Histoire, description et guide du chateau de Versailles |
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| La tenture des Amours des dieux au MBA d'Angers | |
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G.M. co-Admin
Nombre de messages : 12989 Localisation : Entre le comté d'Eu, les Tuileries, Versailles, Fontainebleau, et la principauté de Dombes Date d'inscription : 13/02/2012
| Sujet: La tenture des Amours des dieux au MBA d'Angers Dim 25 Oct 2015 - 18:55 | |
| Noël Hallé, "Les génies de la Poésie, de l'Histoire, de la Physique et de l'Astronomie", 1761 La tenture des Amours des dieux
Angers. Musée des Beaux-Arts, grande galerie (19.09.15 - 17.01.16) Pour cette nouvelle « Saison des musées » automnale, le musée des Beaux-Arts d'Angers propose depuis le 19 septembre, dans la grande galerie du dédiée à la peinture française du XVIIIe siècle, une exposition intitulée « La tenture des Amours des dieux ».
En 1758, sous le règne de Louis XV, la direction générale des Bâtiments du Roi commande à quatre des plus grands peintres de leur génération, François Boucher, Jean-Baptiste-Marie Pierre, Carle Van Loo et Joseph-Marie Vien de spectaculaires cartons, de très grandes dimensions, en vue de la réalisation de tapisseries sur le thème des Amours des dieux par la manufacture des Gobelins. Trois ans plus tard, une suite est donnée à cette entreprise, avec Les Génies des arts de François Boucher et Les Génies de la poésie, de l’histoire, de la physique et de l’astronomie de Noël Hallé, conservés au musée des Beaux-Arts d’Angers. Ces deux immenses toiles seront rapprochées de La Cible d’Amour de Boucher et du Triomphe de la fidélité de Pierre, deux des quatre cartons de 1758, exceptionnellement prêtés par le musée du Louvre. En complément, le musée des Beaux-Arts bénéficiera aussi du prêt tout aussi prestigieux de la tapisserie du Triomphe de la fidélité présentée en regard du carton de Jean-Baptiste Marie Pierre, tissée aux Gobelins pour Mme de Pompadour, et appartenant aujourd’hui aux collections du Mobilier national. Cette exposition est l’occasion de revenir sur l’histoire de cette commande singulière, ses protagonistes, leurs choix et ses prolongements, jusque tard dans le XVIIIe siècle. Elle tentera de mettre en lumière, notamment à travers le dispositif scénographique, les relations entre peinture et tapisserie, avec la mise en miroir de l’œuvre peinte et de sa transcription tissée, mais aussi les tempéraments artistiques et les inspirations propres à chaque peintre concerné. François Boucher, Les Génies des Arts", 1761 Site : http://musees.angers.fr/expositions/expositions-en-cours/la-tenture-des-amours-des-dieux/index.html
Les tapisseries faisant partie des sujets de prédilection de notre cher Noisy, je l'invite cordialement à étoffer cette simple annonce de tous les compléments qu'il souhaitera lui donner. _________________ « Il n’y a pas d’endroit à Versailles qui n’ait été modifié dix fois, et souvent il arrive que c’est tant pis. » Élisabeth-Charlotte, princesse Palatine, duchesse d'Orléans (1652-1722)
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| | | M. de Noisy Admin
Nombre de messages : 24717 Age : 59 Localisation : Royaume de France et de Navarre Date d'inscription : 21/02/2006
| Sujet: amours dieux carton vien pierre boucher vanloo gobelins Mar 27 Oct 2015 - 21:59 | |
| C'est effectivement un vaste sujet qui mêle d'illustres commanditaires : Un initiateur en la personne de M. de Marigny, puis sa soeur, Mme de Pompadour, la maitresse royale suivante Mme du Barry et enfin Louis XVI. Aucune pièce de cette tenture n'eut d'histoire versaillaise. J'essaie cependant d'en synthétiser un petit pensum ... 1er épisode : La commande de M. de Marigny - 1757 La création de cette tenture des "Amours de Dieux" est due à l'initiative du Marquis de Marigny. Ce dernier tout nouvellement nommé directeur général des batiments du roi s’installa à Paris dans l'ancien hôtel de Mme de Mailly. C'est pour le grand salon du premier étage que la commande fut passée aux Gobelins et payée aux frais du roi au titre de cadeau pour prise de fonction. On réutilisa d'abord un tableau existant de François Boucher, les forges de Vulcain, dont le carton sera peint en 1757 (musée du Louvre). Les Forges de Vulcain ou Vulcain présentant à Vénus les armes pour Enée Boucher François (1703-1770) Paris, musée du Louvre Et l'on commanda 3 autres cartons à 3 autres peintures du roi : - L’enlèvement d'Europe par Joseph-Marie Vien (carton détruit) Esquisse (localisation non connue) - Neptune et Amymone à Carle Van Loo (carton au musée des beaux-Arts de Nice, et esquisse conservée au Louvre) Le cartin du musée de Nice - Proserpine ornant la statue de Cèrès, sa mère, avec des fleurs par Joseph-Marie Vien ou Proserpine et Pluton(carton au musée des beaux-arts de Grenoble). Grenoble, musée des Beaux-arts A cet ensemble s'ajoutait 6 panneaux plus étroites ou trumeaux représentant des enfants portant les attributs des mêmes dieux commandées aux mêmes peintres dont 5 cartons subsistent repartis entre le Louvre et Fontainebleau. - 1 tableau représentant des enfants aux attributs de la forge de Vulcain par François Boucher (au Louvre) La Cible d'Amour - 2 tableaux représentant des enfants aux attributs de Proserpine et Pluton par Vien (à Fontainebleau, un seul reproduit) Amours jouant avec des fleurs, des cygnes et des colombes Château de Fontainebleau - 2 tableaux représentant des enfants aux attributs d'Europe et Jupiter par Pierre (1 au Louvre) Amours jouant avec des fleurs, un chien, une colombe et les attributs de la comédie - 1 tableau représentant des enfants aux attributs d'Amymone par Van Loo. (à Fontainebleau, non reproduit) De cet ensemble, les 4 grands tableaux furent tissés pour Marigny, dont Vénus en double exemplaire, et 4 des 6 trumeaux aux enfants. L'ensemble fut installé dans le salon de l'hotel de Mailly entre 1758 et 1759. Je continue la recherche si cela vous intéresse ... _________________ "Oui, Sire, le moulin a disparu mais le vent est resté", M. de Gramont.
Dernière édition par M. de Noisy le Mar 10 Nov 2015 - 21:05, édité 2 fois | |
| | | M. de Noisy Admin
Nombre de messages : 24717 Age : 59 Localisation : Royaume de France et de Navarre Date d'inscription : 21/02/2006
| Sujet: tapisserie boucher halle bellevue pompadour chambre elysee Lun 2 Nov 2015 - 22:12 | |
| 2ème épisode : La tenture aux Enfants de Mme de Pompadour - 1759 Pour conter la genèse de ce nouvel ensemble, il nous faut revenir un peu en arrière. En 1753, Mme de Pompadour commandait à titre personnel deux tapisseries aux Gobelins pour une tenture du Lever et du coucher du soleil d'après des tableaux de François Boucher lui appartenant. Ces deux tableaux ayant servi de modèles sont aujourd’hui conservés à la Wallace collection. Le lever du soleilLe coucher du soleil Ce tissage achevé en 1755 prit la direction de son château de Bellevue. Son thème y allait de paire avec la chambre du roi ou il fut installé. En 1757, la marquise revendait le château au roi mais emportait avec elle les deux tapisseries avec l'intention de les placer dans le salon du dais de son hôtel parisien (ancien hôtel d’Évreux, actuel palais de l’Élysée). Pour s'adapter à ce nouvel emplacement, l'on commanda une riche bordure aux Gobelins. En 1759, en vue de compléter cette tenture, outre la nouvelle bordure citée, la marquise se fit présenter 4 des 6 tableaux aux enfants de la tenture des Amours des dieux d'après Boucher, Van Loo, Pierre et Vien (cf supra). Pour ce nouveau tissage, les cartons furent rallongés. En 1760, Mme de Pompadour échangeait finalement avec les Gobelins les deux pièces du lever et du coucher du Soleil pour une tenture des enfants jardiniers d'après Le Brun datant de Louis XIV. La tenture du lever et le coucher du soleil sera vendue en 1768 à M. Bergeret de Grancourt et l"on perd sa trace. Pour pallier à ce manque, dès l'année suivante, François Boucher et Noel Hallé réalisaient les cartons de deux nouvelles tapisseries complétant par leur thème et leur composition générale les 4 pièces aux enfants commandées par la marquise. Ces deux cartons sont ceux conservés au musée d'Angers et illustrés dans le premier message de Grande Mademoiselle. Noël Hallé, "Les génies de la Poésie, de l'Histoire, de la Physique et de l'Astronomie", 1761 François Boucher, Les Génies des Arts", 1761 La marquise mourut cependant avant l’achèvement de la tenture qui ne fut apportée que partiellement à Paris en 1764 - le Génie de Arts et les sujets d'Amours de dieux - lors de l'inventaire après décès. Mais en 1765, un ensemble complet de 6 pièces était cédé lors de la succession de la marquise. L'une des pièces de cet ensemble, présentée à l'exposition d'Angers, a été récemment rachetée par le Mobilier National. (A suivre ...)
Dernière édition par M. de Noisy le Lun 15 Juin 2020 - 13:29, édité 1 fois | |
| | | M. de Noisy Admin
Nombre de messages : 24717 Age : 59 Localisation : Royaume de France et de Navarre Date d'inscription : 21/02/2006
| Sujet: barry louveciennes tapisserie gobelins ledoux 1772 Dim 8 Nov 2015 - 10:35 | |
| 3e épisode : Mme du Barry et Louveciennes En 1762, M. de Marigny fit commencer une nouvelle tenture en 4 pièces pour occuper les ouvriers de la manufacture des Gobelins, seules deux d'entre-elles furent livrées en 1768, Proserpine et l’Enlèvement d'Europe, qui furent offertes en 1769 au duc de la Vrillière. A l'automne 1772, Mme du Barry fit une visite à la manufacture et passa commande de 4 tapisseries des Amours des dieux. La supervision de cette commande étant à la charge de Ledoux, on suppose donc que ces tapisseries devaient orner le nouveau pavillon de la favorite, que l'architecte avait achevé en 1771. Au final, 3 pièces furent livrées tardivement (1775) et la dernière, celle de Van Loo - Neptune et Amymone -, abandonnée et peut-être remplacée par un nouveau sujet non connu à ce jour. La destination exacte de cette série reste sujette à discussion. La tenture était sans bordures, et donc prévue pour être encadrée de baguettes, mais ne fut finalement pas mise en place dans le pavillon. Était-elle destinée au Salon carré central ou salon du roi du pavillon de Ledoux ou l'on plaça finalement des miroirs ? Ou dans le salon en cul de four, ou les tableaux de Fragonard furent remplacés par ceux de Vien, dans le gout néo-classique ? La taille des tapisseries s'est-elle avérée trop grande pour trouve une place ? L'ensemble orna-t-il alors le pavillon de la machine voisine également habité par la comtesse ? Ces trois pièces furent saisies à Louveciennes à la révolution. Aujourd'hui, pourvues d'une bordure postérieure, elles existent toujours dans les collections du Mobilier National. Les Amours des Dieux d'après François Boucher
Les Amours des Dieux L'Enlèvement de Proserpine par Pluton d'après Joseph-Marie Vien
Les Amours des Dieux L'enlèvement d' Europe d'après Jean-Baptiste Pierre _________________ "Oui, Sire, le moulin a disparu mais le vent est resté", M. de Gramont.
Dernière édition par M. de Noisy le Mar 18 Juin 2024 - 10:16, édité 3 fois | |
| | | M. de Noisy Admin
Nombre de messages : 24717 Age : 59 Localisation : Royaume de France et de Navarre Date d'inscription : 21/02/2006
| Sujet: mercure aglaure leda bacchus egle silene amphitrite ariane Mar 10 Nov 2015 - 21:24 | |
| 4eme épisode et fin : les nouveaux sujets sous Louis XVI Sous le règne de Louis XVI, la tenture continua d'être tissée à plusieurs reprises aux Gobelins et la liste des sujets de la Tenture des amours des dieux s’allongea de nouveaux cartons. Mercure, amoureux de Hersé, change en pierre Aglaure qui voulait l'empêcher d'entrer chez sa soeur Pierre Jean-Baptiste-Marie (1714-1789) Paris, musée du Louvre Ce tableau commandé pour la tenture de dieux aux Gobelins fut présenté au salon de 1763 mais ne fut tissé qu'en 1789. Silène dans sa grotte ou Eglé barbouillant Silène de mûres pour le forcer à chanter l'histoire du monde Halle Noël (1711-1781) Lille, Palais des Beaux-Arts Ce tableau commandé en 1763 ne sera présenté au salon qu'en 1771. Il fut tissé pour le roi entre 1781 et 1784 et fut probablement offert aux Ministres de Parme pendant la révolution. Le Triomphe d'Amphitrite Taraval Hugues (1729-1785) Paris, musée du Louvre Commandé en 1775 et présenté au salon de 1777. En 1778, la peintre Clément Belle livrait 3 nouveaux sujets pour une commandée privée tissée au Gobelins entre 1779 et 1780 : Bacchus et Ariane. Belle Clément Louis Marie Anne (1722-1806) Fontainebleau, château Léda et le Cygne Belle Clément Louis Marie Anne (1722-1806) Paris, musée du Louvre Le troisième tableau Clytie changée en héliotrope par Apollon est considéré comme perdu. La dernière pièce de la tenture, et provisoirement à ce dossier, est l’Automne ou la fête de Bacchus de Jean-Jacques Lagrenée (Musée du Louvre, non reproduit). Commandée par les Bâtiments du roi et présenté au salon de 1783. Un tissage est conservé au Mobilier National. (un jour peut-être ? les tapisseries connues de cet ensemble de part le monde). _________________ "Oui, Sire, le moulin a disparu mais le vent est resté", M. de Gramont.
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| | | duc de Dorset Marquise, Marquis
Nombre de messages : 661 Age : 52 Localisation : Paris Date d'inscription : 06/10/2015
| Sujet: Re: La tenture des Amours des dieux au MBA d'Angers Mer 11 Nov 2015 - 10:20 | |
| Merci pour ce bel exposé, avec de belles images. Les cartons sont d'excellente qualité. Les Gobelins exposaient l'année dernière certaines des tapisseries réalisées d'après ces cartons. Voici Vénus dans les forges de Vulcain d'après François Boucher : Paris, manufacture des Gobelins. Atelier de haute lisse de Michel Audran, tissage 1758-1759, laine et soie (3,55 x 3,33m). Cette pièce est la seule à être aujourd'hui identifiée, parmi l'ensemble de tapisseries commandées par le marquis de Marigny en 1756. Voici également Proserpine ornant la statue de Cérès, sa mère, avec des fleurs d'après Joseph-Marie Vien : Le modèle de cette tapisserie fait partie des sujets commandés en 1757 par le marquis de Martigny pour la tenture des Amours des dieux qui devait garnir les murs du salon de son hôtel parisien. Mais le tissage présenté ci-dessus, un peu plus tardif, a été réalisé pour Madame du Barry pour son pavillon de Louveciennes. Voici enfin l' Allégorie de la Fidélité, d'après Jean-Baptiste Marie Pierre : Paris, manufacture des Gobelins. Atelier de haute lisse de Pierre-François Cozette. Tissage 1761. Laine et soie, 3,42 x 2,85 m. Il s'agit ici de la tenture commandée par Madame de Pompadour (analogue à celle de son frère) et destinée au palais de l'Elysée. | |
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