Cela s'est passé en 1684 selon Dangeau

Monseigneur se baigna et mena avec lui milord Grafton, qui se rhabilla dans sa calèche.
Ensuite Monseigneur revint se promener en bateau sur le canal avec madame la princesse de Conty et les dames; puis il fit voir quelques fontaines à milord Grafton.
Le roi tira toute l'après-dinée dans son parc.

Aujourd'hui , baignade " à deux"  de Monseigneur puis promenade à l'ordinaire sur le canal avec sa demie soeur , la princesse de Conty et visite dans les bosquets

personnage cité :

Milord Grafton :
Henry FitzRoy (1663–1690), 1er duc de Grafton, fils illégitime de Charles II Stuart, roi d'Angleterre, et de Barbara Villiers, 1er duchesse de Cleveland.
Il était apparenté à Louis XIV puisque la mère du roi d’Angleterre était Henriette Marie de France (1609-1669), fille de Henri IV et de Marie de Médicis, tante de Louis XIV. Si je calcule bien l'ascendance, cela en faisant un petit-cousin issu de germain.

Monseigneur courut le loup, puis revint se promener avec madame la Dauphine. mena à pied dans ses jardins.
A neuf heures on entra dans les grands appartements qu'on trouva fort éclairés; il y eut bal au bout du côté de la galerie; ensuite il у eut un grand souper où il y avoit quarante femmes et deux tables; sur le grand degré en bas, toute la musique avec des timbales et des trompettes.

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Journée à l'ordinaire : chasse au loup pour le Grand Dauphin, promenade à pied dans les jardins, soirées d'appartement où on donna un souper à 40 dames et un concert donné dans l'escalier des Ambassadeurs


Le grand escalier du roi - plus connu sous le nom d'Escalier des Ambassadeurs - outre sa fonction de grand degré d'accès à l'appartement d'Etat du roi - ou Grand Appartement du Roi - servait aussi parfois aux festivités comme des concerts. La " Musique du Roi" prenait probablement place sur les marches, les spectateurs s'asseyaient, en bas, certainement dans la partie des vestibules : le fauteuil du roi et les tabourets de la famille royale , dans l'axe de la fontaine.

L'Escalier des Ambassadeurs

Monseigneur courut le cerf, puis nous donna un grand souper dans son appartement.
Ce jour là M. Tambonneau fut nommé à l'ambassade de Suisse, et le jeune Gravelle, fils du défunt ambassadeur, eut l'emploi que M. Tambonneau avoit à Cologne.
Le roi tira dans son parc.
M. de Brissac épousa mademoiselle de Vertamon à la campagne.


Le 4e duc de Brissac, Henri-Albert de Cossé-Brissac (1645-1698), séparés depuis 1666 de Gabrielle Louise de Rouvroy St Simon, demie sœur de mémorialiste; épouse Elisabeth de Verthamon (1658-1721), dont il n'aura pas d'enfants.

Autres personnages cités :

"M. Tambonneau fut nommé à l'ambassade de Suisse"'
Antoine Michel Tambonneau (vers 1632-1719), Président de la chambre des Comptes à Paris, d'abord envoyé extraordinaire à Cologne (1679) puis ambassadeur en Suisse (1684), marié en 1683 Marie Angélique de Voyer de Dorée (vers 1645-1724), gouvernante des enfants de Louis XIV et de Mme de Montespan, en survivance de sa mère, Madame Voyer de Dorée et soeur de Mademoiselle de Dorée, dame d’honneur de Madame la duchesse de Bourbon et maitresse du roi.

"le jeune Gravelle, fils du défunt ambassadeur"
Jules de Gravel (mort en 1726), marquis de Marly, seigneur de Neufmoutiers, secrétaire de son père Robert de Gravel (1616-1684) à partir de 1677, envoyé extraordinaire auprès de l'électeur de Cologne et de l'électeur de Trèves (1685) envoyé extraordinaire auprès de l'électeur de Brandebourg (1688), marié à Marie-Thérèse Bernard du Chemin,

M. De NOISY a écrit:

M. Tambonneau fut nommé à l'ambassade de Suisse"'
Antoine Michel Tambonneau (vers 1632-1719), Président de la chambre des Comptes à Paris, d'abord envoyé extraordinaire à Cologne (1679) puis ambassadeur en Suisse (1684), marié en 1683 Marie Angélique de Voyer de Dorée (vers 1645-1724), gouvernante des enfants de Louis XIV et de Mme de Montespan, en survivance de sa mère, Madame Voyer de Dorée et sœur de Mademoiselle de Dorée, dame d’honneur de Madame la duchesse de Bourbon et maitresse du roi.

Le monde est petit à la Cour de France : une Mme Tambonneau a été la maîtresse du père de Mme De Montespan (Gabriel de Rochechouart de Mortemart 1600-1675), compte tenu des dates, Antoine Michel Tambonneau ne doit pas être le mari trompé, peut-être son père…

oui c'est son père effectivement qui fut pendant une vingtaine d'année le cocu du duc de Mortemart
voir le lien suivant : https://www.logpateth.fr/blogpress/?p=1922

Le roi et Monseigneur sortirent en même calèche pour aller dans le parc; le roi tira beaucoup.
M. Girard, procureur général de la chambre des comptes, eut ordre de se défaire de sa charge; on lui proposoit d'en acheter une de président.
M. le duc de Richelieu vint demander au roi la permission d'épouser mademoiselle d'Acigné.


Promenade en calèche aujourd'hui dans les jardins.
Le matin, le Roi a donné ses ordres à son lever, annonçant ses intentions et cette promenade : des calèches et toutes sortes de véhicules étaient donc préparées et mis à disposition des dames pour la sortie dans les jardins
Il ne chassait plus à cheval depuis qu’il s’était cassé le bras en 1684, mais conduisait habilement une voiture découverte
S'il s'agit de la promenade, elle se fera dans les jardins soit à pied, soit en calèche avec les dames.
Si son choix s'est porté sur la chasse, sport favori de tous les Bourbons, cette activité le mène dans le parc lorsque le Monarque chasse au tir, dans les forêts alentour lorsqu'il chasse à courre.

Armand-Jean de Vignerot du Plessis (1629-1715) veuf d'Anne Poussard de Fors (1622-1684) dame d'honneur de la Dauphine de Bavière, dont il n'a pas d'enfant, devait épouser en seconde noce, à Rueil, Anne-Marguerite d'Acigné dont il eut 4 enfants, dont le fameux maréchal de Richelieu, filleul de Louis XIV et de la duchesse de Bourgogne.

Les courtisans devaient obtenir l'agrément et l'autorisation du roi avant de se fiancer. Une fois les contrats de mariages édités chez les notaires, on les apportaient à Versailles afin que le roi, la reine, les princes et princesses jusqu'aux Enfants dés qu'ils étaient en âge d'écrire, puissent les signer. C'était un grand honneur et un usage de Cour, appelé la Signature.

Parfois , certains fiançailles pouvaient même avoir lieu chez le roi, la reine, les princes - généralement dans la chambre ou le cabinet.Le privilège  des fiançailles n'étaient pas uniquement accordés à la noblesse, les grands commensaux des maisons pouvaient voir leurs enfants se fiançaillaient au château, chez le reine par exemple comme l'indique le duc de Luynes sous Louis XV, pour les enfants de la première femme de chambre


Contrat de Mariage de Monsieur le Comte de Belzunce avec Mademoiselle de Drosmesnil, 2 et 15 janvier 1763.
pièce signée Louis [XV, Roi de France], Marie [Leczinska, Reine de France], Louis [Dauphin, fils du roi], Marie
Josèphe[de Saxe, épouse de Louis Dauphin et mère des futurs rois Louis XVI, Louis XVIII et Charles X],Louis Auguste [Duc de
Berry, futur roi Louis XVI], Louis Stanislas Xavier [Comte de Provence, futur roi Louis XVIII], Marie Adélaïde, Victoire Louise
,Sophie Philippe, Louise Marie [filles de Louis XV et Marie Leczinska],Louis Phil d’Orléans [Duc d’Orléans ],L.P.J.d’Orléans
[Philippe Egalité], Louis Joseph de Bourbon [Prince de Condé], L.F de Bourbon [Prince de Conti], L.F.J. de Bourbon [Comte
de la Marche], A. Ch. Sublet d’Heudicourt de Belsunce [mère du futur époux], de Boullongne [Comte de Nogent sur Seine,
grand père et tuteur de la future épouse], Conflans d’Armentières [Lieutenant général du royaume], le Comte de Biron, le
Marquis de Noailles…Lien Auction

Exemple d'un contrat de mariage signé par Louis XVI

Une fois le mariage accompli à Versailles, Paris ou " en province", la nouvelle mariée, si elle appartenait à la noblesse,  étaient présentée à la Cour, selon son rang puis aux princes du sang à Paris.
Si elle obtenait une charge ou une survivance de charge, elle était présentée une seconde fois, au moment du " serment" et de la prise de service auprès de la personne royale.

Autre personne citée :

M. Girard, procureur général de la chambre des comptes :
Antoine Girard (1630-1691), comte de Villetaneuse, seigneur d’Epinay et de la Briche, reçu Conseiller au Grand-Conseil et  procureur général en la chambre des comptes en 1649 en survivance de son père, en exercice en 1651.
Exilé en 1684 (?), démissionnaire de ses charges en juin 1685, avec permission de revenir à Paris en 1686.
Marié à Claude de Sève (morte en 1709), sans descendance.
Cette dernière était apparentée par alliances aux ducs de Brancas (par sa sœur) et de Luxembourg (par sa cousine).

Monseigneur courut le loup, et au retour nous donna à souper dans son appartement.
Le roi tira l'après-dinée dans son parc.
On apprit ce jour-là la mort de M. de la Luzerne, qui avoit été gouverneur de M. de Vermandois; il étoit lieutenant de roi en Normandie, et le roi donna sa charge à son fils, qui a été nourri page de la chambre de Monseigneur.
Il y a six lieutenances de roi comme celle-là en Normandie ; elles sont sous les lieutenants généraux de la province.[/b]


Chasses et souper à l'ordinaire
En 1684, le Grand Dauphin habitait l'l'appartement du rez de chaussée du corps central. Les plus grandes pièces, successibles d'accueillir des soupers de retours de chasse étaient la salle des gardes et l'antichambre, sous les appartements de la reine. A l'occasion, on pouvait aussi dresser des tables dans la " galerie basse", juste à coté des cabinets de Monseigneur. " Sala terrena", cette galerie où l'on pouvait prendre la fraicheur, pouvait servir de salle à manger d'été lors des soirées chaudes.


Le comte de Vermandois était un des fils naturel du roi et de Mlle de La Vallière, prince légitimé qui était mort, disgracié du fait de son homosexualité par son père, en 1683 à 16 ans.

Autres personnes citées :

M. de la Luzerne, qui avoit été gouverneur de M. de Vermandois; il étoit lieutenant de roi en Normandie :
Gabriel François de Bricqueville (1630-1684), marquis de la Luzerne, lieutenant du Roi en Basse-Normandie,
et gouverneur de monseigneur de Vermandois, marié à Marguerite de Bonvoust

le roi donna sa charge à son fils, qui a été nourri page de la chambre de Monseigneur :
François de Bricqueville (1663-1727), marquis de La Luzerne, Maréchal de camps, marié en 1691 avec Catherine d’Aix de La Chaise.
L'un de ces frères, Henri de Briqueville de La Luzerne, évéque de Cahors, fut aumônier de la dauphine de Bavière à Versailles.

Le roi donna une grande fête à Marly.

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Aujourd'hui, le roi se rend en journée à Marly où on donne grande fête


Lassé du Trianon, Louis XIV désira édifier un autre petit château pour se reposer des lourdeurs de Versailles et y vivre " en particulier" selon son souhait.

Les travaux de ce château sont pratiquement terminés lorsque Louis XIV s'y rend pour la première fois en novembre 1683.
Le roi à l'origine n'y invite que ses intimes , parfois il l'ouvre à plus de personnes : on y invite des dames et des gentilshommes pour y donner des fêtes, des loteries ou des bals comme aujourd'hui

Le Roi a résume ainsi la fonction de ses trois principales résidences : « J'ai fait Versailles pour ma Cour, Trianon pour ma famille, Marly pour mes amis »

On eut, le matin, les nouvelles de l'échange des ratifications fait à la Haye.
Le roi tira dans son parc, et Monseigneur courut le cerf qu'il alla prendre par delà Mantes ; il ne revint qu'à minuit et nous donna un grand souper.
Je pris congé ce soir-là de la cour pour m'en aller aux eaux.



Journée à l'ordinaire avec nouvelles, chasses et souper chez le Dauphin
Comme indiqué, Dangeau pris congé de la Cour. En tant que menin du Dauphin, il alla faire donc visite au prince, l'avertie de son départ et lui demanda l'autorisation de s'absenter de la Cour quelques temps : ces absences étaient toujours acceptée car
c'était une formalité de Cour .  Le marquis part faire une cure aux eaux de Sermaise durant 15 jours. Il restera informé des nouvelles, potins et événements de la Cour, grâce à des courriers avec plusieurs personnes de la Cour,  comme on le verra dans son long compte rendu prochainement. Cette correspondance lui permit ainsi, de 1684 à 1720, tous les jours, il tiendra un Journal sur la vie quotidienne à la cour de Versailles. Il le tiendra chaque jour pendant trente-six ans. C'est la source la plus importante et le plus fiable pour qui veut connaître le règne de Louis XIV.

J'arrivai à Versailles comme le roi étoit à son petit coucher; Monseigneur faisoit medianoche chez madame la princesse de Conty.


Dangeau revient des eaux et reprend la tenue de son journal.
La vie quotidienne recommence avec une collation de nuit chez la princesse de Conty.
Le medianoche est un repas pris au milieu de la nuit. Ces receptions ont lieu dans l'appartement du rez de chaussée de l'aile des princes

Monseigneur eut la fièvre tout le jour, mais il n'eut point de redoublement; les médecins appeloient sa maladie une ébullition érésypélateuse ; les courtisans disoient que c'étoit la rougeole. Sur le soir les rougeurs qu'il avoit par tout le corps diminuèrent fort; il avoit été saigné le matin. — Au sortir de la messe le roi alla tirer dans son parc; sur les sept heures il y eut appartement. - Le roi donna 100,000 francs à M. de Chevreuse pour une des charges nouvelles qu'il avoit créées dans les chevau-légers, et donna cette charge à M. de Mursé, mousquetaire, neveu de madame de Maintenon.


Reprenons le journal de Dangeau au mois de septembre
Le Grand Dauphin semble être atteint de la rougeole. Il en réchappera comme on le verra les jours suivants. Cette maladie est fort contagieuse à cette époque et causait des décès fréquents dans la population. Sa belle fille, la duchesse de Bourgogne et un de ses premiers fils en mourront. En 1712, la famille royale doit faire face à une épidémie de rougeole qui n'épargna pas Versailles. Atteinte du mal, la Dauphine y succomba le 12 février 1712, à l'âge de 26 ans. Son époux la suivit dans la tombe six jours plus tard. L'aîné de leurs deux fils, le premier duc de Bretagne, également atteint, mourut moins d'un mois après eux.

Citation : "Vendredi 14 juillet à Versailles : Monseigneur voulut chasser une fouine dans un grenier avec des bassets, mais la chasse ne réussit pas; ensuite il vint retrouver le roi qui tiroit dans son parc, puis il y rejoignit madame la Dauphine et se promena avec elle."

Je trouve trop drôle les anecdotes avec les animaux. Imaginer le Grand Dauphin qui met des bassets dans un grenier c'est à mourir de rire surtout qu'il ne prit rien du tout !
Je crois que c'est Dangeau qui raconte le méfait d'un homme titré qui fait passer par dessus le mur du parc d'un autre noble des renards !!!!!!!