fastueux et original. Tous les procédés les plus modernes de l’époque étaient utilisés pour émerveiller et impressionner le public. Une infinie variété des divertissements était proposée à la cour de Versailles, chasses, spectacles, comédies, opéras, concerts, promenades, jeux de plein air et sports, jeux d'argent, feux et illuminations. Initié par Louis XIV ce goût du divertissement se prolonge jusqu’à la Révolution.
L'exposition « Fêtes et divertissements à la Cour » jusqu'au 26/03/2017
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M. de Noisy Admin
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Sujet: saule fete theatre bals chasse mail menus plaisirs expo Mar 29 Nov 2016 - 14:12
Dans une exposition, le château de Versailles détaille les divertissements raffinés réservés à nos princes. Visite guidée avec la conservatrice Béatrix Saule.
Propos recueillis par Marc Fourny Publié le 29/11/2016 à 11:37 | Le Point.fr
On estime à 3 000 au minimum le nombre de courtisans, diplomates et seigneurs qui se pressent chaque jour à Versailles. Très vite, Louis XIV se soucie d'occuper ces nobles qui vivent à ses côtés et redoutent, plus que tout, de s'ennuyer. Une véritable industrie se met alors en place pour faire du palais le théâtre des mille plaisirs dans un raffinement inouï : architectes, décorateurs, costumiers, menuisiers et artistes, tous se mobilisent dans la coulisse pour surprendre et distraire. Une vraie politique culturelle, réservée à l'élite, décrite dans une érudite exposition au château de Versailles.
Le Point.fr : Les amusements royaux ne datent pas de Versailles. On se divertissait beaucoup avant, notamment sous la Renaissance. Qu'est-ce qui change au XVIIe siècle ?
Béatrix Saule : Les grandes fêtes ont toujours existé, bien sûr. La grande différence, c'est que Louis XIV institutionnalise le système des divertissements et impose surtout une vraie régularité. Il met ainsi en place des réceptions très organisées, les soirées d'appartement, qui se déroulent trois fois par semaine, de 7 heures à 10 heures du soir, de la Toussaint à Pâques, avec de la danse, des jeux, de la musique, des collations... Et les trois autres jours, il y a la comédie, c'est-à-dire le théâtre. Il s'agit d'un vrai changement de société, d'une nouvelle convivialité. Jusqu'alors, on ne pouvait pas recevoir pendant les soirées d'hiver, ou très rarement. Cela coûtait une fortune en éclairage et seul le roi pouvait s'offrir un millier de bougies dans le Grand Appartement pour des réceptions de 300 personnes. Les bougies valent tellement cher qu'il existe un vrai trafic sur les reventes des bouts de chandelles... À la cour, rien ne se perd jamais !
Ces divertissements sont gérés par le service des Menus-Plaisirs. A-t-on une idée de ce qu'ils coûtaient ?
Cela reste difficile à estimer. Mais, avec Louis XIV, les Menus-Plaisirs prennent une dimension considérable, ils font travailler des centaines de personnes qui sont embauchées un peu comme les intermittents du spectacle aujourd'hui. Ils ne sont pas tous permanents. On retrouve tous les métiers : des artistes, des architectes, des artificiers, des menuisiers, des serruriers pour des mécaniques très sophistiquées... On utilise beaucoup le bois pour construire des estrades, des décors, que l'on réutilise en permanence. Il faut surprendre à tout prix la cour, c'est le ressort de la fête. Tout cela coûte très cher, notamment sous Louis XV qui est un passionné de feux d'artifice : il emprisonnait les artificiers s'il n'était pas satisfait ! On peut dépenser jusqu'à 600 000 livres pour une fête, soit le prix de plusieurs châteaux.
Colbert, qui tient les comptes, demande d'ailleurs à Louis XIV de « modérer la dépense »...
Cela arrive, mais il est plutôt favorable aux fêtes, car elles jouent un rôle économique majeur en faisant travailler beaucoup de métiers, notamment dans le luxe. Et cela permet d'attirer autour du roi les meilleurs artistes. On connaît bien sûr Molière, Lully, mais il y a aussi les Vigarani, des architectes-décorateurs, ou encore les frères Ruggieri, spécialisés dans les artifices. Tout un art et une culture se développent en France.
La fête a surtout un rôle politique majeur : mettre le roi en avant.
Pour Louis XIV, il ne s'agit nullement d'une affaire à prendre à la légère : dans ses Instructions au dauphin, il rappelle que la fête est appréciée du peuple, qu'elle sert la propagande royale par l'impression des gravures dans toute l'Europe et qu'elle permet d'entretenir une certaine familiarité entre le souverain et la noblesse du royaume. Rien de pire qu'un roi seul dans un grand château ! En effet, tous les nobles n'habitent pas Versailles, beaucoup font le chemin jusqu'au palais pour partager ces divertissements. En offrant des distractions, on attire les puissants autour de soi. C'est occuper un courtisan qui a une fâcheuse tendance à s'ennuyer...
Le premier grand divertissement, c'est évidemment la chasse, vieux privilège seigneurial.
C'est en tout cas le plus aristocratique et le plus onéreux. Versailles est né de la chasse avec Louis XIII et tous les Bourbons sont des passionnés, même Louis XVI. C'est une façon pour eux de se défouler, ils sont étouffés par la représentation perpétuelle. Sous Louis XV, on a des équipages de vénerie qui ne seront plus jamais atteints : 600 chiens, 600 hommes, 600 chevaux... C'est colossal ! Le roi tient conseil jusqu'à 13 heures, il dîne à toute allure et monte à cheval tout l'après-midi, en couvrant des kilomètres. On estime à 10 000 cerfs le nombre de bêtes tuées par le souverain, un record !
L'autre grande affaire, ce sont les bals...
Il y en a plusieurs types. Les plus impressionnants sont les bals parés, en habit de cour, un vrai spectacle très codifié où peu de gens dansent finalement, uniquement les princes et princesses du sang avec de très bons danseurs. On les regarde évoluer dans un ballet très réglé, on accorde même des billets à un public trié sur le volet pour assister à l'événement. À côté existent les bals simples, plus réguliers, donnés dans des appartements. On y danse plus facilement, avec beaucoup plus de liberté et moins de cérémonial.
Pendant le carnaval, il y a également les bals masqués, où l'on s'amuse. On y drague beaucoup...
On se lâche complètement ! La courtoisie veut que l'on ne lève pas le masque d'autrui, ce qui permet plus de licence. Mais celui qui amène un groupe pour batifoler à Versailles doit se porter garant de ses compères, il doit se faire connaître. Cela n'empêche pas de gros chahuts pendant ces soirées, où l'on pille allégrement les buffets, pour le plus grand plaisir du roi car cela veut dire que l'on s'amuse et qu'il y a du monde... On est parfois loin de l'image d'une cour empesée et figée. Lors d'une fête des rois à Marly, sous Louis XIV, tous les invités retournent un jour leur assiette d'argent et tapent dessus dans un grand vacarme, avant de finir par se lancer des oranges à la figure ! On se défoule...
La télé de l'époque, c'est le théâtre, qui prend soudain une grande importance.
Il y a trois représentations par semaine, données par trois troupes protégées du roi : la Comédie-Française et son grand répertoire, la Comédie-Italienne et ses farces, et l'Académie royale de musique qui assure le théâtre lyrique, c'est-à-dire l'opéra. On joue souvent dans des lieux aménagés pour la circonstance, ou des salles provisoires qui durent, comme la comédie de la cour des Princes, très sous-dimensionnée. On se demande comment 300 personnes pouvaient s'entasser dans des lieux pareils quand on sait que la reine Marie Leszczynska prenait trois fauteuils, le sien et deux de chaque côté pour sa robe ! On se pressait à douze dans de petites loges, il y avait beaucoup de promiscuité. Tous étaient très mal assis et on n'applaudissait pas en présence du roi, c'était la règle.
Quels sont les goûts de la cour ?
On aime plutôt le burlesque. Ce qui est frappant, c'est de voir le mélange des genres : dans une seule soirée, on donne un ou deux actes d'une tragédie, puis on passe à quelque chose de franchement drôle. La cour aime vraiment le comique, le reste a tendance à la barber un peu...
Plus surprenant : à Versailles, on joue également au golf et au tennis !
On pratique le mail, qui se rapproche vraiment du golf. Il y a des terrains aussi bien à Marly qu'à Versailles, près de l'orangerie et de la pièce des Suisses. Louis XIV est très assidu, il assiste tous les jours à des parties de mail à Marly. On joue également à la paume, l'ancêtre du tennis. Des champions sont même invités à pratiquer avec les princes... Des gravures nous montrent également des aristocrates en train de jouer aux boules et au volant, l'ancêtre du badminton.
Versailles, c'est également un vrai tripot ! 500 tables de jeu recensées dans le mobilier royal !
C'est pire que Monte-Carlo ! On parie dans tout le palais, alors que les jeux de hasard sont interdits partout ailleurs dans le royaume. Les jeux ont lieu trois fois par semaine, pendant les fameuses soirées d'appartement. Il s'agit surtout de parties de cartes, mais on joue également au loto, aux échecs, aux dames... C'est à la fois une passion et un passe-temps très prisé. Tricher est très mal vu : il est arrivé que Louis XIV exile de la cour des mauvais joueurs. Savoir perdre est un savoir-être !
On parie des sommes folles, parfois des fortunes entières. Certains seigneurs se suicident même après une faillite !
On joue très gros ! Le roi prend en charge les pertes de la famille royale et certaines reines, comme Marie Leszczynska et Marie-Antoinette, engloutissent des sommes énormes... Cela fait partie d'une attitude aristocratique : on est au-dessus de l'argent. On peut le perdre, ce n'est pas grave : on affiche sa noblesse par son dédain.
On a l'impression, au fur et à mesure des règnes, que la fête fait moins recette à Versailles...
Au début, Louis XIV adore s'amuser, puis il se lasse. Il déserte même les soirées d'appartement, laissant à monseigneur le grand dauphin, son fils, le soin de les présider. Il est surtout dans ses intérieurs et chez Mme de Maintenon. Il y a déjà un repli à cette époque. Louis XV, lui, aime vraiment les mascarades, mais délaisse Versailles, tandis que Louis XVI semble toujours s'ennuyer dans les soirées... Le relais est assuré par les reines, d'abord Marie Leszczynska puis Marie-Antoinette. Quand celle-ci arrive au pouvoir, sa mère, l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, lui conseille de redonner très vite des bals, des réceptions, de relancer la machine qui s'est assoupie sous Louis XV. Mais, au bout de quelques années, les jeunes souverains vont se lasser et se replier autour de leur famille et de quelques intimes.
C'est l'époque où Marie-Antoinette privatise ses fêtes à Trianon...
Elle reçoit dans son petit château des invités triés sur le volet, joue du théâtre dans l'intimité, la cour se sent forcément exclue. C'est très mal vu ! Cette attitude nourrit la calomnie et les ragots sur une reine qui n'est déjà pas très aimée. On ne peut plus voir la souveraine, ce droit est désormais confisqué. La fête permettait d'approcher le pouvoir et là ce n'est plus possible. La machine se grippe. Cette cohésion autour de la personne royale disparaît peu à peu. Ce sera aussi l'une des causes de la Révolution française.
Fêtes et divertissements à la cour, du 29 novembre 2016 au 26 mars 2017, château de Versailles.
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A-Marie Duchesse, Duc et Pair de France
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Sujet: Re: Exposition fêtes et divertissements à Versailles (2016-2017) Mer 30 Nov 2016 - 15:25
La marotte géante est drôle et impressionnante. Le machiniste qui était caché à l'intérieur s'est bien amusé. Au moment où des visiteurs s’approchaient pour lire le cartel, il soulevait le grand cou sans préavis . Le mouvement ample et brusque accompagné du vacarme des rangées de grelots, provoquait chaque fois un effet de surprise manifeste, recul brutal petits cris... Le dispositif, bien que sans électronique, est encore très efficace
28 novembre 2016
Vidame du Hayreu-Hersay Invité
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Sujet: Re: Exposition fêtes et divertissements à Versailles (2016-2017) Mer 30 Nov 2016 - 16:20
J'espère ne pas radoter, mais pour les jeux de table, on pourra également se reporter à l'excellent mini-site crée par la BNF lors de l'exposition qui leur a été dédiée il ya quelques années à l'Arsenal, Jeux de princes, jeux de Vilains :
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Sujet: Re: Exposition fêtes et divertissements à Versailles (2016-2017) Mer 30 Nov 2016 - 16:37
Dommage que l'on n'ait pas sorti du cimetière du MAD et exposé le petit canapé turc provenant du Théâtre de la Reine pour montrer ce goût de la fantaisie lors des plaisirs loin du protocole
Dernière édition par valmont le Jeu 1 Déc 2016 - 12:05, édité 1 fois
Louis Princesse Légitimée, Prince Légitimé de France
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