Achille, héros grec antique à Versailles

Origine: Mythologie grecque
Catégorie : Mortel
Allégorie ou symbolique : Héros, Bravoure
Texte lié : : L’lliade d’Homère, Apollodore, Achilléide de Stace, Métamorphose d’Ovide
Emblème : le Bouclier d'Achille
Personnage lié : Thétis, Chiron, Patrocle, Ulysse, Hector, Briséis

Lien vers le mythe sur internet : https://mythologica.fr/grec/achille.htm

Ce héros de l’Antiquité est connu dans les décors de Versailles au travers de la sculpture et les arts décoratifs.

Cette figure d'Achille reprend une iconographie plutôt rare.
Sachant par une prophétie que son fils Achille mourra sous les murs de Troie, sa mère la néréide (nymphe marine) Thétis, le cache sur l’ile de Scyros pour empêcher qu’il ne parte avec les guerriers grecs.
L’œuvre représente le moment où le jeune homme, travesti en fille sous le nom de Pyrrha, parmi les filles du roi Lycomède, révèle sa véritable identité à l'appel des armes (épée et casque) que lui présente Ulysse.
Ainsi démasqué, il devra suivre l’armée grecque et connaitre son funeste destin.

L’œuvre telle que l'on peut la voir à la gypsothèque



D’après un modèle fourni par Girardon, Vigier réalisa la statue d’Achille entre 1687 et 1695. Il la signa « Philb. Vigier Molinensis 1695 », ce qui signifie « Philibert Vigier, natif de Moulins 1695 ». Dès l’origine, l’œuvre fut destinée à orner l’allée Royale, au sein d’un ensemble de quatorze vases monumentaux et de dix-huit groupes ou statues, ce dispositif, un des plus ambitieux de Versailles, fut exécuté entre 1683 et 1723.

La statue illustre un épisode célèbre de la guerre de Troie, rapporté non par l’Illiade, mais par des traditions postérieures à Homère. La mère d’Achille, Thétis, a eu connaissance du destin tragique qui attend son fils à Troie. Pour empêcher sa participation à l’expédition, elle imagine de cacher le jeune homme parmi les filles de Lycomède, le roi de Scyros, et même de le revêtir de vêtements féminins. Ulysse, qui sait par ailleurs que Troie ne pourra être conquise sans Achille, fait tout pour retrouver ce dernier. Déguisé en marchand, il se présente à la cour de Lycomède et offre aux filles du roi des étoffes et des bijoux parmi lesquels sont dissimulées des armes. Tandis que les filles s’intéressent aux premiers, Achille s’empare des secondes, révélant ainsi sa véritable identité. Le rusé Ulysse a gagné !

L’œuvre de Vigier représente un instant précis, comme saisi sur le vif. Achille est vêtu d’une longue tunique féminine, ceinturée à la taille, recouverte d’un ample manteau bordé de rinceaux végétaux. Il a déjà revêtu le casque à cimier décoré de palmettes qui laisse apparaître sa longue chevelure en partie tressée. D’un geste brusque, il tire l’épée de son fourreau. A ces pieds sont renversés de riches tissus enroulés et des miroirs ouvragés qui jonchent le sol de la terrasse. A l’arrière de la sculpture, un charmant petit meuble, dont deux tiroirs sont ouverts, laisse apparaitre des broderies et des bijoux qui lui sont destinés, mais auxquels il préfère les armes.

Œuvre originale restaurée en 2006 grâce au mécénat de la société SAUR, mise à l’abri en 2015 et remplacée par une copie grâce au mécénat de The Versailles Foundation Inc.

Complément documentaire :


Homère fait le récit de la fabrication du bouclier d'Achille par Héphaistos au chant XVIII de l'Iliade.
Achille reçoit un bouclier qui retrace ce qu'il sait et ce qu'il doit savoir, un abrégé du monde entier, un tableau de la vie humaine en temps de paix et en temps de guerre.


Le guéridon du Bouclier d'Achille fut exécuté, à la demande du cardinal Consalvi, dans les ateliers du Vatican sous le Pontificat de Pie VII qui souhaitait en faire présent au tsar Alexandre Ier. Offert en 1826 par le pape Léon XII à Charles X, en remerciement de la protection accordée par les escadres françaises au commerce pontifical sur les côtes de Tripolitaine. Présenté à Charles X à Saint-Cloud et placé dans les Grands Appartements. Inventorié dans le salon des Jeux en 1828 (StC 1319) ; dans le salon Cramoisi en 1833 (StC 272) ; dans le salon de Pandore en 1843 (StC 268) ; dans le salon des Vernet en 1870, puis transporté au Louvre. Rentré au Garde-Meuble en 1875 (n° 52299). Envoyé au Grand Trianon en 1882 et placé dans le salon jaune, ancien salon du Déjeun des petits appartements de Napoléon Ier. Présenté en 1966 dans le Grand Trianon restauré ; transféré au château, dans les salles de l'attique du Nord, après 1985.

Un des chefs-d'oeuvre de grande taille (près d'un mètre de diamètre) de l'art de la micromosaïque romaine. Le guéridon du Bouclier d'Achille se rattache à un filon très particulier, appelé mosaïco minuto (ici de deux grosseurs, plus petit pour les ciels) de tesselles, pratiqué surtout à Rome, bien différent de l'art des mosaïques en pierres dures qui avait fail la gloire de la Florence des Médicis, à partir du XVIè siècle.

L'idée d'utiliser un symbole fameux de l'Antiquité revu par le XVIIIè siècle, comme le mythe du Bouclier d'Achille, pour un dessus de table, est certainement due au directeur du Studio del Mosaïco à la Révérende Fabrique, le peintre Vicenzo Camuccini (1771-1844), un davidien impénitent (il en fut responsable à partir de 1803 jusqu'à sa mort). Cela tranchait avec les habituelles madones ou sujets religieux produits par l'atelier romain, ayant été utilisés comme présents par les papes depuis le XVIIè siècle (l'Antiquité avait cependant souvent déjà été présente à travers la reproduction de célèbres modèles, comme la mosaïque aux colombes de pline du musée du Capitole, par exemple), mais c'est à partir de 1795 qu'on décida vraiment de mettre au répertoire des tableaux de caractère profane.

Cette représentation, traduite en mosaïque à Rome, est l'un des avatars de la querelle des Anciens et des Modernes si vive au XVIIIè siècle, certains auteurs voulant simplifier exagérément la description donnée par Homère d'une oeuvre d'art fabuleuse de l'Antiquité, le Bouclier d'Achille, forgé par Héphaïstos et donné par Thétis à son fils pour retourner au combat (XVIIIè chant de l'Iliade 478-617).

Le mobilier de Versailles, chefs-d'œuvre du XIXème siècle. Pierre Arizzoli-Clémentel et Jean-Pierre Samoyault.
Homère, sur les traces d'Ulysse : exposition BnF
L'exposition virtuelle : http://expositions.bnf.fr/homere/

Superbe exemple d’ un travail de micro-mosaïques dont les ateliers romains s’étaient faits une spécialité en écho à ceux de Florence dont la leur était celle des pierre dures.

Autre document relatif au guéridon du Bouclier d'Achille conservé dans les collections du château :


La finition de ce chef d'oeuvre de la mosaïque romaine fut accompagnée par la réalisation d'une grande gravure due à Antonio Ricciani (1775-1836), homme de confiance et graveur de l'oeuvre du peintre Wicar; elle reprenait le carton peint de M. Köck (D. 94 cm) -conservé de nos jours au Tiroler Landesmuseum Ferdinandeum à Innsbruck, sa ville natale-, dessiné par son fils Francesco Köck (1800-1861), son successeur à la direction du Studio del Mosaïco, auquel il faut rendre le dessin acquarellé acquis à Londres par le château de Versailles (inv. dessins 1220, Christie's, 9 juillet 2002, lot 98), alors que sont conservées douze petites peintures (cartons à l'huile sur papier, 29 x 22 cm chacun), concernant les scènes à personnages (inv. D 6719), dans les collections pontificales de la cité du Vatican.

Splendide dessin !
Versailles a eu bien de la chance de pouvoir acquérir pareille feuille.