L'Ensemble Pygmalion fête ses dix ans au Château de VersaillesLe jeune chef Raphaël Pichon et son ensemble Pygmalion souffleront leurs bougies dans l'écrin du Château de Versailles. Un anniversaire qui se décline en trois rendez-vous monumentaux.
Que de chemin parcouru ! A peine âgé de 21 ans, Raphaël Pichon fonde
l'Ensemble Pygmalion, dédié au répertoire sur instruments d'époque, lequel s'attache notamment à considérer les filiations reliant Bach et Schütz comme récemment pour « Ô Traurigkeit » à Royaumont, Puteaux et Francfort. Depuis sa création, Pygmalion excelle dans son exploration de l’œuvre de Bach, comme du baroque français, Rameau en tête, avec notamment son Dardanus, "Meilleur spectacle Lyrique de l'année 2015" pour le Syndicat professionnel de la Critique théâtre, musique et danse, comme dans son ouverture au répertoire mozartien ou romantique allemand avec Brahms.
Pour célébrer leur dix ans d'existence, Raphaël Pichon et l'Ensemble Pygmalion ont élaboré un programme en trois temps. Les 3 et 4 novembre, à la Chapelle Royale, vous pourrez ainsi entendre la restitution des parties musicales des funérailles de Louis XIV qui s'étalèrent en 1715 sur deux mois ! Royal. Du Miserere de Jean Colin à la Chapelle ardente au Dies Irae de Delalande, en passant par son De Profundis, le programme de ces deux soirées mobilisera un effectif colossal pour exhumer ces œuvres tombées dans l'oubli.
Seconde exhumation. Les 19 et 20 février, Raphaël Pichon s'attaquera à l'Orfeo de Rossi. Premier opéra italien créé à Paris, Orfeo est créé en 1647 sous l'impulsion de Mazarin, désireux d'insuffler le raffinement musical italien en France. Si Gaëlle Arquez devait y tenir le rôle-titre, c'est finalement la soprano néerlandaise Judith Van Wanroij qui succédera à l'alto Atto Melani, castrat de l'époque.
Et comme l'histoire de Pygmalion se construit avec la musique de Bach, les 25 et 26 mars vous aurez le plaisir d'entendre un des sommets de la musique sacrée, La Passion selon Saint Matthieu. En 1727, chef de chœur à Leipzig, Bach s'inspire de La Passion du Christ pour coucher ses pages les plus exaltées et donner une puissance expressive sans pareille à cette œuvre imposante composée pour deux choeurs.
Olyrix. Charlotte Saintoin
3 et 4 novembre 2015 Chapelle royale du Château de VersaillesPROGRAMME
La mort de Louis XIV, le 1er septembre 1715, laissa le Royaume veuf après un règne de 72 ans, qui avait entièrement remodelé l'état, le pouvoir monarchique, les sciences, les arts et les frontières de la France. L'événement, depuis si longtemps attendu qu'il n'en fut que plus surprenant, donna lieu dans tout le Royaume à des cérémonies funèbres, mais c'est surtout trois d'entre elles qui furent ce que l'on appelle depuis les Funérailles Royales de Louis XIV.
La première, l'inhumation à proprement parler, se tint en la Basilique Royale de Saint Denis, le 23 octobre 1715. Dès le 9 septembre, l'impressionnant cortège funèbre était parti de Versailles avec le corps du Roi. La Basilique recouverte de toute la Pompe Funèbre propre à cet usage, dessinée par Berain et réalisée par les Menus Plaisirs du Roi, était tendue de noir, et présentait l'ensemble des ornements funéraires de la Couronne de France. Le dépôt mortuaire dura 40 jours durant lesquels se déroulait un office perpétuel, ponctué trois fois par jour par le Glas du trépas du Roi.
Le 23 octobre eut lieu la cérémonie de Funérailles. Le corps du Roi fut placé dans un immense Catafalque garni de cierges ardents, pourvu aux angles de figures allégoriques, et à sa base de statues colossales symbolisant les vertus du Prince décédé. Une draperie noire, semée de fleurs de lys, de larmes et de cartouches d'argent brodé, garnissait l'ensemble. La famille royale et toute la Cour étaient présentes, les Gardes Suisses disposés dans le Choeur et les Gardes du Corps du Roi entourant le catafalque. La Musique de la Chapelle Royale et celle de la Chambre du Roi étaient elles aussi présentes au grand complet, sous la direction de leur Maître Michel-Richard Delalande, en service auprès de Louis XIV depuis 32 ans.
Apres cette cérémonie fastueuse, deux autres eurent lieu "en représentation" (sans le corps réel donc) à la Sainte Chapelle puis à Notre Dame de Paris, réutilisant les mêmes décors de Berain, là encore avec une assistance considérable et un grand déploiement musical. Raphaël Pichon a choisi de restituer les parties musicales de l'ensemble de ce cycle funéraire, en jouant tout d'abord la Musique de la Chapelle Ardente de Louis XIV, puis en évoquant celle de son Convoi Funèbre; ensuite vient l'Office des Morts tel qu'il fut donné par la Musique du Roi, avec le grandiose De Profundis de Delalande, suivi de l'Absoute et de la Mise au Caveau pour lesquelles résonnent Plain Chant et Faux Bourdon; enfin l'orchestre entonne "Le Roi est Mort; Vive le Roi!". Le Service Funèbre et Bout de l'An terminent en splendeur le concert par le Dies Irae de Delalande.
Mobilisant des effectifs considérables pour interpréter ces musiques oubliées, Raphaël Pichon emporte son Ensemble Pygmalion vers l'un des sommets du répertoire sacré, en ménageant des effets spatiaux dans la Chapelle Royale de Versailles, lieu à la force plus que jamais symbolique.
A la chapelle ardente : Jean Colin – Miserere, faux-bourdon à 6 voix
Convoi funèbre : André Danican Philidor - Tambour & Marche funèbre pour le Convoi du Roy
Office des morts : Michel-Richard de Lalande - De Profundis, Grand Motet
Absoute & Mise au caveau : Plain Chant et Faux Bourdon
Jean Colin - Pie Jesu, faux-bourdon à 6 voix
Fanfare "Le Roy est mort ! Vive le Roy !"Service funèbre & Bout de l'an : Michel-Richard de Lalande - Dies Irae, Grand Motet
DISTRIBUTION
Céline Scheen, dessus
Lucile Richardot, bas-dessus
Samuel Boden, haute-contre
Marc Mauillon, taille
Christian Immler, basse-taille
Pygmalion. Raphaël Pichon, direction
http://www.chateauversailles-spectacles.fr/spectacles/2015/les-funerailles-royales-de-louis-xiv